Certains habitants de la colline Gasenyi, en commune Mutimbuzi se plaignent de l’indemnisation de ‘’misère’’ perçue en ce temps de crise, pour céder leurs maisons et terres à l’Etat. A la place, le gouvernement veut construire un palais présidentiel. Pour le président de la commission en charge de l’indemnisation, ces habitants sont de mauvaise foi.
<doc3678|left>Sur les 40 hectares, les gens vivent tranquillement dans leurs maisons, au milieu des manguiers, des eucalyptus et des champs de maniocs. Pour certains, les constructions n’ont pas été achevées, ou ont été démolies par les propriétaires satisfaits de l’indemnisation. Ceux qui la trouvent insignifiante occupent toujours leurs maisons. Ils n’ont, par ailleurs, nulle part ou aller, indiquent-ils.
Un quinquagénaire a reçu 5.553.600Fbu au lieu de 20 millions après l’inventaire. Avec le peu d’argent qu’il a reçu, il est incapable de construire une autre maison assez grande pour sa femme et ses six enfants : « La vie en général devient de plus en plus chère et par conséquent le coût des matériaux de construction », explique-t-il.
Une dame devant sa maison, avec trois de ses huit enfants, raconte qu’elle a reçu trois millions au lieu de sept. Sa voisine, deux millions au lieu de dix. Elles regrettent qu’il n’y ait pas eu de concertation pour discuter sur le montant exact de l’indemnisation. L’argent a été reçu au mois de janvier, mais certains habitent toujours là.
Une politique de diviser pour régner ?
Au moment ou les uns se lamentent, les autres ont déjà quitté les lieux. Les habitants trouvés sur place, accusent ces derniers d’avoir reçu de grosses sommes d’argent pour pouvoir reconstruire une autre maison ailleurs : « Un de mes voisins aurait reçu plus de 55 millions alors que sa maison est construite en briques non cuites, de la terre et une toiture », se plaint toujours la même dame.
En guise de compensation, ces habitants ont également reçu de petites parcelles de 15/18 m pour chaque ménage, à Maramvya (Bujumbura). Ils disent que c’est un terrain instable, toujours rempli d’eau. Un autre homme, plus âgé que le premier, sa tête toute couverte de cheveux blancs est lui aussi mécontent. Il précise que la commission en charge de gérer cette affaire, n’a pas tenu compte des dimensions de leurs parcelles d’avant : « La commission devrait nous les acheter au même prix que celui appliqué pour un hectare en Mairie de Bujumbura. Cette localité en fait partie aujourd’hui ».
Il y a eu des tricheurs
Selon le président de la commission, ces habitants sont de mauvaise foi. Sébatien Ntirampeba, président de la commission pointée du doigt, réfute toutes ces accusations : « Nous avons eu des difficultés à entrer dans les maisons pour faire notre expertise convenablement. La collaboration n’était pas facile avec les propriétaires », se plaint-il en ajoutant avoir procédé à l’inventaire étant à l’extérieur.
Constatant certaines irrégularités dans des dossiers après l’expertise, la commission a commandité une contre expertise : « Nous avons découvert que les maisons déclarées construites avec du ciment ne l’étaient pas. Ils ya même des personnes qui ont continué à construire après notre première visite. Donc, l’indemnisation prévue avant la contre expertise a obligatoirement été réduite. » Il affirme que la commission a suivi une grille de critères bien précis.
Quant aux parcelles (3 ares chacun) proposées à Maramvya, le président de la commission indique que c’est ce que le gouvernement a pu avoir. Elles sont petites, explique-t-il, mais c’est mieux que de mettre les gens dans la rue.