Le document, daté du 19 septembre 2011, est signé « Kabwibwi Ernest, du Secrétariat National à l’Information du FNL ». Des questions se posent.
Kabwibwi Ernest, un nom jusqu’ici peu connu dans la hiérarchie FNL… Pourtant, c’est de sa main qu’est signée la déclaration qui est parvenue à Iwacu, portant emblèmes du FNL et « condamnant énergiquement les massacres à grande échelle commis dans le bar ‘Les Amis’ à Gatumba, la nuit de ce dimanche 18 septembre 2011 ».
Ce communiqué en appelle au gouvernement burundais : « Comment un aussi grand nombre de personnes peut-être décimé près des positions militaires et policières sans que ces dernières n’interviennent? ». Et de voir dans la tragédie de Gatumba « la continuité du plan génocidaire Safisha, mais aussi une manœuvre pour justifier l’absence [du Burundi] au sein de l’Assemblée Générale des Nations Unies parce que n’ayant pas à dire pour expliquer le carnage que vit la population burundaise en général et les partis politiques d’opposition en particulier ».
La déclaration se termine par des recommandations, les unes à l’endroit du pouvoir burundais, qui est appelé à « assurer la sécurité de tous les Burundais sans distinction aucune comme le prescrit la Constitution et de traduire en justice les auteurs de ces massacres qui endeuillent le peuple burundais… », alors qu’à la communauté internationale il est recommandé « de continuer à assister, aujourd’hui plus qu’hier, le Peuple Burundais pris en otage par le pouvoir issu des élections fraudées. »
Observations
De cette déclaration du FNL (dont on peut supposer qu’il vienne de la branche Agathon Rwasa), des questions :
– {premièrement}, aux dires du communiqué, il y a une condamnation du massacre mais pas de démenti clair et net sur l’implication du FNL alors que les plus grands soupçons pèsent sur » des hommes armés » d’Agathon Rwasa, comme l’ont laissé entendre des témoins du massacre (parlant d’un combattant manchot qui dirigeait l’opération), relayés par des médias internationaux.
– {deuxièmement}, l’argument d’un pouvoir qui aurait organisé un tel carnage pour échapper aux questions de la communauté internationale à New York est contredit par l’arrivée de Pierre Nkurunziza à New York ce 22 septembre 2011, en compagnie de son épouse pour participer à la 66e session de l’Assemblée générale de l’Onu : « Le président Nkurunziza est annoncé à la tribune de l’Onu vendredi où il fera une déclaration à 15 h (19h GMT) devant un parterre de dirigeants mondiaux venus échanger sur « le rôle de la médiation dans la résolution pacifique des conflits » annonce [le site web de la Présidence. Avant cela, le chef de l’Etat burundais aura rencontré le Secrétaire général de l’Onu Ban ki Moon, le président de la Commission de l’Union africaine (UA) Jean Ping ou encore le vice premier ministre et ministre des Affaires Étrangères belge Steven Vanackere.
– {troisièmement}, l’identité même du signataire de cette déclaration est troublante. Devant l'{énormité} de l’accusation (avoir tué 36 simples citoyens et blessé de nombreuses autres dans une attaque froide et planifiée, armes lourdes à l’appui), on se serait attendu à ce que la tête du parti défende son image… Rappelons qu’Agathon Rwasa venait de publier [ce 16 septembre un mémorandum->http://fnl-burundi.org/images/stories/pdf/memo_sept_11.pdf] dénonçant un « génocide perpétré par le pouvoir de Bujumbura à l’endroit de ses membres ». Pourtant, pas de traces quatre jours après la signature de la déclaration sur Gatumba .
– {quatrièmement}, c’est le fait même de s’adresser au gouvernement, auquel il est demandé {d’assurer la sécurité pour tous les Burundais :} cela suppose une reconnaissance implicite…
Bref, ce communiqué laisse beaucoup de questions en suspens.
