Après sa nomination à la présidence de la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH), Frère Emmanuel Ntakarutimana se dit confiant. Selon lui, la loi c’est son seule arme pour restaurer les valeurs humaines. Il estime que tout le monde est appelé à respecter la loi, « gros poissons ou petits. »
Quel est votre sentiment?
Je suis content de voir que les représentants du peuple me réservent leur confiance. Je n’ai pas senti d’énervements ou de protestations. Cela me laisse croire que le travail que je fais au quotidien répond aux besoins de la population. En outre, je constate que le combat pour la restauration de la base des valeurs humaines est partagé.
Cette commission est mise en place au moment où les associations de défense des droits de l’homme crient à la catastrophe. Quels seront vos priorités ?
Nous allons visiter les prisons et autres lieux de détention pour constater ce qui se passe, recueillir les plaintes des gens et faire un suivi pour trouver une recommandation conséquente. Nous requérons aussi des interventions directes du système judiciaire. On doit s’assurer que les services de la police, les institutions et la population ont les connaissances minimales sur les droits humains, que le contenu de la Déclaration universelle est assez connu de tout le monde.
Quelle force disposez-vous?
La force, c’est celle de la loi. En outre, notre commission est née d’un consensus. Je ne voudrais pas surestimer cette commission. Mais je pense que l’équipe est composée de gens déterminées, capables de travailler en équipe et s’épauler mutuellement. L’obligation de respecter les principes de Paris dans la composition de la commission, son mandat, pour tout ce qui est du pluralisme, de l’indépendance est un atout. Notre force, c’est aussi l’existence des associations pour la défense des droits de l’homme. Nous sommes fiers du travail abattu par l’Aprodh, l’OAG, l’Olucome, etc. Le reste dépendra de la collaboration des institutions comme le parlement et le gouvernement.
Certaines autorités sont pointées du doigt dans la violation des droits de l’homme. Seriez-vous capables de les dénoncer ?
Je dois préciser encore que la force, c’est la loi. Que ça soit les membres de la commission, les gens au pouvoir, la population, le régime dans lequel nous entrons nous oblige de respecter la loi, gros ou petit poisson !
L’opposition indique que ses militants sont souvent victimes des juridictions extrajudiciaires. Comment comptez-vous y remédier ?
Ces juridictions devront être dénoncées pour en faire un suivi et confronter les concernés. Que ça soit des gens du gouvernement, de l’opposition, des groupes armés, etc., tout le monde doit respecter le standard minimal des droits humains. Qu’il y ait combat politique, c’est normal, mais que cela verse dans la violation des droits humains, c’est inacceptable.
Selon certaines sources, la hiérarchie de l’Eglise catholique serait contre votre nouvelle fonction. Qu’en savez-vous ?
Il s’agit bel et bien des rumeurs. L’institution à laquelle j’appartiens est bien structurée. La congrégation des Frères dominicains à laquelle je fais partie a son fonctionnement. Cela m’étonnerait que je puisse être un aventurier qui s’engage sans concertation avec mes supérieurs.
Autrement dit, votre dossier contenait des recommandations de vos supérieurs ?
Dans mon dossier de candidature, il y a une lettre du président de la conférence épiscopale du Burundi qui atteste à quel corps j’appartiens. J’ai reçu même un message de mon provincial et celui du maître de l’ordre des Dominicains à Rome. Ceux qui ont des doutes peuvent approcher l’archevêque de Bujumbura. Autrement, je ne vois pas de problème de ce côté.
Quels sont les défis pour votre commission ?
C’est de mériter cette confiance et cet accueil positif accordés par la population dans ses différentes couches.