Le Tribunal de Grande Instance de Mukaza a condamné, le 3 janvier 2023, la journaliste et défenseuse des droits de l’Homme, Floriane Irangabiye, à 10 ans de prison ferme avec une amende de 1.000.000 de BIF. Floriane Irangabiye a interjeté appel. La jeune femme souffre beaucoup en prison. Iwacu a rencontré son avocat.
Vous êtes le Conseil de FIoriane Irangabiye, aujourd’hui, elle boucle 6 mois de détention, quelle est la situation de son dossier ?
Son dossier est en appel devant la Cour d’appel de Bujumbura. Nous attendons le jour de l’audience. Chaque semaine, on se rend à la Cour d’appel de Bujumbura pour s’enquérir de la situation. Les réponses qu’on nous donne sont toujours les mêmes. Ils disent qu’ils attendent, de la part du ministère de la Justice, la logistique et les véhicules pour le transport jusqu’à Muyinga où elle est détenue.
Vendredi dernier, on est retourné à la Cour d’appel, on s’est entretenu avec la vice-présidente. Par après, nous avons poussé plus loin pour aller au ministère de la Justice. Nous avons rencontré l’assistante du ministre. Cette dernière a téléphoné à la vice-présidente de la Cour d’appel. Elle lui a répondu qu’elle a déjà discuté du cas avec la ministre de la Justice. Elle a insisté en lui demandant s’ils ont déjà préparé l’ordre de mission pour cette audience. Ce qu’ils n’ont pas encore fait. L’assistante lui a donné l’ordre de préparer la descente, d’organiser le jour de l’audience et donner ce que l’on appelle « l’extrait de rôle. » Jusqu’à maintenant, rien n’a été encore fait.
Vous avez tenté d’autres démarches ?
Avant-hier, nous sommes retournés avec la maman de Floriane. Elle a supplié en demandant de faire un geste au cours de ce mois de mars que la plupart des gens appellent le mois de la femme afin que notre cliente puisse plaider au niveau de la Cour d’appel.
Pensez-vous qu’il y a un manque de volonté ?
Je vous ai brossé la situation comme elle se présente. Mais nous espérons que ce mois la Cour d’appel va faire cette descente à Muyinga. Il faut toujours penser positivement.
Actuellement, quel est l’état mental de Floriane Irangabiye ?
Son état mental est bon. Toutefois, vous connaissez la situation actuelle des prisons burundaises. La vie est très dure. Les prisonniers ont du mal à trouver de quoi manger. Il y a des lamentations ici et là.Pire, Floriane Irangabiye vit une situation exceptionnelle par rapport aux autres prisonniers. On la fouille tous les jours avec beaucoup de policiers. Normalement, ce sont les femmes policières qui devaient fouiller l’aire réservée aux femmes. Mais ce n’est pas le cas de notre cliente. Elle est fouillée par des hommes policiers. Nous l’avons déjà signalé au niveau de l’administration de la prison, mais rien n’a changé. Et puis, n’oubliez pas que c’est une jeune maman de deux enfants qu’elle ne voit pas.
Quid de son état de santé ?
A Muyinga il fait froid et notre cliente est asthmatique. Quand le climat change, elle fait directement une crise. C’est dur.
Il y a quelques jours, il semblerait qu’ elle a été agressée par un autre prisonnier ?
C’est un cas que même le gouverneur de la province Muyinga a suivi de près. Il a donné l’ordre que le prisonnier qui l’a agressé soit transféré ailleurs. Mais apparemment, l’auteur de cette agression est toujours à Muyinga.
Est-ce que ses proches peuvent la visiter comme ils le souhaitent ?
Pour le moment, la famille peut la voir. Ce n’est pas comme avant. Il y avait un registre qu’on devait signer pour la voir. Dernièrement, j’ai entendu qu’on a stoppé cette pratique. Elle peut recevoir de la visite comme tous les autres prisonniers.
Qu’est-ce que vous attendez de la Justice burundaise ?
Nous demandons la libération de Floriane Irangabiye. Les infractions qu’on lui reproche ne sont pas fondées. Ce sont des motifs ambigus parce qu’il n’y a pas de preuves pour qu’elle soit incarcérée aujourd’hui.
Selon votre analyse, est-ce que l’on peut s’attendre à une libération prochaine de votre cliente ?
On attend. De toutes les façons, un jour Floriane Irangabiye doit être libérée, car les accusations sont sans fondement juridiques.
Propos recueillis par Fabrice Manirakiza
C,est dommage pour cette journaliste et sa famille. Je pkeure aussi la conscience séquestrée des magistrats qui sont condamnés à condamner sans loi ni conscience.
Burundi, être partisan du ‘mauvais côté’ est un crime.
On devra attendre une autre justice ou les ordres d’en haut.
Maintenant qu’on a vu même le haut sommet de l’Etat tout sourire en photos avec Kagame, être sur une photo avec la photo de Buyoya et/ou Kagame en background n’est plus une preuve de comploter contre son Pays.