Une trentaine de fidèles d’Agathon Rwasa ont été arrêtés début septembre en province Gitega. Ils étaient accusés de tenir des réunions non autorisées par l’administration, puis relâchés. Le camp Rwasa parle d’une chasse à l’homme.
Les faits remontent au 3 septembre 2017 en zone Mubuga de la commune Gitega, province Gitega. Plusieurs sympathisants d’Agathon Rwasa sont arrêtés sur les collines Mubuga et Kimanama par des agents de la police, accompagnés par plusieurs Imbonerakure. « Ils étaient une trentaine et étaient en visite chez un certain Paul Ntatama », confient des sources sur place.
Alors qu’ils discutent tranquillement, racontent nos sources, des agents de la police conduits par un certain Thierry, chef d’une position policière de Mubuga, accompagné de plusieurs jeunes Imbonerakure, débarquent au domicile de Paul Ntatama. « Ils les ont accusés de tenir une réunion non autorisée, visant à perturber la sécurité et ont commencé à les menotter. »
Ezéchiel Tuyishemeze (28 ans) alias Wazari un conducteur de taxi-moto, Ghyslaine Munyemana (22 ans), une écolière, Thomas Hakizimana (30 ans), Emmanuel Tuyishimire (31 ans) et un certain Joseph, un enseignant à l’Ecofo Kimanama, sont arrêtés sur place.
D’autres sympathisants d’Agathon Rwasa parviennent à fuir : « Ces agents de la police les ont tabassés sérieusement avant de les amener au cachot de la police à Gitega. » Le lendemain, Ghyslaine Munyemana et Joseph l’enseignant sont relâchés.
Mais ce jour-même vers minuit, la police revient et arrête un certain Nathanaël, Christophe Nduwimana, un homme d’affaire, et Blaise Nduwimana, un élève, à leur domicile. « Leurs proches ont demandé de quoi ils étaient accusés et les agents de la police ont rétorqué qu’ils sont soupçonnés d’être les promoteurs des réunions nocturnes. »
Même pas le droit de se saluer
Arrivés au cachot de Gitega, les victimes affirment qu’ils ont subi un interrogatoire musclé, accompagné parfois par des coups de poings, gifles etc. « Les policiers nous exigeaient d’avouer que nous tenions une réunion sur demande d’Agathon Rwasa pour perturber la sécurité. »
Après plusieurs coups, confient nos sources, les victimes acceptent de passer aux aveux. Une liste de tous les participants à cette réunion est dressée. Lundi 5 septembre, Ghyslaine est encore une fois arrêtée, menottée et conduite par des agents de la police. Après quelques heures, toutes les victimes sont libérées.
Trois semaines après les faits, les fidèles à Rwasa disent craindre pour leur sécurité. La plupart ont fui leurs ménages et assurent vivre dans la clandestinité. « Ceux qui restent sur les deux collines vivent la peur au ventre car leurs faits et gestes sont surveillés par l’administration et les Imbonerakure. » Il suffit, déplorent-ils, que des gens discutent à deux ou à trois pour qu’un chef colline surgisse de nulle part pour leur demander de quoi ils parlent. « Nous n’avons plus aucun droit ni de nous parler ni de nous rendre visite en paix. C’est de la paranoïa. »
Les militants pro-Rwasa se demandent comment un simple citoyen peut s’arroger le droit d’arrêter son voisin. «Que font les forces de l’ordre?», s’interroge Simon, un militant pro-Rwasa de Mubuga. «Ce qui fait peur, c’est qu’ils nous passent à tabac sans qu’aucune autorité ne lève le petit doigt.» Ils disent ne pas comprendre pourquoi ils ne peuvent pas discuter à deux ou à trois sans qu’on les taxe de criminels. «A Mubuga, seuls les Imbonerakure ont le droit de se réunir.»
Des perquisitions sans mandat
Térence Manirambona, député d’Amizero y’Abarundi élu dans la circonscription de Gitega, soutient qu’il n’y a pas de liberté d’expression, surtout pour les membres de cette coalition. «Si de tels cas se présentent, il faut nous approcher afin de trouver une solution sans toutefois recourir à l’emprisonnement.» Il exhorte les autorités administratives à tranquilliser les habitants qui ont fui ou qui vivent en clandestinité.
Pour les habitants de Mubuga, Valentin Nahimana, administrateur communal de Gitega, originaire de la zone Mubuga, Jean Marie Vianney, chef des Imbonerakure en zone Mubuga et un certain Adonis, le petit-frère du chef de zone Mubuga, Emile, un policier de la position de la colline Mirama, sont les principaux bourreaux des fidèles d’Agathon Rwasa.
