Les mamans vendeuses de pagnes accusent certains agents de l’Office Burundais des Recettes (OBR) et des policiers de faciliter la fraude. Les reporters d’Iwacu ont été au poste frontière de Gatumba, pour une une journée … Reportage.
Ce mardi 27 septembre, il est 11h 30. Nous débarquons du taxi. Devant nous, une vingtaine de taxis rangés les uns à côté des autres. De tous côtés, nos yeux admirent le paysage bucolique d’une palmeraie qui se perd loin, à l’horizon.
Au nord, des plantations de maïs entre les rangées de palmiers. Côté opposé, au pied des palmiers, c’est la verdure des herbes sauvages. Au bord de la route macadamisée, des abris de fortune. Ici, des femmes grillent des épis de maïs. Là, c’est un restaurant sous un palmier. Comme menu, du petit poisson frais à l’ugali (pâte de manioc), du riz ou de la banane au haricot. Les femmes proposent aussi des boissons aux passagers.
Nous nous nous dirigeons vers la frontière. Nous passons à côté d’une corde tendue gardée par quatre policiers. Personne ne nous arrête. Nous arrivons au bureau de l’OBR et celui des migrations. Personne ne nous interpelle.
Nous arrivons au niveau du pont sur la Rusizi. Un mètre de plus, c’est la RDC. Nous nous arrêtons là, accoudés contre les garde-fous de fer.
Pendant une dizaine de minutes, nous admirons le va-et-vient depuis le pont. Un vieil officier de la police congolaise nous remarque. « Eh ! Savez-vous que vous êtes en RD Congo ? Nous sommes en droit de vous mettre en prison, retournez chez vous », nous lance-t-il.
Au retour, nous dépassons encore une rangée de congolais qui font tamponner leur laissez-passer. Nous nous sommes étonnés : « Et si nous transportions de la drogue, personne pour fouiller nos bagages ! ».
10 minutes à grignoter du maïs grillé tout en échangeant avec les badauds. Il est midi. Il ne reste plus qu’un seul policier qui garde la barrière. Les autres sont occupés avec une brochette.
Dans les herbes, sous la palmeraie, deux hommes lourdement chargés de bagages surgissent. Ce sont des batibura, des passeurs des produits de contrebande.
Ils déposent les colis à côté d’un taxi voiture. Un policier vient assister au chargement. Le taxi file vers Bujumbura. Nous mettons à l’écart deux personnes pour en savoir plus.
A peine la conversation entamée, un homme surgit de l’autre côté de la route, un colis sur son dos. Un policier se lève brusquement et parvient à le rattraper de justesse avant qu’il ne monte sur une moto qui l’attendait. Échange de quelques mots entre le passeur et le policier et la moto démarre en trombe. « Et si vous restiez ici, vers le soir, vous verriez encore plus de scènes de ce genre », témoigne un ancien mutibura.
Nous décidons alors de payer 3000Fr bu à un passeur pour nous conduire au point d’embarquement sur la rivière. « Ne prenez pas d’images », ordonne-t-il. Nous enlevons nos chaussures pour patauger dans la boue à travers un petit sentier.
20 minutes après, nous voilà à la rivière. Le lieu d’embarquement (pour les produits à destination de la RDC) et de débarquement (pour ceux qui entrent au Burundi) se situe à une centaine de mètres d’une position militaire.
Un radeau fait d’un assemblage de troncs de bananiers flotte sur l’eau. Une dizaine de batibura attendent le moment propice pour transporter sur la tête des pagnes, des liqueurs, des lotions de beauté à destination de Gatumba. Des produits Brarudi vont passer de l’autre côté de la rivière.
30 minutes passent. Un militaire nous suspecte : « Ntimuhejeje gutibuka ? » (Ne venez-vous pas de passer la frontière ?) Versez 15.000 Fbu chacun, sinon c’est la prison». Son voisin lui assure qu’il ne nous a pas vus passer sur le radeau. Sur le chemin du retour, un passeur confiera qu’il existe bien des points de chute de marchandises de fraude entre le centre-ville de Gatumba et la frontière : « Je peux faire beaucoup de tours quand il y a assez de colis à faire passer. Je peux gagner facilement 50.000 Fbu par jour. Mais ce sont les policiers qui gagnent plus quand ils mettent la main sur des marchandises qui entrent en fraude», dira-il.
