Les agriculteurs se plaignent de la faible production avec l’engrais organo-minéral. Le 9 décembre, le ministère de l’agriculture, l’ISABU, l’RRI et l’entreprise FOMI ont organisé un atelier de présentation des résultats de recherche sur la fertilisation des cultures par les nouveaux engrais organo-minéraux. Une nouvelle formule d’application a été proposée pour booster le rendement.
Des riziculteurs surtout dans la plaine de l’Imbo se plaignaient de la faible production du riz et cette situation a occasionné la flambée du prix. Ils ne sont pas les seuls à se plaindre. Même des agriculteurs d’autres cultures vivrières et d’importations se désolent des faibles rendements. L’engrais organo-minéral produit par l’entreprise FOMI est mis en cause. Ils doutent de son efficacité par rapport aux engrais chimiques qu’il a remplacés. Des informations selon lesquelles ces engrais seraient fabriqués à partir du sable et des restes de riz circulent.
L’étude, dont les résultats ont été rendus publics, vocation à répondre à toutes ces appréhensions. « Toutes les formules de fertilisation des cultures utilisées dans le pays jusqu’en 2019 ont été établies sur bases des engrais minéraux (chimiques). Celles-ci doivent être revues et remplacées par de nouvelles formules à base des engrais organo-minéraux FOMI en usage au Burundi. En conséquence, l’Isabu doit mettre au point des doses (niveaux d’application des nutriments) de ces types d’engrais, culture par culture. Il faudra aussi pour ces cultures, définir le mode pratique et économique d’application, nombres et stades d’application de ces engrais », a indiqué Alfred Niyokwishimira, directeur général de l’institut des sciences agronomiques du Burundi.
Selon Elias Ngendabanyikwa, directeur général de la fertilisation des sols au ministère ayant l’agriculture dans ses attributions, des essais sur l’évolution de la performance des engrais de FOMI sur les cultures vivrières, comme le riz, la pomme de terre et le maïs ont été menées, il y a deux ans. Après ces essais, les chercheurs ont proposé de nouvelles formules à utiliser pour trois principales cultures vivrières pour permettre aux agriculteurs d’augmenter la production.
De nouvelles formules de fertilisation
Les formules de fertilisation initiales sont actualisées par de nouvelles formules à base des engrais organo-minéraux FOMI par hectare. Pour la pomme de terre, 400 kg des engrais de FOMI-Imbura et 200 kg des engrais de FOMI-Bagara (sarclage) seront utilisés au lieu de 200 kg des engrais FOMI Imbura et 150 kg des engrais FOMI-Bagara par hectare. S’agissant du maïs, on va utiliser 270 kg des engrais de FOMI Imbura et 100 kg des engrais de FOMI Totahaza au lieu de 150 kg des engrais de FOMI-Imbura et 75 kg des engrais FOMI Totahaza auparavant par hectare.
Pour le riz dont la production a sensiblement chuté, les chercheurs ont proposé 45 kg des engrais de FOMI Imbura et 300 kg des engrais de FOMI Totahaza en remplacement de 100 kg des engrais Imbura et 200 kg des engrais de FOMI Totahaza par ha auparavant. « Avec ces nouvelles formules, le directeur de la fertilisation des sols fait savoir que la production agricole pourra augmenter de 30% », explique le directeur général de la fertilisation.
Salvator Kaboneka, professeur à l’Université du Burundi et spécialiste des sols, explique que les engrais de FOMI contiennent 50% de matière organique et 50% de matière minérale. OMI-IMBURA est un engrais organo-minéral adapté aux conditions des sols tropicaux qui sont généralement acides et pauvres en matières organiques. A la différence des engrais minéraux classiques, FOMI-IMBURA contient de la matière organique bénéfique à la physico-chimie et à la biologie du sol, du calcium (Ca) et du magnésium (Mg), en plus des trois éléments majeurs (NPK) essentiels pour la plante.
