Lors des débats organisés lors du forum sur les exportations au Burundi tenu le 14 mai 2024, les exportateurs sont revenus sur les grands défis rencontrés dans le secteur. Toutefois, ils craignent que le rendez-vous risque de n’aboutir à rien si des actions concrètes ne sont pas menées dans l’urgence. Le directeur général de l’Agence de promotion des investissements et des exportations a proposé quelques voies pour booster les exportations. Néanmoins, il doute lui aussi sur la mise en application des recommandations issues de ce forum.
Les exportateurs burundais et étrangers présents dans ce forum qui avait pour thème : « Défis pour les exportations des produits burundais : quelles solutions stratégiques et durables ? » ont exposé leurs défis et contraintes sans macher les mots.
« Certaines entreprises ici sont dans le besoin de s’adapter au niveau des nouvelles machines de pointe, mais il y a le problème essentiel qui est l’accès au financement », a indiqué par exemple Gilbert Nzeyimana, directeur général de l’usine Afritextile, ex-Complexe du textile du Burundi (Cotebu). En exposant cette lacune, il faisait beaucoup plus allusion au manque de devises, un problème soulevé par ailleurs par tous les exportateurs. « On nous dit, il faut exporter pour apporter les devises. Et nous, nous demandons de notre côté, qu’on nous donne ces devises pour qu’on achète ces nouvelles machines. C’est l’histoire de l’œuf et de la poule qui survient : Qui commence entre les deux ? », a insisté le directeur général de l’Afritextile.
Une autre contrainte soulevée par les exportateurs est le problème lié à l’énergie électrique et le carburant. Un défi qui impacte beaucoup le coût de la production qui, selon les exportateurs, risque de s’aggraver si rien n’est fait dans l’urgence. « Nous recevons 30% de l’électricité dont nous avons besoin pour la fabrication des fers à béton. De plus, il est difficile d’acheminer les produits vers la République démocratique du Congo car non seulement la route est en piteux état mais aussi les véhicules pour les acheminer sont à sec », a regretté Emile Tousch, directeur général de l’usine de fabrication des matériaux de construction, Fabrimétal. Pour compléter l’idée, l’usine de textile burundaise a affirmé enregistrer une perte sur le coût de production de deux jours à cause des coupures intempestives de courant.
Plusieurs dysfonctionnements
De surcroît, les exportateurs n’ont pas manqué de mentionner les difficultés liées à la concurrence déloyale, des cas de corruption signalés surtout dans le commerce transfrontalier ainsi qu’un climat des affaires malsain. Telles par exemple les plaintes exprimées par des commerçants congolais qui pratiquent le commerce transfrontalier. « On ne sait pas qui est l’autorité régulatrice des produits prohibés ou des produits exportés. Car nous nous approvisionnons dans les usines reconnues. Nous remplissons même les formalités relatives aux exportations mais une fois arrivés à la frontière on nous dit que les marchandises sont prohibées », ajoutent-ils.
A ces défis, des recommandations et des solutions ont été proposées notamment la création d’un guichet unique et une réunion urgente avec le ministère chargé de l’Energie pour trouver des solutions aux problèmes des carburants et d’électricité.
Des appréhensions persistent. « Des recommandations pareilles ont été données lors de la dernière réunion du Zelcaf. Mon appréhension reste toujours la même. A quand la mise en application de toutes ces recommandations ? » a lâché le chef de cabinet du maire de la ville de Bujumbura, Charles Bahizi. D’une même et seule voix, tous ont fait appel aux actions concrètes accompagnant la mise en œuvre de ces recommandations.
Une coordination s’impose
« Je suis tout à fait d’accord avec ceux qui disent qu’on a cette tendance de faire des recommandations mais qu’il manque des actions », a ainsi concédé la ministre du Commerce, Marie Chantal Nijimbere. Et de reconnaitre le déficit de la balance commerciale du pays causé par la valeur des exportations dépassant presque du double la valeur des importations.
Elle estime qu’il faut une coordination des recommandations émises. La ministre Nijimbere a insisté beaucoup sur la mise en place d’une feuille de route pour assurer la coordination de l’application de ces recommandations. Et de marteler : « Il n’y a pas de miracle à faire. Il faut que toutes les parties prenantes, nous nous mettions ensemble pour trouver des solutions ensemble. »
La ministre du Commerce a également énoncé quelques mesures de facilitation des exportations proposées par le gouvernement dont principalement le nouvel accord d’échange avec la RDC ainsi que la révision de la loi sur les zones franches de 2001.
On n’invente rien
Pour faire mieux comprendre la situation des exportations au Burundi, le directeur général de l’ADB (Agence burundaise de développement), Révérien Nizigiyimana, est revenu sur l’état actuel de la production du pays. Des chiffres très alarmants, en particulier au niveau de la production des produits essentiels d’exportation, regrette-t-il.
M. Nizigiyimana y est allé avec des chiffres à l’appui, La production du café est passé de 18,5 mille tonnes en 2020 pour se situer à 7,5 mille tonnes en 2024 ; de 101 tonnes en 2017 à 33 tonnes en 2021 pour le café cerise. Il ajoute une chute de presque la moitié de la production de la culture du coton qui est passée de 800 tonnes à 400 tonnes. Même chose pour la production minière où celle de l’or est passée de 1 742 kg en 2017 à 893 kg en 2020 et de 74 500 kg de coltan en 2017 à 42 000 kg en 2021. « Et si on interroge les données récentes, on verra que la tendance est la même », déplore Révérien Nizigiyimana.