De retour sur Bujumbura, nous croisons un policier perché sur un mirador. « Il fait semblant de surveiller la palmeraie pour détecter des passeurs », commente un badaud. Les agents de l’OBR rencontrés sur le lieu déclarent qu’ils sont au courant du phénomène des « batibura » mais que tout pagne qui passe par la voie légale doit être taxé.
Une zone franche d’exportation (ZFE) a Gatumba?
Je crois avoir entendu cette bonne nouvelle sur une radio burundaise (sur la toile), il y a quelques jours.
Par ailleurs, selon les specialistes du developpement, « Les zones franches d’exportation de Malaisie (Asie du Sud-est) accordent des avantages (fiscaux?) aux investisseurs pour attire l’investissement direct etranger (IDE) dans l’industrie de l’huile de palme…
De telles experiences peuvent s’appliquer/are pertinent aux pays africains les moins developpes et enclaves, comme l’Ethiopie, BURUNDI, Republique Centrafricaine, Niger et Malawi. Ces pays dependent de l’exportation de produits primaires ou denrees/primary or commodity products, avec plus de 75% des exportations faites de marchandises non-transformees/unprocessed goods… »
(voir Adam Robert Green: « Lessons from the South », http://www.thisisafricaonline.com).
Merci.
@Stani siyomna, dans la mentalité burundo-burundaise, les IDE proviennent de l’OCCIDENT
Vous m’étonnez vous qui pensez que « les autorités » ne le savent pas! Que feraient entre autre les services de police publique et secrète (espionage et contre-espionage)? Je suis convaincu que tout cela est connu, mieux que les journalistes d’ailleurs. Seulement il y a d’autres raisons qui empêchent la lutte contre la contre-bande, tout simplement parce que la contre-bande est de même nature et de même essence que la corruption! Ngejeje aho!
Ils devraient en faire un rapport personnalisé à l’attention/intention de qui de droit.
Au Parlement aussi ou à sa commission en charge des questions de défense et de sécurité ainsi qu’à celle en charge de l’économie. L’OBR, l’Armée, la Police à ce point là, rendent un mauvais service à la Nation. Dès lors qu’on passe comme on le décrit là dessus, on ne sait pas tout ce qui passe par là… C’est grave.
Nzobandora, es-tu vraiment un brdais ou pas? Pour toi, la police et l’obr ne sont pas du m gvrmt:l’un est peut-etre …nais et l’autre ..lais.Donc,selon toi,si la police demande de l’argent et les laisse passer ca ne regarde que son gvrmt X,le gvrnt Y auquel appartient l’obr n’a pas de relation avec X.
Ni akamaramaza kugira iciyumviro nk’ico.None obr na police niba ivyo abapolice bakora biri justifies par les fait qu’ils ne sont pas du m ministere,kubiriki bajanye mw’isoko?
Merci Iwacu. ce sont ls articles operationnels du type dont on a besoin.Et c’est cela qui fait la beaute du metier.Aller produire des conneries pour gagner un peu de sous de la part des passeurs des Ibihuha n’est que escroquerie.
Du reste comme le phenomene est maintenant elucide, il faut que nos mamans paient l’Obr. Ce n’est pas parce qu’un policier a laisse passer des pagnes et qu’il s’est fait payer un peu d’argent que les braves mamans ne doivent pas payer. L’obr et la police ne sont pas du meme ministere par ailleurs. De toutes les facons les mamans comme les policiers sont coupables devant la loi.Kwerekana amabere dans ces conditions navyo nyene constitue plutot des circonstances aggravantes . Ukudahana imbwa bigwiza imisega et j’ajoute ko bigwiza n’imivumo.
Abantu iyo ari abazimyamuriro ntakibuza y’uko barahuranira! Urumva ko fraude hagati y’abarundi na bene wabo abanyekongo ari ibisanzwe! Ne dramatisons pas! C’est pareil sur toutes les frontières du monde entier!!!
vous venez d’aider les décideurs si jamais ils sont déterminés à combattre ce fléau. très bon article!
Si vous avez des images de ce que vous avancez, vous devriez les remettre aux autorités concernées ainsi qu’aux ONGs qui s’intéressent à ce sujet et exiger un suivi. Ainsi, vous rendriez un fier service à toute la nation burundaise. Des policiers corrompus font honte à tout le pays et l’expose à des dangers graves.
Ni mureke kubasesera agatabi bipfire nabi. Kandi ntimwibagire yuko aho hantu hakijije benshi muri 94-95-96 aho abasoda ba Bikomagu n’aba Sans Échecs bahiga buhongo abahutu. Ntimwibagire ningoga rero kubera agahimbo!
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