Cette attaque, menée par des hommes lourdement armés, a fait 39 morts et plusieurs blessés. C’est le bilan officiel. Le Président de la République du Burundi, Pierre Nkurunziza, vient de décréter 3 jours de deuil national suite à cette attaque perpétrée vers 20 heures dans le bar {Les Amis}, à Gatumba, à environ 15 km à l’ouest de la capitale Bujumbura.
Plusieurs personnalités ont été sur les lieux ce matin. Il y avait l’Ombudsman, plusieurs ministres dont le ministre de la Défense Nationale et le ministre de la Sécurité Publique. Plusieurs diplomates dont l’ambassadeur de Belgique, celui de la France, le Premier Secrétaire à l’ambassade d’Allemagne ou encore la Secrétaire exécutive de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs se sont rendus à Gatumba.
Il y avait également plusieurs représentants de la société civile dont le délégué général du Forum pour le Renforcement de la Société Civile (FORSC). Les membres de la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme Civile (CNIDH) avaient fait le déplacement. Tous condamnent cette attaque et demandent que des enquêtes soient menées au plus vite pour établir les responsabilités et punir les coupables.
Dans sa courte allocution de circonstance, le Président de la République (qui a retardé à cet effet son vol à New York au siège des Nations Unies) a donné un mois à la Justice pour démasquer ceux qui sont à l’origine de ce carnage. Et si cela s’avérait impossible au niveau local, Pierre Nkurunziza a indiqué que le gouvernement burundais ferait recours aux instances internationales.
Tous les blessés lors de cette attaque seront soignés aux frais de l’État, qui prendra aussi en charge les dépenses liées à l’enterrement des victimes.
Tuer pour tuer !
Un rescapé qui a perdu deux dents, raconte avec un accent difficilement discernable : « Il était 19h 40 minutes de ce dimanche. Alors qu’on prenait un verre en toute quiétude, un groupe d’hommes en tenue policière avec des imperméables surgit. Ils étaient lourdement armés. Ils ont commencé à lancer des grenades et à tirer sur tout ce qui bougeait : hommes, femmes et enfants. »
Alors qu’ils tuaient les gens, poursuit le rescapé, d’autres tiraient en l’air avec des mitrailleuses, dans une opération qui aura duré … 25 minutes : « Les forces de l’ordre sont arrivées après le départ des meurtriers. Plus de 20 personnes sont mortes sur le champ et d’autres continuent à mourir dans les différents hôpitaux et centres de santé.»
Les gens réfutent des mobiles politiques que cacherait ce carnage : « Paul, le patron du bar qui a aussi été tué, n’appartenait à aucun parti. En plus, le bar les amis n’avait aucune connotation politique », raconte un voisin. « Quel politicien peut tuer les femmes et les enfants innocents ? », s’interroge un autre voisin. Et dans tous les cas, l’opinion nationale et internationale s’interroge face à l’absurde : « Comment un être humain peut-il développer une telle cruauté ? »