Dans les communes de Butaganzwa, Kabarore et Mwumba, l’organisation internationale chrétienne, Food for the Hungry/Burundi n’a ménagé aucun effort pour sortir la population de la pauvreté. Les coopératives disséminées ici et là sont son cheval de bataille.
Il a fallu attendre la venue de Food for the Hungry/Burundi dans les 3 communes du Nord du pays en 2008 pour voir apparaître les premières coopératives agricoles autonomes.
La voie serait-elle ouverte à un renouveau de l’agriculture paysanne ? Loin de constituer un obstacle au développement agricole et à l’application des politiques agricoles gouvernementales, comme ont tendance à le croire certains, l’existence d’organisations paysannes autonomes a constitué le levain du progrès agricole.
Saisissant la balle au rebond, Food for the Hungry/Burundi a appuyé une dizaine de coopératives de caféiculteurs, plus de 200 groupes de microcrédits ont été formés.
La mission déclarée de Food for the Hungry /Burundi pour le développement à long terme est de sortir les communautés de l’extrême pauvreté d’ici 10 à 15 ans.
Il a introduit un modèle de gestion et d’exploitation de mini stations de lavage appartenant aux coopératives paysannes. Les agriculteurs ont mis leurs productions ensemble au sein d’une même unité de transformation et les résultats n’ont pas tardé à venir.
« Nous avons acheté des terrains, des machines, octroyé des crédits aux membres. Nous avons accès au marché national et international nous n’attendons pas que les commerçants viennent imposer leurs prix », se félicite Libère Mvukiye, chef d’usine et membre de la coopérative CODEMU.
Et aussi c’est pour aider les membres à accéder aux intrants agricoles à travers un fonds de garantie et plus spécifiquement les femmes en primant celles qui ambitionnent de jouer un rôle clé dans toute la chaîne de valeur au sein des coopératives.
Le constat sur terrain est que la coopération agricole est un secteur très dynamique. A Butaganzwa, Kabarore et Mwumba son périmètre évolue, les coopératives cherchant à atteindre une certaine notoriété afin de pouvoir faire face aux défis d’une économie globalisée.
Des sociétés coopératives engagées dans l’innovation durable
« Sur ma colline, il me sera difficile de montrer quelqu’un qui n’est pas membre d’une coopérative », a reconnu Aquiline Ntukamazina de Munyinya.
Au-delà de ce rôle économique, les coopératives et les associations exercent une action de maillage du tissu économique et social local. Premier rempart contre la pauvreté dans certaines zones rurales, elles jouent un rôle de limiteur des risques de fracture sociale, de barrage à l’isolement.
« Si un membre tombe malade ou a un problème quelconque, tout le monde est au courant et cherche à y remédier. Celui qui en a besoin peut recevoir un crédit quitte à constituer son capital pour le petit commerce. Je ne peux pas décrire la pauvreté dans laquelle ma famille vivait avant, c’était désastreux », raconte Fébronie Nicintije.
Dans ces trois communes visitées, les coopératives agricoles contribuent à maintenir des services fondamentaux pour la population. Elles participent en quelque sorte aux soins de santé, la scolarisation des enfants tout en participant dans l’amélioration de l’habitat.
« En plus de me construire une maison en tôles, j’ai acheté trois porcs et des chèvres qui me donnent du fumier pour mes champs. Et ainsi avec l’argent du café, je fais de petites épargnes », a reconnu Ntukamazina Aquiline de l’association de microcrédit Dutezanyimbere.