Des manifestations pour la paix, la liberté et la démocratie au Burundi se sont déroulées dans de grandes villes européennes (Genève, Londres, Bruxelles) et nord-américaines (Washington, Montréal, Ottawa), le samedi 23 mai.
A Bruxelles, il s’agissait de la deuxième manifestation d’importance organisée à l’initiative de la diaspora, qui entend représenter toutes les sensibilités de la société civile et politique burundaise dans la composition du comité organisateur de ces rassemblements. Quelques 150 personnes participaient à la manifestation du jour qui, cette fois, prenait place à l’ombre des bâtiments de la Commission européenne.
« Nous voulons sensibiliser la communauté internationale et l’Union africaine puisque, avant-hier, il y a également eu une manifestation à Pretoria, sur le black-out des médias et sur les massacres », explique Latif Rukara. « La violation de la Constitution burundaise et des accords d’Arusha sont inacceptables, et nous tenons à remercier la Belgique ainsi que les autres pays qui ont déjà annoncé des sanctions même si, pour l’instant, cela ne suffit pas », indique Assumani Magambo.
« Nous ne pouvons pas nous taire ! »
Parmi les manifestants, aux côté de la diaspora et de sympathisants belges, des Rwandais, des Congolais, des Burkinabés ou encore des Ougandais. Une de leurs craintes : que la crise burundaise affecte une région déjà touchée par un flux de réfugiés, lesquels doivent faire face à des conditions sanitaires précaires et aux épidémies. Pour Mames Bansubiyeko, cette propagation peut aussi devenir politique : « Nous croyons que la situation au Burundi ne fait que commencer. Nous croyons et pensons que ce qui s’y passe va être copié par tous ceux qui, en Afrique, veulent reproduire le même scénario et bafouer la parole du peuple pour se maintenir au pouvoir. Il est anormal qu’un élu, qui prête serment sur la Constitution, décide de déchirer celle-ci dès qu’elle ne lui convient plus. » Et de conclure : « Non, nous ne pouvons pas nous taire ! Les droits de l’Homme, ce n’est pas un luxe pour les uns et une sorte d’accessoire pour les autres. »
« Trouver des solutions pour aider la presse burundaise »
La députée bruxelloise Isabelle Durant (Ecolo, qui fut aussi ministre fédérale et vice-présidente du Parlement européen) était venue exprimer son soutien au mouvement « Free Burundi ». Elle aussi craint que la situation, qu’elle qualifie d’explosive, fasse tache d’huile dans la région des Grands Lacs. « Il faut que les Burundais puissent avoir des médias indépendants et que les règles constitutionnelles soient respectées. Un régime d’une certaine terreur s’installe au Burundi, c’est un retour en arrière. On doit tout faire pour que ce troisième mandat n’ait pas lieu et que ce pays puisse retrouver la sérénité qu’il avait difficilement conquise. Cela passe par la liberté de la presse et par la mobilisation de la communauté internationale. Il faut condamner ce troisième mandat et mettre des sanctions à la clé ».
Egalement au nombre des manifestants, le député Stéphane Crusnière (PS) fera, lui, partie des observateurs dépêchés au Burundi lors des prochains scrutins. « J’espère que d’autres pays auront le courage, comme la Belgique, de prendre leurs responsabilités par rapport au Burundi et que l’on ira beaucoup plus loin au niveau européen. » Il estime en outre que le contexte n’est pas propice à la tenue d’élections, d’autant « que la presse est complètement démunie ». Stéphane Crusnière souhaite trouver des solutions pour aider la presse burundaise : « pour qu’elle soit à nouveau accessible, rendre compte de ce qui se passe. C’est à ces conditions que des élections libres et transparentes pourront être organisées. » Il plaide également pour qu’une aide à grande échelle soit rapidement mise en place pour venir en aide aux réfugiés, « que ce soit en termes de matériel ou humanitaire. »
« Des jeunes héritiers de Nelson Mandela »
La présence de l’artiste belgo-burundaise Khadja Nin fut particulièrement remarquée, à la fois parmi les manifestants et derrière le micro, surplombant l’esplanade du Rond-Point Schuman aux côtés des organisateurs, pour réclamer le retour de la paix et de la démocratie au Burundi. Elle expliquera à Iwacu tout son soutien aux jeunes manifestants : « Ce sont les héritiers de Nelson Mandela ! ». Et adressera un message à Pierre Nkurunziza : « Deux mots : ‘Je renonce’ ».
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Se dire lésés du droit de manifester et léser les autres du droit de ne pas manifester!!! Qui est plus démocrate que l’autre?
Le cas du Burundi est différent de celui du Burkina-Faso. Au Burkina, on a un président qui veut changer la constitution pour se représenter après 27 ans de pouvoir absolu. Au Burundi, Nkurunziza n’a pas changé la Constitution car celle-ci autorise un deuxième mandat au suffrage universel. En matière de mandat, les Accords d’Arusha ne sont plus une référence car la Constitution qui s’en est inspiré a tranché la question. Il faut respecter ce que la loi fondamentale dit. La Cour constitutionnelle a déjà décidé alors, svp, respectons les institutions du pays. Le droit a été respecté même si certains peuvent émettre des critiques. Ces critiques sont démocratiques et légitimes si elles se font dans la paix. Elles sont illégales lorsqu’elles sont transformées en rébellion contre les institutions du pays. Je pense qu’on se trompe de combat. Si on exigeait que la CENI soit remplacée par un organisme beaucoup plus neutre, là je serais d’accord. Mais ce que se fait dans les rues de Bujumbura actuellement est une défiance de l’autorité légale, ce qui est criminelle.
S’il vous plaît…Veuillez préciser que c’est « une partie de la diaspora burundaise de Belgique » ,parce que moi je ne me sens pas du tout représenté par cette diaspora que je vois manifester.
Merci
@Bella, continue à dormir ma fille…
Oui, une partie en effet. Comme à Buja d’ailleurs. Seules Ngagara, Musaga, Nyakabiga, Cibitoki et une partie de Kanyosha manifestent et on veut faire croire à l’opinion que tous les « Bujumburais » manifestent. On n’oublie que Kamenge, Gasenyi, Gihosha, Mutanga Nord et Sud, Carama, Rohero, Gasekebuye, Kabondo, Sororezo, Buyenzi, Gatunguru, Quartier Asiatique, Kiriri, Vugizo, Gatoki, Rohero, Kajaga, Kinama, etc., sont tranquilles.
Dans ces citées, ex-bastions des Sans Échecs, on réclame « le droit de manifester », et on refuse à autrui (les fonctionnaires et les privés) « le droit de ne pas manifester ». Ils refusent une pensée unique (celle qu’ils ne soutiennent pas) et ils veulent imposer une autre pensée unique (celle qu’ils soutiennent). Contradiction notoire.
Merci à la diaspora burundaise, merci à Khadja Nin, pour votre soutien au peuple burundais. We’ll overcome. Le mal n’a jamais vaincu la bien sauf pour ceux qui ne savent pas patienter. Or, comme nous n’avons pas les mêmes dons, chacun aide comme il le peut: résister, alerter, pleurer, crier, prier, sécourir… et le mal finit par s’écrouler comm un château construit sur du sable mouvant.
Merci mama kadjanin et la diaspora de votre soutien,nous ne flechirons jamais devant le dictateur nkuru qui se croit le president fondateur,que DIeu vous comble dans votre combat pour le comble de pire president qui fait succomber les barundi