Les pays de la région des grands lacs partagent les frontières. Les populations circulent de part et d’autre pour des multiples raisons. Certains circulent par des voies légales et d’autres passent dans la clandestinité. Retour sur les conséquences de cette circulation illégale des biens et des personnes et le bien-fondé d’avoir des documents légaux.
Les jeunes de la sous-région tentent d’expliquer les cas de trafic illicite de personnes dans les Grands Lacs. Pour les jeunes congolais de Goma au Nord-Est, le fait que les gens des trois pays se déplacent dans les Grands Lacs est très important. « C’est avantageux pour le Burundi, la RDC et le Rwanda. Je pense que ça peut être une façon de vouloir explorer le monde. On se dit qu’on est bloqué. Nous sommes restés pendant un long moment. Par exemple à Goma, on va tenter si le terrain est aussi accessible, si les travaux sont accessibles à tout le monde ».
Son compatriote explique que le trafic illicite est un mode de survie. Pour avoir un boulot, dit-il, on peine. Il considère que le trafic illicite se fait pour la curiosité. Vouloir aller voir ce qui se passe ailleurs. « Les cas de trafic illicite des personnes dans les Grands Lacs s’expliquent également par la situation économique et sécuritaire dans ces pays ».
Pour un autre, les personnes qui vivent dans ces pays sont déjà dans des cas de précarité financière. C’est tellement difficile pour eux de pouvoir subvenir aux besoins les plus primaires. « Même si ces alternatives sont très dangereuses, ils prennent le risque. Pendant la période de guerre, on n’a pas d’autres choix que de partir. Les normes sociales ont été violées. Chaque être humain devrait s’approprier pour être un être normal ».
Selon les jeunes de Bujumbura qui se sont exprimés au micro de Joyce Guilaine Imanishimwe, le trafic illicite est dû au fait que le taux de chômage s’accroît rapidement dans la région. Si la population est nombreuse, disent-ils, c’est bien entendu qu’il y a beaucoup de jeunes qui terminent les études et qui n’ont pas de capitaux pour démarrer leurs activités « La seule option qui leur reste est de partir vers l’étranger de façon clandestine ».
Selon les jeunes de Kigali, Rwanda, il y a de multiples raisons qui provoquent ce trafic illicite dans la région des Grands Lacs. Certains ne veulent pas payer des taxes. Ils pensent que leur commerce ne va pas marcher et préfèrent passer dans les moyens qui ne sont pas permis. « Parfois, des problèmes des documents de voyage sont difficiles à obtenir. Au lieu de chercher un document pendant des mois, les moyens qui lui restent qui ne sont pas légaux. « A Gisenyi, on ne peut pas aller à Goma si on n’a pas le permis de séjour. Ce dernier coûte 35 $».
« Personnellement, la pauvreté peut causer ce trafic illicite Comme aujourd’hui, les choses ici au Rwanda sont chères plus qu’à Goma alors si j’ai l’argent pour acheter des choses qui sont moins chères à Goma quand je vais traverser, on va garder ça alors il faut que j’utilise un autre moyen pour garder mes choses tranquillement, il faut que je cherche un autre moyen illégal qui peut faire passer mes choses et puis je rentre au Rwanda », témoigne Un jeune de Kigali.
Chômage, un facteur catalyseur
Son compatriote pense que les gens manquent de boulot. Il parle de beaucoup de chômeurs et des taxes exorbitantes qui les contraignent à des actes illégaux. Il se lance dans le trafic illicite. Il y a des gens qui veulent avoir beaucoup d’argent facilement et vite fait. Ils font alors ce genre de business illégaux.
Eléter Moussegué cadre de la Fédération des entreprises du Congo FEC et membre du Corridor Central nous donne son impression. Au micro de notre confrère Corneille Murhura de Mama Radio de Bukavu parle de la situation des trafics illicites de personnes dans les Grands Lacs et ses conséquences. Pour lui, les trafics illicites impactent négativement l’économie de la région. Il conduit à la hausse des prix des produits sur le marché. « C’est par manque d’une bonne réglementation ».
Selon lui, le trafic transfrontalier permet de faire passer les marchandises qui viennent de la RDC, du Rwanda ou du Burundi. « Vous pouvez être des hommes d’affaires, vous allez en Chine bien vous allez en Inde ou bien en Europe. Vous achetez la même marchandise, c’est le même fournisseur. La tarification de l’autre côté va différer ».
Ce commerçant explique qu’un conteneur provenant de Chine paie 1 000 $ au Rwanda. Du côté de la RDC, on fait payer par exemple 5 fois plus cher. « Ils vont jouer en faisant le trafic illicite, ils frottent dans les pirogues et tout ça, c’est le manque à gagner pour l’état congolais et aussi les prix peuvent arriver à tripler de l’autre côté et il y aura aussi les invendus ici chez nous. Ce sont les entreprises qui créent la richesse et l’emploi ».
Ce président du comité professionnel agriculteur, pêche et élevage à la FEC et président du PCA de l’Union des producteurs agricoles du pays fait un plaidoyer. Il demande la création d’une économie et une fiscalité responsables qui permettent l’émergence des entreprises. « Il faudrait que l’état aussi arrive à protéger l’entreprise parce que ce sont les entreprises les secteurs privés qui créent la richesse et l’emploi ».
L’émission Génération Grands-Lacs est un rendez-vous hebdomadaire par les jeunes et pour les jeunes. C’est une occasion pour les jeunes de donner leurs avis et contribution sur des questions de leur région. C’est une production de Search for Common Ground en collaboration avec les radios, Bonesha FM de Bujumbura, radio Isango star de Kigali, mama radio de Bukavu, la radio notre dame de Tanganyika, RNDT d’Uvira et la radio Kivu star de Goma.
Je trouve que cet article met en lumière une réalité complexe et difficile dans les régions des Grands Lacs. Le trafic illicite peut parfois sembler être le seul moyen de survie pour certaines personnes, ce qui soulève des questions profondes sur les causes sous-jacentes de cette situation. Il est essentiel de comprendre ces enjeux et de chercher des solutions durables pour améliorer la vie des populations locales. La coopération internationale et les efforts pour lutter contre le trafic illicite tout en offrant des alternatives économiques viables sont indispensables pour résoudre ce problème complexe.