« A l’impossible nul n’est tenu », a lancé le président du Frodebu, le Front pour la Démocratie au Burundi. L’homme avait toujours refusé l’option militaire. Pour lui, seul comptait le combat démocratique initié par Melchior Ndadaye, le fondateur du parti. Au cours d’une conférence de presse, le discours a changé. Désormais, d’après Léonce Ngandakumana, face à un pouvoir qui ne veut pas le dialogue, la lutte armée est possible.
L’aveu est terrible, car l’option armée est clairement reconnue. Il y a dans ces paroles un sentiment de gâchis. Le cycle de violence pourrait donc recommencer.
Déjà, des affrontements entre les forces de l’ordre et des groupes armés sont signalés dans plusieurs localités du pays. Pourtant, les autorités, ignorant (sciemment ?) ces indices, clament que la sécurité est totale. Ces violences ne seraient que des broutilles amplifiées par les médias et la société civile, selon le ministre de la Défense lisant le communiqué du Conseil National de Sécurité.
Et pourtant, nos enquêtes dans l’Est du pays, notamment à Cankuzo et Gisuru, montrent clairement que des groupes armés sont ouvertement actifs. Un des combattants, blessé dans les affrontements du 4 août dans le parc de la Ruvubu et soigné à Cankuzo, revendique ouvertement son appartenance à cette rébellion qui ne veut pas dire son nom.
Comme dans un puzzle, les indices d’une possible conflagration se mettent lentement mais sûrement en place. Pour les médias, le dire, l’écrire, n’est pas attiser le feu, mais c’est pour inviter les autorités à regarder véritablement le problème en face. Et puis, toutes les guerres finissent sur une table de négociation. Faisons l’économie d’une nouvelle crise dont personne ne peut prévoir l’issue. Il y a mieux à faire pour le Burundi. Donnez encore des chances à la paix. Tout n’est pas perdu, n’est-ce pas Monsieur Léonce Ngendakumana ? Gardez la main tendue…