Ce jeudi 30 novembre, la conférence sur l’amélioration de l’accès au financement aux marchés pour les femmes entrepreneures au Burundi s’est poursuivie. Deux panels, des présentations d’experts et des travaux de groupe ont été organisé. Les intervenants sont revenus sur des défis et proposés des solutions.
La deuxième journée a débuté par un récapitulatif de la première journée. Le premier panel sur la construction d’un dialogue public-privé pour le développement des femmes entrepreneures a eu lieu. Les panelistes tels que Nadia NINTUNZE, spécialiste du secteur privé à la Banque mondiale, Ange Muyubira, fondatrice et directrice générale de Kaz’O’zah Keza, Immaculée Nsengiyumva, secrétaire générale de l’Association des femmes entrepreneurs du Burundi, AFAB, Dénis Nshimirimana, secrétaire général de la CFCIB . Ils ont analysé les obstacles à l’entrepreneuriat féminin et ont proposé des solutions.
Ils ont notamment suggérer la mise en place d’une réglementation claire qui facilite les femmes. Selon Immaculée Nsengiyumva, secrétaire générale de l’Association des femmes entrepreneurs du Burundi, AFAB, le respect des droits de l’homme est une solution efficace pour l’égalité des chances. « Nous exigeons le respect des droits de l’homme. C’est avec le respect des droits sociopolitiques de chacun que nous nous avancerons ».
Une présentation a été animée par Patricia Mwangi, spécialiste principale des opérations à l’IFC. Elle a indiqué que les femmes entrepreneures africaines occupent une première place et un taux élevé au monde dans le secteur d’entrepreneuriat. Elle prône la réduction des écarts en termes de genre pour impulser leur développement. Elle a déploré également le manque des données désagrégées par sexe dans les entreprises pour quantifier et comprendre les opportunités des différentes femmes.
Le deuxième panel était axé sur le partage des bonnes pratiques : « Comment construire une entreprise bancable ». C’est une manière de liber le potentiel des femmes entrepreneures burundaises en tenant compte de l’impératif de se lancer.
Les participantes à ce panel sont des femmes ayant d’expériences dans le secteur de l’entrepreneuriat. Il s’agit notamment d’Irvine Floréal Murame, manager director de Ifinity Group, Fatoumata Binta Baldé, chef du projet régional d’appui IFC, Melyse Mugisha de Buja Hub et Estella Kamariza, ADG de Clarisse SPRL.
Les panelistes ont souligné la nécessité du renforcement des capacités, un coaching/mentorat pour toutes celles qui souhaitent se lancer. Les femmes doivent également avoir la détermination et la persévérance. Pour elles, les compétences dans la gestion des financements sont importantes pour avancer.
Pour y arriver, les panelistes proposent le networking en travaillant ensemble, le recours aux incubateurs et avoir des compétences nécessaires dans la gestion des ressources humaines.
Des propositions importantes
Trois groupes de travail ont été formés avec l’objectif d’approfondir et brainstormer sur les principaux défis d’accès des femmes au financement et aux marchés. C’était également de discuter et proposer des solutions à travers un plan d’action pour les adresser.
Dans chaque groupe de travail, les participants ont répondu aux questions suivantes: notamment l’accès au financement pour les femmes, l’accès au marché pour les femmes, l’environnement des affaires pour les femmes, et le renforcement des compétences entrepreneuriales des femmes (compétences entrepreneuriales essentielles pour le succès des femmes entrepreneures au Burundi).
Les défis d’accès au financement sont notamment la garantie bancaire immobilière, taux d’intérêt élevé et la réglementation qui n’est pas à jour. Pour des solutions, on propose d’accepter la garantie mobilière et la révision réglementaire, octroi des petits crédits pour des femmes et les femmes qui doivent se mettre dans des coopératives.
Pour garantir l’accès au financement, par la garantie mobilière, la société financière internationale, IFC et le groupe de la Banque mondiale impulse une réforme pour accepter la garantie mobilière dans ce que l’on appelle la sureté mobilière.
Concernant les obstacles à l’accès au marché, ce sont notamment la corruption, le manque de réseautage, manque d’information, manque de visibilité. Pour y remédier, ils proposent un système de centralisation d’information, faire une réglementation claire publique et respectée. Ensuite c’est la participation dans des foires et positions à l’international et la formation des entrepreneurs pour des certifications internationales.
Lors de la clôture, Alphonsus Achomuma, pécialiste principal du secteur financier à la Banque mondiale a indiqué que la conférence de deux jours sur l’accès au financement et au marché pour les femmes entrepreneures au Burundi a été d’une importance capitale. « Bien plus qu’une conférence je pense que cet événement va en aider plus d’une à donner plus d’informations sur les opportunités existantes qui sont mises en place pour elle ».
Parmi l’une de ces opportunités, il a parlé du projet PRETE financé par la Banque Mondiale qui viendra apporter des solutions aux défis mentionnés dans les différents panels. « Le projet PRETE va aborder systématiquement les disparités entre les hommes et les femmes. Les activités du projet encourageront la participation des femmes et cibleront au moins 50 % des femmes bénéficiaires. Le projet vise à réduire l’écart entre les hommes et les femmes en matière d’accès au financement, aux moyens de production et à la technologie ».
Pour Alphonsus Achomuma, le projet contribuera à l’autonomisation économique des femmes en augmentant leur capacité à prendre des décisions stratégiques, à accéder au financement et à obtenir de meilleurs résultats économiques.
Il a déploré néanmoins qu’il reste beaucoup à faire pour permettre aux femmes entrepreneures du Burundi de réaliser leur potentiel. « Nous devons tous contribuer à ce que cela se réalise en veillant à ce que la jeune fille burundaise ait les mêmes droits et soit exposée exactement aux mêmes opportunités que son frère. Ce n’est qu’à ce moment-là que tout le potentiel du Burundi en tant que pays pourra être pleinement réalisé ».
Selon lui, les leçons tirées des discussions et des échanges des ateliers pendant ces deux jours sur l’accès au financement et aux marchés, ainsi que des outils mis à la disposition des participants contribueront à mettre les femmes entrepreneures burundaises sur le chemin de leur autonomisation et leur épanouissement.
De son coté, Didace Ngendakumana, directeur général de l’agence de développement du Burundi, ADB a salué les avis et propositions sortis de cette conférence combien importante. Pour lui, ils permettront de promouvoir l’entrepreneuriat féminin.