Des pluies diluviennes ont détruit des centaines de maisons à Gatumba. Une zone à risque. Selon les géographes, le phénomène risque de se répéter à moins d’une réorganisation de l’espace occupée. <doc3161|left>La vie suit son cours à Gatumba, deux jours après des pluies torrentielles accompagnées de vents violents qui se sont abattues dimanche sur cette zone. Le décor est désolant : des maisons encore au milieu d’eaux stagnantes, sans toitures sous un soleil de plomb. Pour d’autres, les murs se sont écroulés ou tiennent à peine debout, traversées par de grandes fissures. Plus de 400 maisons détruites dont plus de 90 dans le secteur de Mushasha I, le plus affecté. Selon le chef de ce secteur, les habitants de cette localité n’ont même pas eu le temps de retirer leurs mobiliers, car le plus urgent était de sauver la vie. Les vents étaient d’une telle violence et « le ciel s’est rapidement assombri que l’on n’a pas eu le temps d’emporter quoi que ce soit. Des poules, des canards, n’ont pas été épargnés», raconte un sinistré, qui a assisté impuissant à la destruction de sa maison. Pour lui, l’important est qu’ils soient sains et saufs, lui et sa famille. Heureusement, on ne déplore aucun mort, seulement des pertes matérielles. Pas de caniveaux aux abords la route goudronnée Pour un autre sinistré, tant que les autorités locales ne prendront pas de mesures pour protéger les habitants des inondations, ils seront toujours dans ces situations : « Nous n’avons pas les moyens de construire des maisons en dur, il faut que l’Etat nous aide en cherchant les moyens de canaliser les eaux de pluies. » Néanmoins, un de chef collinaire affirme que grâce à l’appui de PNUD de petits caniveaux avaient été construits pour évacuer les eaux des pluies. Pour, le chef de zone de Gatumba, ces inondations sont dues en grande partie au manque de canalisations aux abords de la route goudronnée : les eaux se déversent dans les habitations. D’après Pr Valos Runyagu, géographe, la vulnérabilité de Gatumba est très élevée et s’explique par des facteurs physiques aggravés par les conséquences de l’action humaine : « Cette zone a une topographie plane, ce qui réduit au strict minimum l’écoulement des eaux alors que c’est le meilleur moyen d’évacuation des eaux des pluies. » En outre, la zone de Gatumba occupe une position basse par rapport aux zones pluvieuses. Du coup, elle devient le réceptacle des eaux venant de ces hauteurs sur lesquelles tombent des quantités importantes d’eau. De telles zones exigent des constructions conséquentes De plus, précise le chef du département de géographie à l’Université du Burundi (UB), la nappe phréatique est superficielle (moins d’un mètre cinquante), ce qui limite les infiltrations, car elle est vite saturée. En outre, il y a un cumulatif des pluies : « Les pluies tombent avant que les précédentes ne soient entièrement absorbées soit par infiltration ou par évaporation. Le temps de réessuyage n’est pas respecté. » Le géographe fustige l’occupation anarchique de cette zone sans aucune précaution particulière comme la construction des caniveaux. En outre, la qualité des constructions laisse à désirer : « La plupart des maisons sont construites avec des briques adobes. Normalement de telles zones exigent des constructions conséquentes qui peuvent résister aux aléas climatiques. » Pour Valos Runyagu, il faut une réorganisation de l’occupation de cet espace sinon chaque année, le phénomène va se répéter, car ce n’est ni la première fois ni la dernière.