Le Gouvernement a suivi les recommandations du Conseil National de Sécurité : « Motus et bouche cousue sur ce qui s’est passé à Gatumba pendant un mois », demande en résumé la ministre en charge de la Communication à tous les médias burundais. Ceux-ci n’ont pas tardé à réagir, opposant un « Non! » ferme…
Portant objet : « Mesures de sécurité », adressée ce 21 septembre à tous les responsables de médias burundais, la lettre du Ministère des Télécommunications, de l’Information, de la Communication et des Relations avec le Parlement est claire : « Il est interdit à tous les organes de presse audio-visuels et écrits de publier, commenter ou faire des analyses en rapport avec les enquêtes en cours sur le carnage de Gatumba. »
Ensuite, « tenant compte du fait que la phase pré-juridictionnelle est
toujours secrète, la recommandation s’étend également à tous les dossiers d’instruction devant la police et le parquet », fait savoir la ministre en charge de la Communication, Concilie Nibigira. Enfin, « les émissions en direct à caractère politique sont suspendues durant le mois que vont durer les enquêtes sur les massacres de Gatumba »…
La mesure n’aura pas été longtemps suivie, car quelques temps après son atterrissage dans les différentes rédactions, une synergie des médias ( radios CCIB FM+, Bonesha FM, Isanganiro, RPA – Télévision Renaissance; la Radio Rema FM et la RTNB ayant décidé de quitter le mouvement ce matin) invitait les trois anciens chefs d’État pour un débat sur la question de la dégradation de la sécurité au Burundi.
La motivation de la prise de ces mesures « largement restrictives », se plaignent quelques journalistes réunis à la Maison de la Presse; est « dictée par des raisons de sauvegarde de la paix et de la sécurité en vue d’éviter des dérapages éventuels … et un traumatisme de la population pendant ces moments difficiles que traverse le pays », explique la ministre Nibigira (Uprona).
Les explications n’auront finalement pas convaincu le monde médiatique burundais : « Nous agirons dans le strict respect des lois en vigueur au Burundi. Pour le reste, que l’on ne s’attende pas à ce que nous nous y conformions! » Avant d’ajouter : « Les journalistes sont appelés, plus que jamais, à dénoncer toute atteinte à la vie humaine, et cela sans hésitation aucune! »
Un détail, en passant : il est intéressant de relever l’usage du mot « recommandation » par la ministre en charge de la Communication en qualifiant « l’interdiction à tous les organes de presse audio-visuels et écrits de publier… », définies plus loin par ailleurs comme une « mesure »…
Après le massacre de Gatumba, la guerre sur les droits et devoirs d’informer ?