Pierre Claver Mbonimpa révèle que le SNR veut corrompre certains présumés assassins dans le massacre de Gatumba. Une façon, selon lui, d’impliquer la société civile.
Le massacre de plus de 30 personnes à Gatumba risque de prendre un autre tournant. Pierre Claver Mbonimpa, président de l’APRODH, révèle que le Service national de renseignement (SNR) s’active pour corrompre et retourner certains témoins dont Innocent Ngendakuriyo alias Nzarabu, considéré comme le principal accusé, et le lieutenant François Niyonkuru, lui aussi considéré comme présumé assassin. D’après Pierre Claver Mbonimpa, le plan du SNR consiste à demander à Nzarabu de retirer tout ce qu’il a déjà déclaré sur le carnage de Gatumba(Il avait mis en cause les responsables de la police et du SNR, ndlr).
Un agent du SNR s’est rendu à Mpimba
Le président de l’APRODH indique que pour la réussite de ce « montage », un certain Jérémie Bibonimana, agent du SNR, s’est rendu à la prison centrale de Mpimba où sont écroués les présumés assassins. « C’était le 22 janvier 2012 à 12 heures », témoigne Mbonimpa. Selon ses dires, cet agent du SNR voulait que Nzarabu renie ce qu’il a dit en affirmant que tous les propos tenus sur le massacre de Gatumba étaient dictés par certains membres de la société civile pour faire condamner injustement certains cadres de la police.
Nous avons contacté Télésphore Bigirimana, porte-parole du SNR, pour avoir sa réaction et savoir si réellement Jérémie Bibonimana travaille pour ce service, mais sans succès.
Rappel des faits
Le soir du dimanche 18 septembre 2011, des personnes en tenues policières attaquent un bar à Gatumba, près de la frontière congolaise, à une dizaine de kilomètres de la capitale Bujumbura. Le bilan sera de 39 morts, la plupart tuées sur-le-champ. A ce jour, 21 personnes, dont un officier de l’armée, sont aux arrêts, accusées d’avoir participé, de près ou de loin, à ce massacre.
Toutefois, le procès de ces personnes poursuivies pour crime contre l’humanité et vol qualifié s’est achevé dans la confusion totale le mercredi 14 décembre 2011. Les avocats ont préféré quitter la salle avant même le réquisitoire du ministère public, estimant que le procès a été bâclé car les hauts cadres de la police et du SNR cités par les accusés dans ce carnage n’ont pas comparu.