Lors d’une descente effectuée par la Direction de la Plateforme nationale de prévention des risques et de la gestion des catastrophes naturelles le 16 janvier 2024 dans des zones inondées à Gatumba, en commune de Mutimbuzi, la Direction évoque un accord de traçage de Rusizi II entre le Congo belge et le Rwanda-Urundi qui date de 1954.
« En 1954, les fortes pluies ont inondé les cannes à sucre de Kiriba Ondes en RDC, en faisant déborder la rivière Rusizi », a rappelé Anicet Nibaruta, directeur de la Plateforme nationale de prévention des risques et de la gestion des catastrophes naturelles.
À cette époque, un accord entre le Congo belge et le Rwanda-Urundi a été conclu sur le traçage qu’il appelle Rusizi II. Ainsi, on a mis une vanne dans la localité de Vugizo. Dans le cadre de la coopération bilatérale entre le Burundi et la RDC, il estime qu’il faudrait ouvrir la vanne qui a été installée en 1954 et retracer le lit de la rivière Rusizi I.
Ainsi, estime Anicet Nibaruta, les eaux pourront passer par les deux Rusizi, Gatumba sera épargnée. Il a soutenu que l’aménagement d’une digue sur une distance linéaire de 2 km jusqu’à l’embouchure du lac Tanganyika réclamé par les habitants de Gatumba nécessite de faire encore des études et de mobiliser beaucoup plus de moyens pour mener une protection sur toute la longueur de la rivière.
Nécessité de grands travaux
La population de Gatumba, elle, continue à réclamer l’érection de la digue promise par le gouvernement du Burundi depuis longtemps. Ils ne digèrent pas l’idée de déménagement. « Nous délocaliser n’est pas pour nous une solution. »
Athanase Nkuzimana, chercheur dans le secteur des changements climatiques et professeur d’université, rappelle que les inondations à Gatumba sont dues aux actions anthropiques. Selon lui, les eaux du lac Tanganyika remontent, les eaux stagnantes ne peuvent plus se jeter dans le lac. Il trouve qu’il est urgent d’intervenir pour le bien de la population. « Il y a beaucoup à faire, notamment les grands travaux de canalisation de la Rusizi, la construction des digues… Mais aussi des activités allant dans le sens d’empêcher les eaux de cette rivière de dévier vers Gatumba. »
Ces derniers temps, plus de 1 000 ménages ont été inondés à Gatumba et plus de 3 000 ont été déplacés dans des quartiers comme Mushasha I et II, Gaharawe, Muyange I, Warubondo et Vugizo.
Gatumba, Kajaga, Maramvya, Carama et Kibenga sont toutes des zones innondables. Il était interdit d’y construire des maisons.