Les jeunes du Burundi, Rwanda et de la RDC trouvent qu’un bon usage des réseaux sociaux joue un rôle dans la résolution des conflits dans la sous-région. Les experts appellent les jeunes internautes à préserver la paix.
Les intervenants dans l’Émission Génération Grands Lacs sont revenus sur l’usage que les jeunes font des réseaux sociaux, les conséquences de leur mauvaise utilisation dans un climat de conflit et leur contribution dans la consolidation de la paix dans les grands lacs.
Des études indiquent que lorsque les Africains, les plus jeunes se connectent sur Internet, vont plus souvent sur les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, WhatsApp YouTube et Instagram, etc. Quel impact ?
La région des grands Lacs est le théâtre des tensions entre les communautés. La désinformation, les messages de haine, des propos xénophobes qui exacerbent font tous partie des conséquences du contexte sécuritaire que traverse actuellement la région.
Des actes violents avec des attaques contre certains groupes identitaires s’observent. Les jeunes sont des acteurs clé au moment où les réseaux sociaux sont devenus des nouveaux canaux de communication permettant d’attendre la plus grande audience.
Selon les jeunes de Goma en RDC, les réseaux sociaux sont un couteau à double tranchant. Ils font que les Burundais, Rwandais et Congolais soient en contact.
Cela amène une sorte de paix s’il y a l’harmonie. Au contraire, ces plateformes peuvent être des armes de destruction par la publication des fausses informations. « Comme nous sommes en guerre, on peut dire que les Rwandais sont nos ennemis, qu’ils ne sont pas nos frères. Mais pourtant, nous sommes les mêmes. Avec la compréhension mutuelle, la paix s’installera ».
Pour un autre jeune, les réseaux sociaux contribuent à la consolidation de la paix dans les pays des grands lacs quand ils sont bien utilisés. Nos seulement les usagers sont informés, mais également les jeunes sont sensibilisés à la paix. Le contraire créé des conflits.
« Il n’y a pas de place d’idéologie de haine »
Les jeunes de Gisenyi au Rwanda reviennent de l’usage que les jeunes font des réseaux sociaux. Ils appellent à une utilisation pour servir la paix. « Quelqu’un s’assoit devant son ordinateur ou son téléphone et envoient des mensonges, des tracts.
Si on utilise ce genre de réseau pour communiquer des messages de rapprochement, on peut faire régner la paix. Il n’y a pas de place d’idéologie de haine qui ne nous amène pas une situation grave », a fait savoir un jeune de Gisenyi.
Son confrère explique que les réseaux sociaux ont déjà apporté leurs fruits. Il salue la création des groupes WhatsApp réunissant les Rwandais et congolais. Pour lui, si un fait qui se produit dans la région, ils s’envoient des messages pour comprendre la situation afin d’éviter des vengeances. Les média sociaux ne sont plus utilisés pour semer la haine et favoriser les conflits.
Une autre jeune femme de Gisenyi tente de rappeler les jeunes à la raison. Les réseaux sociaux n’appartiennent pas seulement aux pays des grands, mais au monde entier. « Il faut profiter de ça pour être tolérant et franc. Il s’avère nécessaire de déconstruire les préjugés et avoir des limites sur les réseaux sociaux ».
Des jeunes burundais pour la paix
Au Burundi, les jeunes se disent très présents sur les réseaux sociaux. Il est très facile de partager des messages. « Des messages violents se propagent et mettent de l’huile sur le feu. Mais on peut se servir de la plateforme pour couper court aux messages de haine qui se multiplient du jour au jour », précise une jeune femme de Bujumbura.
Son concitoyen constate que les jeunes ont un rôle très important à jouer dans la consolidation de la paix dans la région des grands lacs. Il les appelle à ne pas diffuser des messages incendiaires et ceux de vengeances. « C’est une occasion de construire des réseaux de solidarité et d’amitié dans la région des grands lacs ».
Une autre jeune femme se focalise sur la gestion et résolution pacifique des conflits. Pour elle, les réseaux sociaux permettent d’ouvrir des espaces permettant d’entrer en contact, se coordonner et se mobiliser autour de la paix. « Ils peuvent être un outil permettant de renforcer le dialogue traditionnel. Les jeunes sont une force positive dans la société pour la prévention et résolution des conflits », a-t-il indiqué.
Un autre jeune explique que l’on ne peut pas propager des messages de haine. C’est à eux, a-t-elle fait remarquer, de faire proliférer les messages l’unité pour que la paix règne dans notre région.
Contribuer à la paix
Placide Kefa, expert en communication, à partir d’Uvira analyse l’usage que les jeunes font des réseaux sociaux. La plupart des jeunes sont des messages de haine, de messages incitant à violence. Des photos et vidéos obscènes ou présentant des corps sans vie sont partagées. Les jeunes peuvent propager des messages qui conduisent la société au tribalisme.
Cet expert constate que cette mauvaise utilisation des réseaux sociaux hypothèque la cohabitation pacifique des pays des grands lacs. Des personnes qui se lancent des mots violents et promeuvent l’ethnocentrisme. « Des gens créent des groupes WhatsApp et ces groupes sont remplis des messages qui valorisent une communauté, mais, détruisent et diabolisent un autre. C’est un comportement qu’il faut décourager. »
Placide Kefa observe que le bon usage des réseaux sociaux est incontournable dans le rapprochement des peuples des Grands lacs. Pour lui, au niveau communicationnel, les réseaux sociaux sont un marteau qui contribue à la cohabitation pacifique. Cela passe sur des messages pacifistes, unificateurs et réconciliateurs.
Il propose la création des groupes Facebook et WhatsApp de paix. « Les messages partagés visent la sensibilisation des gens à lutter contre les violences et tout mauvais comportement. Ils contribuent à l’avancement de notre société. Par-là le développement devient remarquable dans des pays des grands lacs », a-t-il conclu.
L’émission Génération Grands-Lacs est un rendez-vous hebdomadaire par les jeunes et pour les jeunes. C’est une occasion pour les jeunes de donner leurs avis et contribution sur des questions de leur région.
C’est une production de Search for Common Ground en collaboration avec les radios, Bonesha FM de Bujumbura, radio Isango star de Kigali, mama radio de Bukavu, la radio notre dame de Tanganyika, RNDT d’Uvira et la radio Kivu star de Goma.
