Ce lundi 3 février, les habitants de la colline Kinyinya I en zone Gatumba sont dans la désolation. Leurs domiciles sont envahis par les eaux de la Rusizi. Certaines maisons se sont affaissées et d’autres sont sur le point de s’effondrer.
Il est 12 heures. Nous sommes aux confins du quartier Kinyinya I de la zone Gatumba. A première vue, des maisons construites en briques adobes se sont effondrés suite aux inondations. Les autres sont partiellement détruites. A l’origine, la pluie de vendredi soir 1 février a fait déborder la rivière Rusizi de son lit pour envahir les maisons alentour. Ici et là, des latrines sont à ciel ouvert. Il y a partout de la boue, il faut patauger pour aller d’une avenue à une autre.
Trois jours après le drame et ce malgré le soleil, plusieurs maisons sont encore inondées. Certaines allées ne sont plus praticables. Et surtout, les eaux qui coulent partout ne facilitent pas l’accès à certaines maisons. Bon nombre d’entre elles, surtout au 7ème et 8ème poteau, équivalent des avenues à Gatumba, sont durement touchées.
Une mère qui affirme avoir 15 enfants à sa charge se dit complètement désemparée avec sa maison inondée. «A l’intérieur, rien n’a été épargné. L’eau s’est infiltrée partout. On ne sait plus à quel saint se vouer. Le milieu est devenu invivable. Je suis obligé aujourd’hui de demander à quelques voisins d’héberger ma progéniture chez eux, la situation est devenue insupportable ».
A la troisième avenue communément appelé ’’poteau 3’’, Nova Ndihokubwayo essaie de construire une nouvelle maison, cette fois-ci en bois. Sa maison principale avec une cuisine attenante ont été démolies par les eaux de la Rusizi.
«C’était un véritable ’’déluge’’. Mes maisons ne pouvaient pas échapper. Presque tous nos biens ont été endommagés. Mes enfants ne peuvent pas aller à l’école car leurs cahiers et leurs livres ont été emportés», déplore-t-il, encore sous le choc.
Jean Kabura, un autre habitant de cette localité touchée par les crues de la Rusizi se dit inquiet des répercussions sur la santé de ses concitoyens. «Nous craignons pour la santé de nos enfants en bas âge souvent au contact des eaux sales et des fosses septiques exposées à l’air libre, autant de sources de maladies.» Cet habitant de la 5ème avenue appelle le gouvernement et la Croix-Rouge à asperger des désinfectants dans cette localité pour prévenir des maladies des mains salles.
De lourds dégâts
Selon Jean-Marie Bagagwe, conseiller collinaire, obligé d’enfiler des bottes pour évaluer l’ampleur des dégâts, la situation est déplorable : «Les dégâts sont énormes. C’est toute la colline qui a été inondée. Plusieurs maisons se sont écroulées. La plupart d’autres elles sont menacées d’effondrement à cause des inondations ».
Cet administratif à la base fait savoir que la Rusizi a dévié de son lit à partir de 500 mètre des premières habitations. Il demande au gouvernement d’envisager la construction d’une sorte de digue pour que ces eaux ne continuent pas à être une menace pour la popultion de construire un mur sur les rives afin d’endiguer ces eaux qui menacent la population.
Une équipe composée d’agents de la Croix-Rouge et de la Police de Protection civile s’est rendue sur les lieux pour évaluer la situation. C’est le commissaire provincial de la Protection civile en personne qui supervise les activités.
«Au moins 8 maisons ont été détruites sur chaque avenue. Sur 6 avenues seulement, une quarantaine de maisons sont démolies. Comme toutes les maisons sont inondées, le bilan des dégâts peut augmenter car il y en a qui continuent à s’effondrer », fait savoir un des agents de la Croix-Rouge.
«Il est difficile pour l’instant de donner des chiffres exacts des dégâts. Kinyinya 1 est une colline vaste qui demande au moins deux jours pour la parcourir. Il y a même d’autres collines touchées. Il ne faut pas présenter des chiffres ne correspondant pas à la réalité », expliquera en passant, le commissaire de la Protection civile dépêché sur les lieux.
Les familles sinistrées demandent aux âmes charitables de leur venir en aide d’urgence.