Frère Emmanuel Ntakarutimana, président de la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’homme, est optimiste quant au travail de la [nouvelle commission d’enquête, initiée par le procureur général de la République->www.iwacu-burundi.org/spip.php?article2938].
<doc4269|right>{Quel commentaire faites-vous de la situation des droits de l’homme ?}
Il faut faire une distinction entre la criminalité ordinaire et la violation des droits de l’homme. Quand le degré de criminalité commence à monter dans le pays, on pense spontanément aux droits de l’Homme. Evidemment, on peut y penser si effectivement les institutions de l’Etat ne font rien pour la juguler ou si elles sont impliquées.
{Alors à quoi assiste-t-on actuellement ?}
A la criminalité avec un taux moins élevé par rapport à l’année passée. Il y a aussi quelques cas de violation des droits de l’homme qui sont mentionnés dans des rapports des organisations internationales et nationales. Ces allégations rejoignent des cas qui ont été évoqués, notamment les cas de Gitega, Rumonge, etc.
{Puisque vous parlez de Gitega, que savez-vous sur l’assassinat d’un militant du MSD ? }
Sur ce cas précis, je ne peux pas m’exprimer sur le fond parce que notre commission est en train de faire ses propres investigations. Cette commission spéciale, qui vient d’être mise en place par le procureur général, devrait suivre de près ce dossier comme les autres dossiers de cette province. Nous sommes en contact avec les services du procureur à Gitega et ceux du procureur général.
Et comment jugez-vous le discours tenu par le gouverneur de cette province ?
Il faut que les responsables de haut niveau ou tout autre responsable aient quand même une exigence éthique concernant leur prise de parole. Surtout que nous sommes dans un pays qui sort de quelques décennies de tensions. Il faut plutôt penser à la guérison des mémoires et éviter tout ce qui pourrait contribuer à rouvrir les blessures.
{Selon vous, pourquoi la mise en place de cette commission aujourd’hui ? }
Je ne saurai pas le dire. C’est une question qu’il faudrait poser au procureur général. Mais, pour nous autres, il y a une convergence de circonstances et d’actions qui motive un changement.
{Lesquelles par exemple ?}
Du côté des institutions étatiques, elles commencent à prendre des mesures. Nous espérons que cette commission spéciale d’enquête montrera que la volonté politique de résoudre la question de l’impunité connaît un nouveau tournant au Burundi. La CNIDH avec différentes institutions du pays, est en train de veiller à ce que ce renforcement du combat contre l’impunité devienne une marque des institutions de l’Etat.
{Pourtant, une certaine opinion estime que cette commission est de trop. Qu’en pensez-vous ?}
C’est vrai qu’il y a eu différentes commissions dont les résultats n’ont pas été substantiellement tangibles. Mais, il faut éviter de vivre dans le fatalisme et penser que les choses ne peuvent pas changer. Du côté de la CNIDH, les contacts que nous avons avec le procureur général et les services judiciaires sont satisfaisants. Les choses peuvent changer et doivent changer, dans ce pays. Nous espérons que les hautes institutions de l’Etat vont soutenir cette commission pour manifester un changement dans la lutte contre l’impunité. Surtout que nous sommes à un moment crucial parce que l’examen périodique universel pour le Burundi est prévu pour janvier 2013. Si les avancées sont positives, les retombées pour le pays seront appréciables. Sinon, le Burundi sera de nouveau en difficulté.