Alors que le Burundi est dans la semaine dédiée à la lutte anti-corruption, Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome dresse un bilan négatif. Il regrette que les paroles du numéro un burundais ne se concrétisent pas en actes.
<doc6402|right>{Quel est l’état des lieux deux ans après la déclaration sur la tolérance zéro par le président Nkurunziza ?}
La situation est alarmante, tous les indicateurs sont au rouge. A sa prise de pouvoir en 2005, il avait prononcé un discours fort où il disait que le moment est venu pour traquer les corrompus et les corrupteurs ». Toutefois, au lieu de les punir, il les a protégés. Vous n’avez qu’à consulter les données des institutions internationales comme Millenium Challenge, Brooking Institute, Transparency International, etc. En 2005, le Burundi était classé 32 ème pays corrompu au monde. En 2007, il était 22ème. Aujourd’hui, il est parmi les 10 pays les plus corrompus au niveau mondial. Les actes n’ont pas suivi les paroles et par conséquent, la corruption a atteint son paroxysme.
{Pourtant, Doing business estime que le Burundi avance…}
Cette institution ne traite pas des dossiers en rapport avec la corruption. Elle ne s’occupe que du climat des affaires. A cet égard, nous nous convenons que notre pays connaît des avancées significatives dans le domaine de la création des entreprises.
{Avez-vous des dossiers qui corroborent cet état des lieux ?}
Il y a le fameux dossier sur la privatisation du port de Bujumbura. L’Olucome a mené ses propres enquêtes. Certains dignitaires, et pas des moindres, veulent s’accaparer la gestion de ce port en évoquant une société fictive. Cette dernière appartient à deux commerçants dont Sylvestre Niyonsaba de Ngozi. Ils représentent deux hautes autorités de la République. Nous sommes informés que le président de la République serait l’un des actionnaires. Nous lui avons adressé une correspondance pour éclaircir la situation, mais il n’a pas encore réagi. Burundi Car Services, une autre société fictive appartenant à l’ex maire de la ville, Evrard Giswaswa, le général Moïse, ex-chef du protocole du président Nkurunziza, le colonel David Nikiza et Alexandre Gahomera, commerçant pro Cndd-Fdd. Il y a aussi la BTC, une société qui a acheté l’ancienne maison de la mairie de Bujumbura. Elle appartient à l’enfant d’Evrard Giswaswa, âgée de six ans, et Prosper Hakizimana, alias Gisiga pro aussi CNDD-FDD. L’Olucome a décrié. En vain.
{Selon vous, le président Nkurunziza n’a pas tenu sa promesse…}
Il a déclaré une chose et son contraire. Les corrompus sont devenus plus fort que Pierre Nkurunziza. C’est inconcevable ! Il doit être entré dans la danse.
{Quelles peuvent-être les conséquences pour le pays ?}
La mauvaise gouvernance va conduire le pays dans le gouffre. J’étais à Genève. J’ai eu l’occasion de rencontrer le Commissaire européen au développement, le Secrétaire général adjoint des Nations unies et d’autres partenaires classiques du Burundi. Ils sont catégoriques sur la gouvernance au Burundi. Si les dirigeants de ce pays ne s’améliorent pas, le Burundi n’aura aucun sous. Qu’ils sachent qu’ils sont en train d’assassiner le peuple burundais.