Au milieu du quartier Kabondo, la garderie Sacré cœur accueille les enfants qui présentent un trouble du développement. A la découverte de cette « manne » pour certains parents.
Garderie Sacré cœur ou une maison d’habitation qui s’est transformée en une école pour enfants autistes. Kabondo, il est 15h dans ce quartier huppé de la capitale. Une grande clôture toute couverte d’écrits et dessins infantiles indique un centre éducatif pour enfants autistes.
Au premier abord, une maison d’habitation, un petit jardin, un véhicule dans un parking… Tout ce qui fait penser à une simple maison de famille. L’endroit est très calme. Rien ne fait penser à un centre ou une école.
A partir de la terrasse, des bruits se font entendre. Un enfant pleure d’une façon anormale. Puis une voix féminine qui essaie de le calmer. Au bout de quelques minutes, un enfant malformé, de 8 ans, surgit sur une chaise roulante. Incapable d’articuler les mots, de fermer la bouche. Il touche et sourit à tout ce qu’il rencontre. La jeune femme qui le guide le conduit derrière la maison. Là, une autre vie. Trois petites salles de classe avec des pupitres, le tableau noir et tout le matériel scolaire nécessaire pour ce genre d’enfants.
Une vingtaine d’enfants apparemment issus d’un milieu aisé, présentant un trouble mental, comportemental, une déficience intellectuelle en uniforme noir-orange, sont répartis dans ces classes suivant leur handicap et leur âge mental. Dans chaque salle, une formatrice qui leur apprend à lire, écrire ou des exercices de motricité. L’une des encadreuses à un niveau universitaire, une psychologue.
La déception d’une mère…
17h, c’est l’heure de rentrée. Quelques parents commencent à débarquer dans des voitures pour récupérer leurs enfants. La première venue est une jeune femme, la trentaine. L’air triste, elle confie qu’elle vient récupérer ses deux enfants autistes de 7 et 4 ans.
L’aîné avait 3 ans quand sa maman a découvert qu’il n’est pas normal. « J’ai dû parcourir tout le pays à la recherche d’un traitement médical, en vain. Cette école est la seule qui peut leur offrir au moins une éducation. »
Cette jeune maman confie avoir perdu toute envie d’avoir d’autres enfants. « Cette école coûte très cher, je paie 250 mille BIF par mois pour chaque enfant».
Une « mamy » des enfants autistes
Cette école est le fruit d’Immaculée Kayisinga, 65 ans, ou « mamy ». Ainsi l’appellent affectueusement les enfants). Elle rentrait de la Belgique en 2014 quand elle a créé ce centre dans sa propre maison. Elle travaillait dans un centre similaire à Bruxelles où elle a acquis une expérience sur l’éducation des enfants autistes.
Cette mère affirme qu’elle n’a aucun financement : « Je me débrouille pour faire survivre le centre en plus du minerval mensuel payé par les parents. »
Le souci de cette fondatrice est de porter secours aux parents qui se trouvent dans le désarroi. « Assurer à leurs enfants une éducation scolaire et sociale de base, une capacité de communiquer, un bon comportement social de base… »
Ce centre, qui comprend 25 enfants, n’offre pas une prise en charge médicale. « Mamy » insiste sur le fait que plusieurs enfants avec un pareil handicap mental sont souvent délaissés. Et de faire un clin d’œil aux parents : « Ils peuvent être violés par un domestique. Incapable, l’enfant ne dira rien. Le parent ne le saura jamais. »
Ce centre accueille des enfants âgés de 4 à 18 ans. Ils se présentent de 8h à 17h avec une pause-déjeuner et repos à midi.