La peur au ventre, le compte à rebours a commencé pour les habitants de Gatumba qui guettent la saison pluvieuse qui pointe à l’horizon. Dans certains quartiers de cette localité, les flaques d’eau commencent à s’assécher mais les habitants qui avaient regagné les ménages s’inquiètent.
Dans la zone Gatumba, les dernières flaques d’eau ont commencé à s’assécher progressivement dans les quartiers Kinyinya 1 et Kinyinya 2. Cela a permis aux habitants de ces quartiers de regagner leurs ménages après les inondations causées par le débordement de la rivière Rusizi.
« Nous avions déménagé vers les quartiers du nord de la capitale économique Bujumbura. Après, nous sommes revenus parce que les flaques d’eau s’assèchent considérablement », se réjouissent les habitants de ces quartiers.
Toutefois, ces derniers craignent de vivre le même calvaire avec la saison pluvieuse qui pointe à l’horizon. « La peur est grande puisque la saison des pluies est proche. » Certains habitants de la localité se sont organisés pour ériger des digues tout au long de la rivière Rusizi en vue de se protéger contre les crues de cette rivière. Mais, ils disent que rien n’est rassurant parce qu’ils ne savent pas si la pluie sera abondante ou pas.
Ceux des quartiers Mushasha 1 et 2 n’ont pas eu cette chance de regagner leurs ménages, car les eaux du lac Tanganyika n’ont pas encore reculé. Ils déplorent les conditions difficiles là où ils vivent actuellement.
« Les bailleurs ont presque doublé le contrat de bail quand ils ont vu que nous n’avons nulle part ailleurs où aller. » Ces habitants estiment que le loyer est trop cher pour pouvoir le supporter.
Le mois d’avril n’a pas été favorable pour ces habitants
« De gré ou de force, les gens de Gatumba doivent être délocalisés », avait tranché Anicet Nibaruta, le président de la Plateforme nationale de prévention des risques et gestion des catastrophes lors de l’émission Imvo n’imvano de la Radio BBC. D’après lui, le gouvernement avait déjà pris cette décision et c’était irréversible. « L’Etat ne peut pas accepter que les gens continuent à être tués par des animaux. Sept personnes sont déjà mortes, dont deux tuées par des crocodiles, et cinq autres par des hippopotames. Gatumba est invivable. Et personne ne peut dire qu’il est capable aujourd’hui de vivre là. Tout est inondé : écoles, infrastructures sanitaires, etc. »
Une occasion pour lui de réagir aux lamentations des gens de Gatumba selon lesquelles, d’autres personnes étaient en train d’y acheter des parcelles, d’y construire des stations, des maisons en étages. « Est-ce que ces stations ne sont pas elles aussi inondées ? Sont-elles encore fonctionnelles ? L’eau n’épargne pas des stations ou des maisons en étages sous prétexte qu’elles appartiennent à telle ou telle autre personne. »
Pour limiter les risques, les digues ont longtemps été suggérées
Au début de la saison sèche, un prénommé Oscar habitant Gatumba avait dit : « Aujourd’hui, c’est la saison sèche. Pourquoi on ne peut pas initier des travaux de protection de notre zone ? Nous avons toujours demandé le curage de la rivière Rusizi et la construction des digues. Mais voilà, rien n’est encore fait. »
Il a rejeté l’idée de délocalisation définitive des habitants de certains quartiers de Gatumba. « Allez voir ceux qui sont à Matyazo ? Comment vivent-ils ? Est-ce que leurs enfants étudient comme on le leur avait promis ? », s’interrogeait-il.
Il trouvait qu’il fallait profiter de la saison sèche pour faire des aménagements et des canalisations afin que la saison pluvieuse en vue, les gens ne se retrouvent pas encore en situation de déplacés environnementaux.
Annonciata, une habitante de Gatumba appelait aussi le gouvernement à initier des travaux de protection de la zone Gatumba. « Nous savons que le Burundi à lui seul ne peut pas avoir assez de moyens pour canaliser la rivière Rusizi.
Mais, il peut s’asseoir avec la RDC et d’autres partenaires pour gérer cette situation », suggérait-elle. Elle trouve aussi que la délocalisation n’est pas la meilleure solution. « Aujourd’hui, certaines personnes ont été amenées à Matyazo, mais je vois d’autres qui sont en train de construire à Gatumba. C’est vraiment la confusion. La solution était de construire des digues et de faire le curage de la Rusizi. Et le moment opportun c’est pendant la saison sèche », proposait-elle.
