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Gertrude Kazoviyo (OAG) : « Un minimum de courtoisie s’impose »

05/06/2013 Commentaires fermés sur Gertrude Kazoviyo (OAG) : « Un minimum de courtoisie s’impose »

Pr Gertrude Kazoviyo, analyste du discours politique et vice-présidente de l’Observatoire de l’Action Gouvernementale, estime qu’une bonne foi suffit pour remettre les grévistes au travail. Elle appelle le gouvernement à plus de sincérité. <doc3287|right>{Quel commentaire faites-vous des revendications des enseignants ?} Elles sont tout à fait fondées. Cela fait longtemps que le gouvernement parle de la mise en route d’une politique de réduction des disparités salariales. En 2006, il y avait une commission. En 2009, c’est le président de la République lui-même qui a pris cette initiative. Sa commission a très rapidement terminé son travail, mais force est de constater que personne ne sait ce que le gouvernement a fait de tous ces travaux. En outre, le 28 août 2010, lors de son investiture, Pierre Nkurunziza a déclaré que la question des salaires sera vite débattue. Qu’en est-il deux ans presque après ? La grève du Conapes aujourd’hui, c’est une sorte de clin d’œil pour engager le gouvernement vers des actions concrètes. {Le problème est posé depuis 2006. D’après vous pourquoi le gouvernement traîne-t-il les pieds ?} C’est incroyable. Le gouvernement formule des promesses qu’il ne tient pas. Il a l’habitude de travailler et de répondre aux questions des syndicalistes suite aux pressions. {La ministre de la fonction publique donne 2013 pour résoudre la question des enseignants. Peut-on lui accorder un certain crédit ?} Il faut mettre une relation entre le ton qu’elle a utilisé en répondant aux syndicalistes et l’échéance qu’elle a donnée. Elle était très énervée parce qu’elle est sûre que ce qu’elle dit ne sera jamais concrétisé. On ne peut pas donc la croire. Au moins, elle aurait énuméré les étapes à suivre. {Etes-vous de l’avis de ceux qui estiment que la ministre Sendazirasa a tenu un langage dur ?} Très dur même. C’est regrettable de la part d’une si haute autorité. Les syndicalistes sont ses partenaires incontournables. De toutes les façons, ils sont appelés à collaborer et à construire le pays ensemble. Un minimum de courtoisie donc à leur égard s’impose. {Les syndicalistes accusent un manque de dialogue au moment où la ministre Sendazirasa parle de plus de quatre rencontres en moins de deux mois. Où situez-vous le problème ?} Au niveau de la sincérité des décideurs. Certainement qu’ils voient des difficultés pour honorer des engagements. Mais pourquoi n’osent-ils pas le dire à leurs partenaires avant que ces grèves n’éclatent ? Les rencontres peuvent être nombreuses, l’important c’est d’arriver à quelque chose de constructif. Un dialogue efficace et sincère doit arriver à un compromis, à une solution durable. Que le Conapes en arrive à arrêter ses activités, c’est-à-dire que le dialogue a quelque part échoué. {Aujourd’hui les « mal aimés » de la fonction publique sont à bout de patience. Qu’est-ce qui peut aujourd’hui leur remonter le moral ?} Les enseignants, moi-même comprise, sommes conscients que la question de la satisfaction des salaires se pose même au niveau mondial. Partout, nous sommes très nombreux. Par contre, il suffit d’une bonne foi pour remettre les grévistes au travail. Des gestes en faveur d’autres fonctionnaires font penser aux enseignants qu’ils sont marginalisés et cela les mécontentent davantage. Il faut une volonté politique pour montrer qu’on les comprend dans leur noble mission. {A l’OAG, que proposez-vous pour en découdre avec ces grèves répétitives ?} Le gouvernement avait bien pensé en mettant en place un comité de dialogue social permanent. C’était dans la logique de prévenir des grèves. Qu’il aille droit au but parce que les conflits, que cela soit dans le monde du travail ou ailleurs, ils ne peuvent pas manquer. Le conflit et l’homme sont liés mais l’important, c’est de savoir le gérer.

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