Le petit commerce transfrontalier est un facteur de rapprochement des peuples dans la région. Selon les jeunes de la sous-région et les commerçants, les échanges renforcent la confiance et l’unité. Ils appellent à stabilité de la région.
Avant la pandémie de la Covid-19, on estimait à plus de 55 mille personnes qui traversaient chaque jour la frontière de Goma-Gisenyi. Les villes de Goma en RDC et Gisenyi au Rwanda sont un symbole des échanges transfrontaliers entre les deux pays limitrophes. Des citoyens font chaque jour le commerce des biens entre eux. Les commerçants de Goma transportent des tissus, des bâches et autres articles à Gisenyi. Les femmes rwandaises vendent souvent des produits alimentaires comme le haricot, le lait, les choux, les carottes en RDC.
Les jeunes de Goma en RDC expliquent que le rôle du petit commerce transfrontalier est incontournable dans le rapprochement des peuples. Ils s’expriment au micro de Fidèle Kitsa de la radio Kivu Stars de Goma et montrent que les relations se retrouvent renforcées. « On nous dit que nos voisins sont des ennemis. Pour nous le peuple, nous avons des bonnes relations. Nous faisons des échanges avec les autres sans aucun problème », indique un jeune de Goma.
Son compatriote fait savoir qu’une mère de famille qui quitte Goma pour aller chercher des produits au Rwanda n’achète pas seulement. « Elle crée également des relations pour renforcer l’entraide. On devient des amis. Le conflit que nous sommes en train de vivre aujourd’hui est pour les politiciens. Si on s’implique dans ça, on risque d’être des perdants».
Un autre jeune trouve que le petit commerce transfrontalier contribue très bien dans l’affermissement des relations entre peuples. Pour lui, plus ils se rendent au Rwanda, plus les Rwandais viennent chez eux en RDC. « Cela a un impact de paix dans nos pays », se réjouit-il.
Même lecture chez les jeunes de Kigali au Rwanda. Au micro Gabriel Imaniriho de la radio Isango Star de Kigali, ils expliquent comment le commerce transfrontalier facilite la vie sociale entre deux pays. S’il y a bonne collaboration dans les échanges, disent-ils, l’image du pays est bien gardée dans le pays voisin. « Cela crée une amitié et facilité l’entente. Au fur et à mesure qu’on collabore, on comprend que l’on a besoin l’un l’autre. On connaît l’unité sans même besoin de sensibiliser à propos de ce sujet».
Même son de cloche chez son compatriote de Kigali. Il considère que le petit commerce transfrontalier contribue énormément au rapprochement des peuples des grands lacs. « Nous avons des familles qui vendent des produits. Leurs clients deviennent nos amis. On se rend visite malgré les tensions actuelles. Si la frontière est fermée, on utilise le téléphone et les réseaux sociaux ».
De son côté Ombeni Gervais, un membre de la plateforme du commerce transfrontalier à Bukavu en RDC les échanges renforcent l’unité et la confiance dans la région des grands lacs. Au micro de Corneille Murhula de Maman radio de Bukavu, il appelle au retour à la paix à l’est de la RDC. « Quand il y a la paix, les échanges développent l’unité et la confiance entre peuples des grands lacs. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos homologues du Burundi et du Rwanda ».
Le petit commerce transfrontalier rapproche les gens
M. Ombeni Gervais fait savoir qu’ils font un plaidoyer ensemble s’il a des problèmes au niveau de la RDC, du Burundi et du Rwanda. Il parle notamment d’un plaidoyer mené auprès du gouvernement burundais pour supprimer le montant exigé lié au test Covid. Il se félicite que cela a eu des résultats, car, le paiement de 15 dollars pour les Rwandais et Congolais traversant la frontière ont été abandonnés.
Un autre plaidoyer, dit-il, concernait la suppression de certaines barrières non-tarifaires. Pour y arriver, un cadre d’échange a été mis en place. Il s’agit notamment des réseaux WhatsApp. « Si un gouvernement prend une décision qui touche nos activités commerciales, nous informons nos homologues pour prendre des dispositions qui s’imposent ».
Ombeni Gervais explique que l’insécurité en RDC reste leur grand souci. Il appelle à la stabilisation du pays pour faciliter les échanges transfrontaliers. « Nous demandons au chef de l’Etat de se mettre ensemble avec les autres pour mettre la population de la RDC en sécurité. Ce n’est même pas seulement la RDC, mais aussi le Burundi, du Rwanda et de l’Ouganda. Quand il y a la paix entre pays, il y aura collaboration et les échanges à tous les niveaux».
Pour sa part, Polycarpe Kubwayo, secrétaire exécutif au sein de l’association des commerçants transfrontaliers du Burundi, parle notamment des liens tissés. Au micro de Joyce Guilaine Imanishimwe de la radio Bonesha Fm à Bujumbura, il salue la collaboration entre petits commerçants de la sous-région. « Nous échangeons et communiquons avec les commerçants transfrontaliers de la RDC et du Rwanda qui sont regroupés en coopératives. Nous avons une bonne collaboration dans plusieurs domaines et la contribution du commerce à la paix ».
D’après lui, s’il y a une insécurité de part et d’autre, on se communique. Pas question, dit-il, de traverser d’autant plus que l’endroit n’est pas tranquille. Personne ne peut accepter, explique-t-il, qu’on déstabilise l’endroit où il gagne son pain. « Nous organisons des activités ensemble avec des petits commerçants de la RDC et du Rwanda pour faire des travaux communautaires à Gatumba et Kavinvira pour renforcer nos relations ».
L’émission Génération Grands-Lacs est un rendez-vous hebdomadaire par les jeunes et pour les jeunes. C’est une occasion pour les jeunes de donner leurs avis et contributions sur des questions de leur région. C’est une production de Search for Common Ground en collaboration avec les radios, Bonesha FM de Bujumbura, radio Isango star de Kigali, Mama radio de Bukavu, la radio notre dame de Tanganyika, RNDT d’Uvira et la radio Kivu stars de Goma.