Un avis des experts environnementaux n’a pas manqué
Pour les experts environnementaux ou en gestion des catastrophes, c’était le moment opportun de se poser une série de questions. « Qu’est-ce qu’on devrait faire pendant cette période d’accalmie après que les inondations, les glissements de terrain viennent de frapper durement le pays en causant beaucoup de dégâts ? Est-ce que la sécheresse qui s’annonce ne risque pas de compromettre la sécurité alimentaire ? », analyse professeur Jean-Marie Sabushimike, géomorphologue et expert en prévention des risques et gestion des catastrophes.
On devrait s’interroger sur les leçons à tirer des impacts des catastrophes climatiques qui viennent de s’abattre sur le Burundi. « Comme nous sommes conscients que les mêmes évènements risquent de revenir et probablement avec beaucoup plus d’intensité et de fréquence, il faut penser aux actions climatiques qu’on devrait engager pour le moment dans l’esprit de réduire les impacts des inondations, des glissements de terrain, des sécheresses. », fait-il savoir.
Il trouve que cette série de questions devrait être une préoccupation du gouvernement, de toutes les parties prenantes, du secteur privé, de la société civile ainsi que des communautés de base actrices et victimes à la fois de ces catastrophes climatiques.
Sabushimike déplore l’actuel silence sur ces questions. « On dirait que rien ne s’est passé. Et c’est cela qui nous rappelle encore ce que c’est l’absence de la culture du risque. », déplore-t-il.
Ce professeur d’université rappelle qu’au Burundi il existe deux catégories de risques climatiques : les risques des catastrophes déclarées (inondations, sécheresse, etc.) ainsi que les risques des catastrophes potentiels surtout dans les Mirwa où on entend de temps en temps des glissements ou des méga glissements de terrain qui répondent à la définition du mot catastrophe. C’est l’exemple de ce qui s’est passé à Gabaniro en commune Mutumba de la province de Rumonge.
Pour sortir de cette situation, il trouve qu’il est important d’avoir une planification pour le développement résiliant face aux changements climatiques au Burundi. « On devrait planifier ces actions climatiques en fonction des zones qui ont été durement touchées. Il y a, dans un premier temps, l’interdiction encore une fois des constructions qui violent systématiquement les lois existantes, notamment le Code de l’eau et le Code de l’environnement. Malheureusement, nous n’avons pas de schéma directeur d’aménagement du territoire et d’urbanisme. Toutefois, nous avons le Code de l’urbanisme qui s’applique tant bien que mal à la protection de l’environnement en termes d’urbanisme. », précise-t-il.
En plus de ces textes de loi, professeur Sabushimike suggère la mise en place des lois juridiquement contraignantes comme par exemple une loi pour la prévention des risques et la gestion des catastrophes. « Il faut des textes d’application de cette loi, notamment des plans de prévention des risques dans chaque commune et surtout les communes qui ont été durement frappées par les inondations telles que Mukaza, Muha, Ntahangwa, Mutimbuzi, etc. C’est le moment d’y penser. », fait-il observer.
Puisqu’on est sûr de ces évènements, les lois devaient aider les pouvoirs publics ou les décideurs à avoir une cartographie cette fois-ci opérationnelle qui interdit des constructions dans les zones à très haut risque par exemple à Gatumba. « On sait que les habitants de Gatumba continuent à construire. S’ils poursuivent les constructions dans cette zone, on aura toujours ce cortège de malheurs ; des personnes qui perdent leurs biens ; des personnes qui connaissent des problèmes de santé, de scolarisation de leurs enfants, etc. » Et de se résumer : « Il faut quitter ce que j’appelle la gestion des urgences pour mener des actions préventives. »
Pour rappel, le 10 mai 2024, lors du lancement de l’opération de délocalisation des victimes des inondations de Gatumba, Anicet Nibaruta, directeur général de la Police de la protection civile et président de la Plateforme nationale de prévention des risques et gestion de catastrophes a bien précisé que les habitants de certains quartiers de Gatumba doivent être installés définitivement ailleurs.
C’est bizarre d’attendre encore la population dire qu’il dire qu’elle veut revenir habiter Gatumba!!! mbe babonye abo bafise uburyo n’amahera yo guta mumazi bubaka aho amazi azosubira akabasenyera bababwiye, nibabareke, niyasubira ikagwa ari nyishi, azogaruka abomore twirabira, ahasigaye twinumire, Intumva ngaho mu Burundi dufise nyishi. Leta niba yarabaye aho bimukira, akabaha imizibukiro, ntibemerere kuhasubira, kireka uwanse gufata uwo muzibukiro. Nawe bamureke, kandi izo ngorane zisubiriye twese twirabire hirya nkaho tutavumvise. Mbona ariyo nyishu kw’izo ntumva.