A l’occasion de la journée internationale de l’hygiène menstruelle, jeudi 28 mai, Iwacu est allé à la rencontre des femmes victimes d’inondations à Gatumba. La plupart utilisent des bouts de tissus en guise de serviette hygiénique.
Jeudi 28 mai, nous sommes dans le site Kigaramango qui abrite plus 6.500 personnes victimes d’inondations dans la zone Gatumba. La plupart de jeunes femmes rencontrées affirment vivre le calvaire pendant leurs règles.
Francine, 17 ans, est élève en 8e année. Elle porte plusieurs pagnes, elle semble ne pas être à l’aise. Elle confie qu’elle vient de passer trois jours sans aller à l’école. Elle a ses règles. Elle n’a rien à porter.
Francine confie qu’elle utilise des bouts de tissus qu’elle quémande chez les couturiers. Elle les lave et les réutilisent. Ces tissus ne peuvent pas tenir pendant plusieurs heures. Elle se voit contrainte de s’absenter à l’école pour ne pas tâcher son uniforme. « Nous n’avons plus rien. Avant d’être victimes d’inondations, nos parents se débrouillaient pour gagner leur vie et nous acheter des serviettes hygiéniques».
Situation similaire pour des mères qui ne peuvent pas sacrifier la vie de leurs enfants pour des serviettes hygiéniques. « Si une âme charitable me donne 2.000 BIF, je ne peux pas m’acheter des serviettes alors que mes enfants meurent de faim », lance une mère de 7 enfants. Elle est contrainte de déchirer ses vieux pagnes pour gérer ses règles. Parfois le savon pour les laver fait défaut. Elle se contente de les laver à l’eau seulement pour les réutiliser durant les prochaines périodes.
Quand l’absence de latrines empire les choses
Le grand problème pour ces sinistrés, c’est que le site ne comporte presque pas de latrines. Pendant les règles, ces jeunes femmes indiquent qu’elles ne prennent pas la douche régulièrement. Pas d’endroit adéquat. Elles doivent se cacher pour se laver. Elles se lavent la nuit, de préférence, à l’abri des regards, devant leurs petites tentes. « Quand nous devons aller à l’école, pas question de se laver le matin. Les mauvaises odeurs gênent la classe, parfois », confie une jeune élève de 18 ans.
Une autre jeune mère assure que l’hygiène menstruelle est très difficile à gérer avec les conditions dans lesquelles les sinistrés vivent. Toute une famille partage une petite tente. « Il est difficile pour une mère de gérer ses menstruations en présence des enfants».
Démangeaisons, irritations, mauvais odeurs entre les jambes… Toutes ces jeunes femmes disent attraper souvent des infections. Car elles utilisent des tissus non appropriées, non propres et qui ne sont pas bien séchés.
Elles demandent aux âmes charitables de leur venir en aide en leur octroyant des serviettes hygiéniques.
D’après une étude menée par l’ONG locale Sacode, plus de 500 mille filles en milieu scolaire n’ont pas accès aux serviettes hygiéniques, au niveau national.
Nicole Uwimana, directrice de « African Woman in actions », une entreprise qui fait la promotion de l’hygiène menstruelle, estime que la meilleure solution est la mise en place d’une politique de distribution gratuite en subventionnant les serviettes lavables et réutilisables, naturelles, produites localement. Un paquet de 5 serviettes coûte 10 mille BIF, utilisable pendant un an environ, assure-t-elle.