Gaston Hakiza, Recteur de l’Université du Burundi reste convaincu que la fouille-perquisition opérée dans la chambre de Zéphyrin Nzoyisaba n’était pas un montage. Quant à l’enveloppe de 100.000 Fbu donnée par la police aux étudiants, « c’était pour des raisons de communication, plus que nécessaire ce jour-là ».
<doc1888|right>{Quel est le climat qui règne à l’Université du Burundi après la mort des deux étudiants et l’arrestation de Zéphyrin Nzoyisaba ?}
L’encadrement est bon. Comme nous sommes en pleine session d’examens, les étudiants sont occupés à revoir la matière. Nous avons réuni le conseil de direction, sorti un communiqué mais aussi renforcé la sécurité au niveau des campus. Les informations que j’ai à ma disposition sont rassurantes.
{Certains étudiants ont reçu une enveloppe de la part de la police, ce qui a été confirmé par le ministre de la Sécurité. Qu’en savez-vous ?}
Il faut que je revienne sur des commentaires faits dans certains médias. Selon mes informations, le major Jean Claude Ndayikengurukiye, directeur adjoint en charge de l’encadrement de la sécurité est venu voir la représentation des étudiants avec une enveloppe de 100.000 Fbu à répartir entre ceux qui étaient présents. Et ce, pour la communication ; car, ce jour là, elle était plus que nécessaire. Peut être que le ministre de la Sécurité possède d’autres informations que j’ignore.
{Selon des observateurs, la fouille opérée dans la chambre de Nzoyisaba serait un pur montage. Quelle est votre conviction ?}
C’est une opinion. J’étais témoin. Des armes ont été trouvées dans la chambre 372 en présence des policiers, des étudiants et des médias. Le reste, c’est l’enquête des policiers. Il appartient aussi à cet étudiant de révéler comment ces armes se sont retrouvées dans sa chambre.
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Au sujet de l’étudiant tué…
Le Recteur de l’Université dément les informations l’accusant de n’avoir pas montré de considération à l’égard de la dépouille d’Anicet Hakizimana, l’étudiant décédé après avoir été touché à la base du cou par la cartouche d’une grenade lacrymogène alors que la police dispersait les étudiants. C’était dans la matinée du dimanche 16 octobre. Pour lui, M. Hakiza ce sont des informations malveillantes et mensongères qui visent à salir l’autorité rectorale : « J’ai tout fait. J’ai accompagné le corps du premier étudiant décédé jusqu’à la morgue. Quand on a fait les formalités, j’étais sur place. » Dès le lendemain, ajoute le Dr Gaston Hakiza, l’Université du Burundi est entrée en contact avec les parents de la victime et a dépêché un véhicule pour les amener : « Nous avons fait de même pour le deuxième étudiant et assisté à leur enterrement, nous avons fait tout ce qui est en notre devoir pour ces cas malheureux. » Ce que l’Université avait à faire, conclut-il, elle l’a fait : « Nous n’avons pas de remords de ce côté-là. »
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{Comment justifiez-vous l’entrée des armes au campus Mutanga alors qu’une unité de police assure la garde ?}
Cette unité est juste composée de six policiers. Or, le campus Mutanga est vaste, avec plusieurs entrées. Il est de surcroît fréquenté à la fois par des résidents et des non-résidents. Pratiquement, la majorité de tous les étudiants des universités privées logent dans les campus de l’Université du Burundi. Voilà le défi que nous vivons au niveau de la sécurité : pouvoir assurer le contrôle des va-et-vient 24 heures sur 24…
{Avez-vous envisagé des mesures pour pallier cela ? }
Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour surveiller toutes les entrées. A cette fin, nous avons demandé à la représentation générale des étudiants, en concertation avec la direction de la Régie des œuvres universitaires, via la direction adjointe en charge de l’encadrement de la sécurité, de discuter de la meilleure façon de procéder pour sécuriser les campus. Et le meilleur moyen d’assurer leur protection, c’est d’impliquer les étudiants eux-mêmes.
{Seriez-vous en contact avec l’étudiant arrêté ? Que devient-il ?}
Une fois qu’il est entre les mains de la police, c’est qui s’est saisie de son dossier.
{Est-ce que l’Université va poursuivre Zéphyrin Nzoyisaba en justice puisque les étudiants et les familles des victimes l’accusent d’être responsable du meurtre de leurs camarades ?}
Pendant les moments difficiles, il y a des choses qui n’ont pas été révélées. Zéphyrin Nzoyisaba, malheureusement tout comme les deux étudiants qui sont morts, n’avaient pas le droit d’être logés dans les campus. C’est la malchance qui les a attrapés là-bas. C’étaient des étudiants appelés « maquisards » dans le jargon universitaire.
{Est-ce cela qui vous empêche de le poursuivre ?}
Zéphyrin est majeur. Il répond individuellement de ses actes. Son affaire est entre les mains de la police.
{Des sources à l’Université font état d’une tension dans la communauté estudiantine. Ne craignez-vous pas une crise comme cela a été le cas par le passé ?}
Je ne le pense pas. Nous connaissons une évolution nette par rapport au passé. Nous attachons une grande importance à l’encadrement des étudiants. En outre, la représentation générale des étudiants a été mise en place par eux-mêmes. J’en profite pour demander à l’opinion publique de ne pas manipuler les étudiants. Ils connaissent l’histoire de notre pays. Je leur conseillerai de se concentrer sur leurs études au lieu d’être emportés par des événements malheureux. L’université est un milieu de débats, d’échange d’idées, d’ analyses politiques, etc. Nous encourageons cela pourvu qu’il n’y ait pas de dérapage, et que cela reste dans les limites de la démocratie.