Les écoles publiques sont obligées de payer des frais d’assurance et de sport pour chaque élève. Mais en cas de besoin, les élèves ne sont pas pris en charge. Parents et responsables d’écoles parlent d’une gestion opaque.
Les établissements publics post-fondamentaux prélèvent sur les frais de scolarité de 7.000 BIF, 135 BIF d’assurance et 1500 BIF, les frais de sport pour chaque élève par an.
Selon un directeur d’une école secondaire publique de la commune Muha, les 135 BIF sont versés sur le compte « contribution parents et assurance » à la Bancobu. « Nous ne connaissons ni le gestionnaire de ce compte ni la maison d’assurance». Si l’école sollicite des documents scolaires au ministère de l’Education, elle doit lui remettre les bordereaux de paiement de ces frais, d’après ce responsable.
Quand survient un accident à l’école, un problème se pose. « Nous sommes désemparés, car nous ignorons l’assureur», assure-t-il. L’établissement est obligé d’appeler un parent pour venir récupérer son enfant. « L’école ne fait que remettre aux parents la déclaration de reconnaissance de l’accident. Après, c’est aux parents de se débrouiller». Alors que les élèves sont assurés.
Concernant les frais de sport, ce directeur déplore que lors des championnats interscolaires, ce sont les établissements qui s’occupent de presque toutes les dépenses. Déplacement, rafraîchissement, frais de mission, etc. Le ministère n’assure que le transport des joueurs en cas de déplacement en province et le paiement des arbitres.
Il signale que son établissement peut verser comme frais de sport plus de 2 millions BIF par an.
« Où va cet argent ? »
La directrice du Lycée municipal Rohero, Gertrude Simbananiye, indique que quand un élève a un accident, l’école recommande aux parents d’aller demander à Socar. « Socar ou Ucar », hésite-t-elle. Mais l’assureur ne paie pas la totalité des soins, assure cette responsable d’après sa propre expérience.
Quant aux frais de sport, cette directrice affirme que les 1500 BIF par élève sont versés sur le compte « sport scolaire » géré par la direction provinciale de l’enseignement (DPE) mairie. Malheureusement, déplore Mme Simbananiye, c’est l’établissement qui se débrouille pendant tous les matches. La direction provinciale n’interviendra que pour le transport, lors de la finale.
Ces responsables d’écoles disent qu’ils n’en peuvent plus. Ils sont endettés. « C’est un casse-tête. Au point de souhaiter que notre école perde le match pour ne pas continuer à dépenser», confiera l’un d’eux.
Le défenseur des droits des enfants, David Ninganza, également président du comité de gestion d’une école publique à Bujumbura, ‘’en a par-dessus la tête’’. Son enfant s’est cassé un bras à l’école, il n’a pas encore eu d’assurance. « Tous les parents me demandent de plaider pour eux. Mais je n’ai pas encore eu de réponse. Nous ne connaissons pas l’assureur». Il confie avoir déposé sa plainte à la CNIDH. « Où va tout cet argent ? »
Le Directeur provincial de l’enseignement mairie, Patrice Tuhabonyimana, rejette ces accusations. Concernant les frais d’assurance, il affirme qu’en cas d’accident, le directeur appelle la DPE pour s’informer de la maison d’assurance, celle-ci change souvent. « Sauf les directeurs paresseux, ils savent tous comment cela marche. Nous faisons des réunions régulièrement». Il fait savoir que pour le moment, l’assureur est BIC.
Pour la prise en charge sportif, le DPE mairie parle d’un « mensonge ». Quand les matches se déroulent en province, les élèves sont logés à l’internat. Sinon, le rafraîchissement et autres charges sont assurés par le ministère.