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FMI/Burundi : la revue de juin 2012 n’a pas été concluante

05/05/2013 Commentaires fermés sur FMI/Burundi : la revue de juin 2012 n’a pas été concluante

Le FMI a un programme de 3 ans de suivi budgétaire et fait une revue d’évaluation avec le gouvernement, une fois les six mois. Pour ce 1er semestre, le gouvernement n’a pas pu fournir certaines données.

« Si les revues ne sont pas concluantes, le budget de l’Etat ne peut pas être financé », révèle Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (Olucome). D’après lui, le gouvernement a refusé de fournir certaines données demandées par la délégation du FMI venue de New York et conduite par Oral Williams.

Pour lui, les bailleurs ne souhaitent pas que le budget de fonctionnement aille crescendo comme on peut le constater pour nos budgets. Il pense surtout que FMI a été choqué par le rapport du Service national de renseignements (SNR), approuvé par la présidence de la République, faisant état du dysfonctionnement grave de l’Office Burundais des Recettes (OBR), de connivence avec la deuxième vice- présidence. « Or, tous les rapports qui parviennent aux bailleurs font état des performance de cette institution », indique-t-il.

<doc4271|left>Les recettes de l’Etat ont, selon Rufyiri, passé de 175 milliards Fbu en 2010 à plus de 500 milliards Fbu en 2012. M. Rufyiri révèle également que les bailleurs n’ont pas aimé l’attitude du gouvernement de refuser de mettre en place la loi instituant l’Impôt Professionnel sur les Rémunérations (IPR) pour les hautes autorités alors que cette somme est prévue dans la loi budgétaire 2012. En outre, la détaxation de 13 produits vivriers importés ampute de plus de 10 milliards Fbu le budget. « Cela a aussi dérangé les bailleurs », précise-t-il.
Selon une source, le gouvernement aurait accepté de réviser le budget. La même source signale que la revue, qui n’a pas été conclue, en juin, a été reprogrammée pour fin juillet 2012.

Le budget sera bientôt révisé

Suite à cette visite de la délégation du FMI, le ministre des Finances, Tabu Abdallah Manirakiza a adressé une correspondance à tous les ministres pour leur faire part des dispositions relatives à la révision budgétaire 2012, selon toujours Gabriel Rufyiri. Dans cette correspondance, le ministre mentionne certains chocs sur les recettes, provoquant un déficit de près de 90 milliards de Fbu pour boucler le budget 2012.C’est notamment la difficulté de pouvoir mobiliser les 59 milliards de Fbu prévus comme financement intérieur, et ce à cause des problèmes de trésorerie des banques burundaises. C’est également près de 70 milliards de Fbu pour la campagne café et le non décaissement des appuis de l’Union Européenne de près de 26,6 milliards de Fbu.

Ainsi, cette correspondance annonce des dispositions prises pour faire face à ce déséquilibre. Le ministère envisage de faire une révision budgétaire pour diminuer le niveau des dépenses, mais en attendant la loi révisée, il recommande aux différents ministères de suspendre toutes les dépenses sauf les salaires et dettes. Mais aussi il précise que de nouvelles mesures d’augmentation des recettes sont prévues : « La hausse de la taxe sur la téléphonie mobile, la consommation de la bière, tabac etc. »

Face à ces mesures de relance, le président de l’OLUCOME déplore le fait de recourir à la hausse des taxes et appelle plutôt le gouvernement à diminuer sensiblement ses dépenses de fonctionnement. « Que le gouvernement réduise au moins les frais de mission, les coûts de l’eau, du téléphone, etc. », suggère-t-il.

Déclaration au terme d’une mission du FMI au Burundi du 28 mai au 8 juin [[Source : FMI, département des relations extérieures]]

Au terme de la mission, M. Williams a fait la déclaration suivante :
{Plusieurs chocs négatifs ont eu des effets défavorables sur l’économie du Burundi. L’inflation globale a atteint 25 % en mars, par suite d’une augmentation exceptionnelle des loyers et des tarifs des services publics et de la cherté persistante des produits alimentaires et des carburants. L’aide budgétaire des partenaires au développement a diminué, limitant la capacité du gouvernement à préserver le niveau des dépenses publiques. Au volet des recettes, les résultats ont été décevants, et il est probable que la croissance économique n’atteigne que 4,2 % en 2012, niveau sensiblement inférieur aux prévisions initiales. L’incertitude entourant la conjoncture extérieure, en raison d’une croissance plus faible des partenaires commerciaux, le tassement des flux d’aide et le niveau élevé des prix du pétrole et des produits alimentaires, accentuent les risques baissiers qui pèsent sur les perspectives économiques. La mise en oeuvre du programme a été délicate. À cet égard, les entretiens ont été centrés sur la politique économique à mener face aux chocs, de manière à préserver une stabilité économique durement acquise et à réduire davantage la pauvreté. La mission a traité des mesures à prendre pour compenser la baisse de l’appui budgétaire et les dérapages des recettes, tout en préservant les dépenses en faveur des pauvres. Elle a encouragé les autorités à consolider la position budgétaire en accélérant la mobilisation des recettes et en renforçant la gestion des finances publiques et de la dette. Elle a, en outre, convenu avec les autorités qu’il était nécessaire de mener une politique monétaire visant à réduire les tensions inflationnistes et à maintenir la flexibilité du taux de change pour préserver la compétitivité de l’économie.
«Le FMI se tient prêt à accompagner le Burundi pour relever ces défis. Les entretiens se poursuivront dans les semaines à venir, le but étant de saisir le Conseil d’administration du FMI des consultations au titre de l’article IV et de la première revue du programme FEC dans le courant de cet été. La mission tient à remercier les autorités pour leur chaleureuse hospitalité et l’esprit de coopération constructive qui a animé les échanges».}

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