Après les fortes pluies mêlées de grêle qui se sont abattues sur plusieurs collines de la commune Ruhororo dans la province de Ngozi en décembre dernier, la population crie déjà famine. Toutes les cultures ont été endommagées.
Même si cette population n’ose pas maudire le ciel, elle se lamente, se dit abandonnée, oubliée. « Le malheur ne vient jamais seul, après les soubresauts politico-sécuritaires qui ne sont pas d’ailleurs finis, voilà que nous sommes victimes des intempéries », se désole Marie Nahimana, une femme rencontrée dans son champ, le regard tourné vers les nuages, les mains tendues vers le ciel, implorant la clémence.
De son champ de haricot, il ne reste plus rien. Elle raconte : « La grêle a tout abimé, les gousses, qui commençaient à peine à avoir quelques graines, sont tombées par terre, détachées violemment de la tige nourricière par ces morceaux de glace gros comme un poing.» Elle poursuit son récit : « C’était du jamais vu. Des chèvres sont mortes, les enfants, qui étaient partis puiser de l’eau, sont rentrés la tête enflée. Les pauvres portaient de boursoufflures et même des blessures.»
Non loin de là, un homme, la cinquantaine regarde impuissant son champ de maïs dévasté. « Tout est par terre, tout a été fauché.» C’est à peine qu’il retient ses larmes, devant son caféier : « Les cerises encore vertes de café n’ont pas résisté à la violence de la grêle, on les a retrouvées sur le paillis. Une perte énorme, un gâchis. La récolte s’annonçait bonne, on commençait à faire les comptes, des projections, des plans. Maintenant tout est tombé à l’eau.»
De l’autre côté de la rue, un peu en dehors du site des déplacés de Ruhororo, un autre homme reste immobile devant sa bananeraie dévastée. Seuls quelques bananiers sont restés debout. « Ceux qui ont résisté au vent ont les feuilles complètement déchiquetées. Il n’y a que la nervure centrale d’où pendent quelques lambeaux desséchés. On dirait des feuilles de palmiers », se lamente-t-il.
Et ce n’est pas tout comme malheur : « Même mes quatre avocatiers ne pourront pas me consoler. Avec la grêle, tous les avocats sont tombés par terre avant maturité. Ils sont en train de pourrir. Ces arbres fruitiers rapportent beaucoup d’argent dans l’économie des familles. Maintenant, il faut oublier tout cela », déplore ce paysan. « Du temps de la rébellion, il y avait une taxe à verser pour chaque avocatier », chuchote-t-il.
Le bilan établi par la DPAE (Direction de l’agriculture et de l’élevage) est amer: « Ces fortes pluies mêlées de grêle ont frappé sept collines de la commune Ruhororo dont le site des déplacés et ses environs. Il n’y a rien à espérer quant aux récoltes de cette saison. Pour le haricot, le maïs, le manioc, le bananier, le café, les avocatiers…tout est perdu», note l’Ir Déo Ndayiragije, directeur de la DPAE Ngozi.
D’après lui, il va falloir faire des distributions de vivres à ces populations victimes d’intempéries. « Les prochains mois seront durs pour ces gens si rien n’est fait pour voler à leur secours. Il leur faut de l’aide en attendant les récoltes de la prochaine saison culturale », plaide ce directeur de la DPAE Ngozi.
C’est tres deplorable d’autant plus que les indicateurs de la pauvrete sur la societe Burundaise montrent que les chiffres vont atteindre 45 %, contrairement a ce qui etait prevu par les OMD pour l’annee 2015 (17.5 %).
De toutes les facons, il faut que ca change. Sans pour autant revenir sur l’importance du secteur agricole au Burundi, le Ministere de l’Agriculture, les chercheurs, les agronomes, les partenaires techniques et financiers devraient commencer a penser sur les strategies de management des tels risques. Utilisation des donnees meteo pour predire des probabilites sur la quantite de pluies attendues durant la saison, et a differents stades de croissance des plantes. Cela pourrait contribuer a prevenir et/ou a attenuer les risques sur les recoltes.