Destiné à aller droit au cœur, le message du délégué du FORSC, livré à Gitega ce week end lors de la visite des membres de la société civile burundaise à la famille de feu Léandre Bukuru, est un véritable appel à un examen de conscience. Le disparu était un militant du MSD arrêté dimanche matin le 16 novembre par la police dans le quartier Shatanya à Gitega puis retrouvé le lendemain décapité.
<doc2070|left>Son message, livré sous les sanglots de la veuve en arrière fond, était essentiellement destiné aux autorités burundaises: « Bon nombre d’entre eux sont des orphelins. Leurs pères ont été amenés par des véhicules militaires et ne sont jamais revenus et c’est exactement le même scenario pour les deux enfants de feu Léandre Bukuru ici présents, dont l’aîné a 7 ans.»
L’allusion est claire, Pacifique Nininahazwe rappelle ici les événements de 1972 et demande à ces mêmes autorités de tout faire pour que les exécutions extrajudiciaires à mobile politique soient jugulées.
Le Forum pour le renforcement de la société civile burundaise (FORSC) plaide pour une inhumation digne du corps de ce disparu enterré hâtivement et sans la présence des membres de sa famille. Sa femme et ses proches n’ont pas encore eu l’autorisation de déterré le corps pour organiser des obsèques. La tête de la victime a été retrouvée mardi dernier et se trouve à la morgue.
« Les larmes de cette veuve et de ces orphelins devraient rappeler celles versées par la plupart de nos autorités, il y a des années lors des événements sanglants qui ont jalonné l’histoire sombre de notre pays », poursuit le délégué du FORSC Pacifique Nininahazwe qui implore les autorités de mettre sur pied un fonds destiné à aider les veuves des personnes victimes des exécutions sommaires.
Les critiques malveillantes et acerbes diront probablement que ce message est du ’’vox clamantis in deserto’’ ou que ’’l’histoire nous apprend que l’homme n’apprend rien de l’histoire’’, mais il faut oser croire que ce message est arrivé à destination…
Une chose est sûre, l’appel lancé par le délégué du FORSC est un véritable SOS : « Il faut tout faire pour éviter la dérive du navire ou qu’il ne sombre pas. »