Un autre cas d’arrestation et détention arbitraire est survenu en commune Rutegama de la province Muramvya. Un certain Fiacre, mobilisateur du Fnl pro-Rwasa, a été arrêté, le 3 septembre dernier, par la police sans mandat, après un accrochage avec un de ses voisins. Il a été conduit au domicile de l’administrateur communal de Rutegama, puis relâché le lendemain.
Sur la colline Songa de la commune Gitega en province Gitega, le domicile d’Abraham Murekambanze, fidèle d’Agathon Rwasa, a été perquisitionné, le 5 septembre, sans mandat par le chef de poste de Songa et une des élues collinaires de Songa. Ses biens ont été chambardés. Il venait de rentrer de l’hôpital où il venait de passer plus d’un mois.
Divergence de vues
Iwacu a contacté Valentin Nahimana, sans succès, pour qu’il s’exprime sur ces accusations. Toutefois, au lendemain des faits, il avait indiqué, sur différentes ondes de station, que ces gens avaient été arrêtés parce qu’ils tenaient des réunions nocturnes et non autorisées par l’administration.
Interrogé, Pierre Nkurikiye, porte-parole de la police, fait savoir que tous ceux qui avaient été arrêtés ont été libérés quelques heures après. « Des enquêtes ont prouvé qu’ils ne se reprochaient de rien et ils ont été relaxés. »
Aux accusations de coups et blessures, M. Nkurikiye dit ne pas en être informé. Concernant les perquisitions sans mandat, il fait savoir que les fouilles et perquisitions se font entre 10h et 18h. Toutefois, il précise qu’en cas de flagrant délit de crime, la police peut intervenir à tout moment. Et d’appeler les uns et les autres à respecter le code de procédure pénale.
Contacté, Aimé Magera, porte-parole d’Agathon Rwasa, n’y va pas par quatre chemins : « Ce qui s’est passé à Gitega au début du mois est le prolongement de ce qui se passe au Burundi depuis des années où le régime ne veut pas entendre une voix discordante. » « Ce n’est pas moi qui le dis seulement, le dernier rapport de la commission d’enquête de l’ONU est clair. Des opposants politiques sont abusivement arrêtés, emprisonnés, voire tués par des agents de l’Etat.» Et de conclure qu’il est temps que la communauté internationale agisse pour arrêter ces crimes.
Des citoyens? Parlons-en : l’ordre naturel et constitutionnel des choses voudrait que tout burundais – partisan ou non de Rwasa ou de n’importe qui – soit avant tout un citoyen. Ensuite il peut être opposant ou pas. Mais d’après les nouvelles théories du pouvoir burundais, l’ordre est inversé : le fidèle de Rwasa est avant tout un opposant. Ensuite il peut être un citoyen. D’après toujours ces mêmes théories, le citoyen a des droits ; mais l’opposant n’a que le droit de ne pas avoir des droits. On peut casser ce dernier, sans état d’âme. Les faits relatés dans cet article en sont une parfaite illustration.
Les chiens aboient et la caravane passe.
Dit en DD langage, « Songa mbere, kubita izo njavyi ».
Un régime autoritaire dans une république bananière, Walah
« ’il est temps que la communauté internationale agisse pour arrêter ces crimes. »
Vraiment ? Alors que le Burundi officiel se rit des efforts de cette même communauté et l’accuse de parti-pris haineux. Tant que le régime aura les soutiens qui lui permettent de camper sur ses positions, que peut-il se passer ? Même le Dieu du Président semble impuissant à éduquer ses fidèles à la douceur et à la concertation. Ce n’est somme toute qu’un Dieu de l’Ancien Testament, assoiffé de sang et de vengeance, en retard de vingt ou vingt-cinq siècles sur les besoins des sociétés humaines.
Mettez-donc vos montres à l’heure, en accrord avec vos habits modernes qui ne vous servent pour l’heure que de déguisement.
JerryCan
C’est pour toutes ces raisons que les gens souhaitent la limitation des mandats pour roder notre système de choix des hommes politiques. En effet, le système démocratique suppose la liberté d’expression, la liberté d’avoir plusieurs choix au moment du vote, la liberté d’exposer publiquement son programme en mettant sur le même pied tous les candidats….Dire qu’ailleurs il n’y a pas de limitations de mandats , il faut comparer ce qui est comparable : en occident, dans les pays où il n’y a pas de limitations de mandats, la liberté d’expression existe. Si on veut se comparer avec les pays où tout est verrouillé, on n’est pas dans le bon. D’ailleurs, dans ces pays, il n’ a pas de stabilité. Chers dirigeants, vous serez vous-même gagnants en ouvrant l’espace politique pour votre peuple.
Mubi vous avez entièrement raison !!!