Ce dernier a ajouté un autre facteur. Il est en effet revenu sur la détérioration de la valeur de la monnaie locale. « En principe, si la monnaie d’un pays a une faible valeur par rapport aux autres monnaies étrangères, ses exportations deviennent plus compétitives sur les marchés mondiaux », a rappelé le directeur général de l’ADB. Plus loin, il expliquera que la perte de la valeur de la monnaie locale est la source du déficit de la balance commerciale en augmentant les dépenses publiques.
« Elle alourdit de surcroit le déficit budgétaire pouvant faire recourir à des dettes soit intérieures ou extérieures. Ce qui risque, à son tour, de limiter la capacité des importations des produits de première nécessité, le carburant, et la matière première pour certaines industries locales de production ». D’où, selon M. Nizigiyimana, la diminution de la production, le taux de chômage élevé, l’inflation des prix, creusent de plus le déficit public
Comme solutions proposés, le directeur général de l’ADB a mis un accent particulier sur des politiques visant l’augmentation de la production des produits d’exportations afin de compenser ce que le pays perd dans les importations. Ce qu’il a appelé acte de change gagnant-gagnant. Et de préciser que la valeur des importations représente 1 260 milliards USD contre une valeur des exportations de 208 millions USD. Soit un déficit commercial de plus d’un milliard USD. « Malheureusement, cet acte d’échange ne joue qu’en produisant des effets contraires ».
M. Nizigiyimana a également proposé une mise en place des infrastructures logistiques et énergétiques ainsi que l’optimisation des suivis commerciaux afin de s’insérer sur les chaînes de valeur régionale.
Cependant, la meilleure promotion des exportations, a souligné le directeur général de l’ADB, réside avant tout dans la création d’un environnement local favorable à leur fonctionnement en minimisant les contraintes inhérentes au climat des affaires burundais. Il estime aussi qu’il faut prioriser l’élimination de tous les facteurs ayant des impacts sur le coût de production locale ; la disponibilité du carburant et de l’électricité ; l’accès aux crédits bancaires ; des systèmes judiciaires équitables ainsi que la lutte contre la corruption.
« Nous ne sommes pas en train d’inventer parce que tout ce que je suis en train de dire existe déjà quelque part dans les documents, mais il est temps de passer à l’action ». Et de marteler : « Il faut qu’on finisse avec ces ateliers d’identification des défis et proposer des solutions pour en arrêter là. Il faut qu’on se rencontre prochainement pour évaluer, pour faire le bilan de la mise en œuvre de ces stratégies durables pour ensuite penser aux meilleures perspectives d’avenir ».
1. Une société comme Afritextile qui réclame des devises à l’Etat. Elle exporte depuis combien de temps? Elle a déjà ramené combien de devises dans la BRB?
2. Histoire de Forums ou autres réunions semblables! Perte de temps et d’argent.
Je suis A l’aise avec les recommandations qui ont ete emises avec une mention particuliere sur la pertinence des interventions faites surtout celles du DG de l’ADB mais au lieu de se plaindre que de telles recommandations ont toujours ete emises sans qu’aucune suite ne leur soit reservee, il fallait aussi s’appesantir sur les CAUSES qui font que les recommandations restent toujours lettre morte. A defaut, les memes causes vont produire les memes effets. Cela etant, j’ose esperer que ce forum n’a pas ete de trop !
La faillite est imminent. Et puis le FMI & Banque mondiale va venir et dégraisser le mammouth. Certains fat cats, vont perdre du poids et la taille de leur hanches. Attendez, c’est question de temps.
pourriez- vous demander à la Ministre en charge du commerce le sens de cette phrase très ambiguë et embarrassante: » ils faut que nous nous mettions ensemble pour trouver des solutions »
Est- ce dans ce forum sur les défis des exportations du Burundi, tous les acteurs n’étaient pas ensemble ».
Franchement, il faut rompre le silence et éviter l’hypocrisie.
comment pourrait- on assainir le climat des affaires, quand on ne pas parvient même pas à surveiller les prix des produits fabriqués localement, vendus sur le marché local avec des prix fixés par le gouvernement.
Au ministère du commerce, les consommateurs des produits ne sont même pas protégés: combien de produits prohibés tels boissons alcoolisées qui ne répondent pas aux normes et qui constituent une menace sérieuse sur les populations.
un sac de charbon de bois coûte actuellement cent mille fbu, et on trouve 50% de déchet. Jamais on a entendu le Ministre sensibiliser les populations sur le » commerce équitable » , çàd culture de communication sur la qualité des produits, qualité-quantité- juste prix, etc.
Bref, on ne voit pas réellement ce que fait le Ministre du commerce!
N avez vous pas froid aux yeux d’écrire que la production annuelle du café est de 7 000 Tonnes
Je le dis et je vous le redis bazoheba kurima ikawa
Ikawa ntikigaburira umurimyi