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Économie

Gihanga : les larmes des cultivateurs de coton

29/08/2019 Commentaires fermés sur Gihanga : les larmes des cultivateurs de coton
Gihanga : les larmes des cultivateurs de coton
Le coton détérioré dans les champs de Cabiza

Des cultivateurs ont planté du coton, des arachides, du maïs à Cabiza. Mais au moment de la récolte, l’accès aux champs leur a été interdit : la zone fait partie du parc de la Rukoko. L’administration dénonce une exploitation illégale. Beaucoup de cultivateurs sont ruinés.

«J’ai tout perdu. Je n’ai rien récolté », se lamente Madeleine Miburo, cultivatrice du coton, habitant à la  première transversale en commune Gihanga. Mêmes lamentations chez Philomène Kwizera de la colline Karwema en commune Gihanga. Elle aussi s’indigne. Assise devant la porte de sa maison sur la colline Karwema, cette mère de cinq enfants ne décolère pas : «  j’ai decaisse beaucoup d’argent pour entretenir mon champ de coton ».

Des cultivateurs ont exploité des champs situés dans le parc, à Cabiza. Ils ont planté arachides, maïs, coton, etc. Ils soutiennent que les autorités étaient parfaitement au courant et rejettent l’accusation d’une « exploitation illégale » avancée par les militaires et l’administration. « Nous n’avons pas cultivé illégalement », se défendent les cultivatrices rencontrées sur place.

Tous ces cultivateurs expliquent que même la Compagnie de Gérance du coton (COGERCO) était informée. D’ailleurs, la société cotonnière a encadré les cultivateurs. Lors des semailles la Cogerco a même approvisionné les cultivateurs en semences et en engrais chimique !

Pourtant, dès le mois de mai, l’accès aux champs leur a été interdit. Leurs récoltes ont été endommagées. Certains cultivateurs ont tout perdu. Même si aujourd’hui les cultivateurs du coton sont autorisés d’accéder à leurs champs, le mal est fait. Le coton qui n’a pas été cueilli à temps s’est détérioré.

Philomène Kwizera la colline Karwema de la commune Gihanga dit qu’elle avait dépensé « plus 500 mille BIF pour entretenir son champ de coton de 1,5 ha. » Une somme énorme pour elle.  Cette femme espérait récolter une tonne et demie de coton. Ce qui pouvait facilement lui rapporte 900 mille BIF. Pour le moment, elle n’a récolté que 300 kg de coton. Désespérée, Philomène Kwizera déplore qu’elle sera obligée de vendre sa parcelle pour rembourser la dette contractée pour les travaux.

Oscar Nyabenda, habitant de Karwema, un vieux chapeau jeté sur sa tête a vendu une parcelle pour 1 million et quatre chèvres. Il a tout investi dans la culture du coton. « Je croyais que c’est permis d’y cultiver. Car, presque tous mes voisins y ont des cultures. Je ne m’inquiétais pas », raconte-t-il. Lui aussi est ruiné aujourd’hui.

Léopold Ndayisaba, administrateur de Gihanga « Ces habitants ont violé la loi. Ils savaient bel et bien que personne n’a le droit de cultiver dans le parc.

La culture du coton notamment est la seule source revenu pour de nombreuses familles, ses recettes nourrissent les familles et financent la scolarité de ses enfants. Des enfants vont devoir abandonner l’école.

Avec cette interdiction, de nombreux petits agriculteurs ont vu disparaître tout leur investissement dans les plantations de coton, de maïs, sorgho, bananes, et arachide, etc.

Les raisons de l’interdiction

Les militaires avancent que les cultures se trouvent dans le parc de la Rukoko où les cultures sont interdites. Face à ces lamentations, Léopold Ndayisaba, administrateur de Gihanga explique que l’espace est occupé illégalement. Il fait savoir que la partie de Cabiza se trouve dans le périmètre du parc de Rukoko. « Ces habitants ont violé la loi. Ils savaient bel et bien que personne n’a le droit de cultiver dans le parc. »Il indique que la commune a plaidé pour ces cultivateurs puissent récolter le coton.

Mais tous ces cultivateurs se demandent pourquoi on les laisse planter, sarcler dans ce périmètre et, à la fin, on leur interdit de récolter le fruit de leur labeur.

Selon une source de la COGERCO sous couvert d’anonymat, plus 100 hectares de coton ont été plantés à Cabiza. Iwacu a contacté par deux fois la Cogerco mais le secrétariat a indiqué que  le directeur n’avait pas le temps de nous recevoir.

 

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