En marge du forum Génération grand Lacs tenu à Bujumbura, Burundi du 28 à 29 mars, les participants ont souligné la nécessiter de collaborer pour la paix. Une collaboration effective entre journalistes des pays des Grands lacs est un gage pour asseoir la cohésion sociale dans la sous-région.
Un forum Génération grand Lacs s’est tenu à Bujumbura, Burundi du 28 à 29 mars sur le thème « Rendre nos médias, des outils de paix ». Des journalistes et acteurs des médias du Rwanda, du Burundi et de la RDC étaient présents. L’émission Génération Grands était enregistrée spécialement en marge de ce forum à Bujumbura. Il avait entre autres l’objectif de renforcer la coopération pour la promotion de la paix.
Les intervenants sont revenus sur la nécessité de collaboration entre médias et journalistes de la sous-région. Trois invités étaient sur le plateau. Il s’agit notamment, Jacques Bukuru, ancien journaliste depuis les années 1995, Albert Baudouin Twizeyimana, acteur des médias et coordinateur national de paix presse au Rwanda, Éliane polepole, journaliste de Bukavu en RDC, chargée des programmes à l’association des femmes des médias et défenseurs des droits des femmes, AFM.
Selon jacques Bukuru, cette collaboration existe, mais est très précaire. Il explique que dans l’agence régionale, Syfia grands lacs, il a collaboré avec des différents journalistes et visité Kigali et Butare au Rwanda et Kinshasa en RDC. Il prône son renforcement. « Des journalistes travaillent pour les gouvernements alors qu’ils devraient travailler pour des valeurs universelles. On est confiné dans le pays au lieu d’avancer dans l’éclosion d’une histoire nouvelle, pacifique pour nos pays des grands lacs.»
De son côté Albert Baudouin Twizeyimana, trouve que la collaboration existe mais pas pour une cause de la paix. « On peut avoir une collaboration pour une mauvaise cause. Des journalistes peuvent se connaître, s’entraider sans une mission et la bonne vision. Si nous parlons de la paix, la cohabitation pacifique dans la région des grands lacs, elle n’existe pas aujourd’hui ».
Il constate la nécessité de mettre en place une plateforme qui puisse aider les professionnels des médias à collaborer pour cette bonne cause. Il déplore que des propagandistes burundais, rwandais et congolais puissent s’emparer du terrain. « Ils arrivent à collaborer et à s’affronter à travers des médias non pas pour une bonne cause. »
D’après Éliane Polepole les journalistes collaborent dans des projets dont la durée est limitée. C’est notamment dans des projets dans des associations qui réunissent les Burundais, rwandais et congolais. « La collaboration qui existe est celle appuyée dans les projets et après trois ans, elle disparaît. Il se pose la question de l’impact et l’intérêt, car nous avons besoin d’avoir une collaboration pour changer les mentalités au sein de nos communautés et pays respectifs ».
La collaboration est très nécessaire dans promotion de la paix
Cette journaliste indique qu’il est important de partager l’information qui doit aider la communauté à changer. La situation d’insécurité, explique-t-elle, provoque une certaine réticence chez certains médias de la sous-région pour rechercher la paix. « Sans la collaboration, nous ne pouvons pas promouvoir les messages de paix, respect des droits humains et faire prévaloir les besoins ressentis par nos communautés », insiste-t-elle.
Un parterre interactif permettait aux participants de réagir dans l’émission. Salvatore Niyonizigiye, journaliste, président du réseau des journalistes économiques du Burundi, explique que la collaboration est très nécessaire dans promotion de la paix et la cohésion sociale. « La région est victime des conflits interminables. Il faut que les journalistes travaillent en synergie pour contrecarrer les messages de haine propagée sur les réseaux sociaux et parfois sur les médias. »
Pour lui, la paix est impossible sans l’amélioration des conditions de vie des populations. Il appelle ses confrères à faire la synergie pour la promotion des activités génératrices des revenus. Il parle notamment de l’entrepreneuriat des jeunes pour freiner ces esprits qui participent dans les conflits. « Ensemble, on peut bâtir une région juste et prospère ».
Jacques Bukuru invite les journalistes à réfléchir, être clairs et précis. Les média, fait-il savoir, sont des contre-pouvoirs et des chiens de garde de la moralité. Il suggère également la création d’un centre sous régional d’investigation journalistique pour éviter l’idéologisation des communautés. « Si des journalistes travaillent dans les lignes tracées par les pouvoirs publics, ils sont inféodés. Quand il y a conflit entre les autorités de la sous-région, ils suivent l’idéologie des dirigeants. Cela détruit les anticorps psychiques des peuples ».
Les participants dans le forum régional dénommé Génération grands las, ont souligné la nécessité de la collaboration pour la promotion de la paix et de la cohésion sociale dans la région des Grands lacs. Ils ont signé un acte d’engagement collectif. Ils ont également décidé la création d’un cadre permanant de concertation des médias dans la région des grands lacs pour que la paix durable règne.
L’émission Génération Grands-Lacs est un rendez-vous hebdomadaire par les jeunes et pour les jeunes. C’est une occasion pour les jeunes de donner leurs avis et contribution sur des questions de leur région. C’est une production de Search for Common Ground en collaboration avec les radios, Bonesha FM de Bujumbura, radio Isango star de Kigali, Mama radio de Bukavu, la radio notre dame de Tanganyika, RNDT d’Uvira et la radio Kivu star de Goma.