« La matière organique permet de dégager l’espace libre pour faciliter la circulation de l’eau et de l’air. Elle contrôle certaines conditions physiques du sol, notamment la porosité. Nos sols sont extrêmement pauvres en calcium, en potassium et en magnésium. Alors, pour améliorer la fertilité du sol, il faut ajouter de la matière organique, donc du fumier », martèle-t-il
D’après lui, dans les engrais FOMI, il y a donc de l’engrais, du fumier et de la dolomie. C’est le triangle de base pour l’augmentation de la production agricole d’un pays au sol acide et pauvre en matière organique comme le Burundi.
Les chercheurs ont recommandé à ce que des recherches soient menées dans le but de déterminer des formules d’engrais pour les terres de l’Imbo et Bugesera qui ne sont pas acides et qui ont une meilleure capacité d’échange cationique CEC, en plus d’être facilement irrigables. Mais aussi de mener une étude plus approfondie pour les sols submergés, principalement rizicoles.
Etendre les recherches sur d’autres cultures
Un membre du Parlement présent à l’atelier s’est dit ne pas comprendre pourquoi la production a commencé avant que ces études ne soient menées. Il a suggéré que la fiche technique d’application des nouvelles doses soit verbalisée auprès des agriculteurs pour inverser la tendance dans la saison culturale prochaine.
Le secrétaire permanent au Minagri, Emmanuel Ndorimana, a indiqué que mettre à la portée du public les doses des engrais Fomi efficaces et économiquement rentables permet d’atteindre l’objectif d’asseoir la sécurité alimentaire durable dans le pays. Il a promis que la recherche va continuer pour d’autres cultures afin d’améliorer leurs performances de production.
Alfred Niyokwishimira, directeur général de l’institut des sciences agronomiques du Burundi, a annoncé que dans la droite ligne de l’orientation du gouvernement, cet institut vient de lancer un vaste programme de recherche pour tester l’adaptabilité et la fertilisation pour les nouvelles cultures d’exportation, en l’occurrence le chia, le castor, le pyrèthre, l’anacardier et le millet.
Quant à Herménégilde Manyange, directeur général adjoint de la société FOMI, il a vanté la qualité et l’efficacité de l’engrais produit par son entreprise. Il relève que les recherches sont toujours dynamiques : « Petit à petit, il y aura un moment où les sols burundais seront fertiles grâce à l’utilisation des engrais de FOMI. Les agriculteurs ne devraient pas hésiter sur l’efficacité de cet engrais.»
Les nouvelles formules et les doses d’application d’engrais entraînent une augmentation des quantités à commander pour un hectare. Certains agriculteurs sont inquiets. « Nous travaillons toujours à perte. Les dépenses vont devenir énormes, car les doses ont beaucoup été revues à la hausse. C’est une bonne chose, mais pour nous c’est dur !», se lamente un riziculteur de la zone Maramvya.
Jean Kabura de la commune Gihanga estime que certains riziculteurs vont devoir abandonner, suite aux difficultés de se procurer des fertilisants : « Nous sommes déjà dans le désarroi et nos amis avaient déjà jeté l’éponge. Le fait d’augmenter les quantités des engrais de FOMI à un tel niveau ne fait qu’empirer la situation déjà désastreuse.»
Les agriculteurs demandent au gouvernement de revoir les subventions accordées dans ce secteur pour leur venir en
Quant à Herménégilde Manyange, directeur général adjoint de la société FOMI, il a vanté la qualité et l’efficacité de l’engrais produit par son entreprise. Il relève que les recherches sont toujours dynamiques : « Petit à petit, il y aura un moment où les sols burundais seront fertiles grâce à l’utilisation des engrais de FOMI. Les agriculteurs ne devraient pas hésiter sur l’efficacité de cet engrais.»
M. Manyange vante la qualité et l’efficacité de l’engrais produit par FOMI: on ne pouvait pas s’attendre à ce qu’il fasse le contraire. Seulement, ces qualité et efficacité sont probablement observées au labo de l’entreprise puisque les agriculteurs disent ne pas constater d’augmentation de la récolte.
Par ailleurs, il reconnaît implicitement que l’entreprise est encore au stade de tâtonnement: petit à petit arrivera le moment où les sols burundais seront fertiles grâce aux engrais FOMI.