À cause des tensions récurrentes dans la sous-région, certains peuvent avoir de la méfiance dans des pays d’accueil. Pourtant, des témoignages sont édifiants. Sepadam Elie, étudiant et président du collectif des étudiants congolais au Burundi, CECOB nous en parle dans témoins des grands lacs. Il s’est exprimé au micro de Joice Guilaine Imanishatse de la radio Bonesha Fm à Bujumbura.
Pourquoi son choix du Burundi et quel est votre but ?
Le but principal de mon arrivée au Burundi est la formation académique. Ça fait déjà quatre ans, car je suis venu en 2019. J’ai quitté la RDC, pays natal pour suivre ses études à l’université du lac Tanganyika à Bujumbura. Je suis en même temps président du collectif des étudiants congolais au Burundi, CECOB en sigle.
Avant de venir au Burundi, quelle image avez-vous du pays ?
L’image de ce pays me semblait toujours positive. Jusqu’à maintenant, rien n’a changé. Je connais le Burundi par le biais de mes parents qui étaient des fonctionnaires au Burundi bien qu’ils fussent congolais. Je suis né au Burundi et nous sommes rentrés au pays quand j’avais 10 ans. Je suis encore revenu en 2019 pour mes études. Le Burundi est un pays qui a beaucoup d’intellectuels. C’est un atout pour nous de venir dans ce pays.
Quelle est votre intégration ? Comment vous vivez avec des Burundais ?
Nous sommes bien accueillis. La collaboration entre nous les Congolais et les Burundais est bonne. Je n’ai jamais remarqué une contradiction ou des divergences qui entacheraient notre collaboration. D’ailleurs, il y a beaucoup de Congolais qui veulent rester ici, car ils ont bien vécu avec les Burundais.
Qu’est-ce qu’on dit du Burundi quand on est en RDC ?
C’est un pays vraiment qui mérite beaucoup d’éloges. Si une fois à Bujumbura il y a un nombre considérable des Congolais, c’est qu’il a ceux qui ont témoigné. Ces témoignages n’ont pas été utopistes. C’est la pure réalité. C’est un témoignage vivant. Les mêmes Congolais auxquels on a témoigné vont à leur tour dire de bonnes choses pour ceux qui n’ont pas encore foulé le pied sur le sol burundais. Nous sommes aux environs de 5 mille. Certains sont ici à Bujumbura et un peu partout dans les coins du pays qui ont des universités maintenant.
Comment vous vivez avec les autres étudiants burundais ?
Dans notre entourage, nous essayons de faire le mieux pour vivre avec les autres dans la sérénité. Il y a des activités que nous organisons et la plupart des intervenants sont des Burundais. Seulement, il y a quelques fois que des Congolais ont du mal à s’intégrer notamment à cause de la langue. C’est cette dernière qui semble difficile. Il faut quelques années pour comprendre le Kirundi comme moi. Des petites contradictions peuvent surgir. Des incompréhensions existent entre un Burundais et un Congolais, mais c’est simple.
Quel est ton regard sur les tensions observées dans la région des grands lacs ?
Les tensions nous font mal. Certaines relations ont été rompues entre la RDC et le Rwanda. Entre Congolais et Rwandais, je pense qu’il n’y a pas de problèmes. Je m’appuie sur le discours de notre président qui a dit : « Chers Amis, Chers Jeunes, on n’a pas de problème avec les Rwandais, mais on a affaire avec le régime ». C’est-à-dire qu’entre nous, il n’y a pas de problème. Il y a des frontières un peu partout partagées avec le Rwanda. Les activités se font comme d’habitude. Des échanges sont effectués entre Congolais et Rwandais. Cela est une preuve que malgré les tensions politiques, nous devons toujours rester dans une parfaite cohabitation.
Quel votre message pour les jeunes de la sous-région par rapport à cette situation ?
D’abord, il faut de l’amour. Cet amour supporte tout. Il doit y avoir des cadres de dialogue pour nous mettre ensemble. Je dois féliciter une association qui a rassemblé les Congolais, Tanzaniens et Burundais. On a échangé sur nos valeurs. Si on continue avec ce genre d’initiative, nous allons former une génération très forte. Cette dernière aura comme base la paix et le dialogue.
Un message aux Congolais dans votre langue natale
Tuzidi kupendana. Tuko waafrika. Tulipata wababa wa Afrika wazuri kama Mandela, Thomas Sankara, Lumumba. Tufuate mfano wao. Walijitahidi kutafuta ujirani mwemwa, ushirikiano na umoja wa Afrika. Tukiwafuata tutafika mbali. ‘’Nous devrons nous aimer, car nous sommes tous des Africains. Nous avons eu des pères africains qui nous ont montré l’exemple à suivre. C’est notamment le cas de Nelson Mandela, Thomas Sankara ou Lumumba. Ce sont des gens qui ont milité pour l’unité africaine. Si nous suivons leur exemple, nous arriverons loin. ‘’
L’émission Génération Grands-Lacs est un rendez-vous hebdomadaire par les jeunes et pour les jeunes. C’est une occasion pour les jeunes de données leurs avis et contribution sur des questions de leur région. C’est une production de Search for Common Ground en collaboration avec les radios, Bonesha FM de Bujumbura, radio Isango star de Kigali, mama radio de Bukavu, la radio notre dame de Tanganyika, RNDT d’Uvira et la radio Kivu star de Goma.