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Fiston Mwanza Mujila : « Ce qui compte ce n’est pas le texte ni le contenu mais le rythme »

30/06/2011 Commentaires fermés sur Fiston Mwanza Mujila : « Ce qui compte ce n’est pas le texte ni le contenu mais le rythme »

En marge des Journées littéraires, Iwacu a eu l’occasion de s’entretenir avec Fiston Mwanza Mujila, grand espoir de la poésie congolaise. L’écrivain est publié dans l’anthologie « {Émergences} : renaître ensemble », qui rassemble 24 auteurs des Grands Lacs.

De quoi parle «  Requiem pour une ville morte » ?

Ma poésie parle de mon pays. Le Congo. Un pays dont la situation actuelle me dégoûte. Il est à l’image d’une très belle femme qui fait de très beaux enfants chaque jour et qui chaque soir les tue au bord du fleuve Congo. On est des milliers de congolais qui sont chômeurs en Europe, vagabonds à Paris, dealers à Moscou et qui ne foutent rien. Or c’est dommage car notre pays est riche et dispose de potentialités énormes. On gagnerait plus à rester chez nous.

Cela vous a-t-il touché personnellement ?

Oui, j’ai perdu par exemple mon meilleur ami, un gars qui adorait danser la musique de Koffi Olomidé. Il est parti à l’armée et on ne l’a plus jamais revu. Petit, je voulais devenir saxophoniste c’était ça ma vie, mais voilà un autre rêve gâché comme tant d’autres.

Quand on lit votre poésie, on est surpris par la construction des phrases, qu’est-ce qui vous a inspiré ?

A un moment donné, j’ai réalisé que le saxophone pouvait être une langue et les mots des notes. J’ai donc commencé à travailler comme un saxophoniste, transformant mon écriture en une partition de jazz, insérer un rythme à mes textes. J’aime casser le rythme car après tout le jazz, c’est le chaos mais dans ce chaos, il y a un ordre. Les mots peuvent être tour à tour une batterie, une cymbale, un piano… il m’est arrivé d’écrire des textes sur la guerre et le rythme des mots était celle d’une kalachnikov par le crépitement des balles. Ce qui est important en fait, ce n’est pas le texte ni le contenu mais le rythme.

Vos projets ?

Je viens de finir un recueil de poème : « Le fleuve dans le ventre ». Quand j’étais petit, je pensais que le fleuve appartenait à mon père. Mon père me posait souvent la question de savoir ce que je ferais du fleuve plus tard et je lui répondais que j’irais en Angola, en Tanzanie grâce au fleuve. Vers 13, 14 ans, j’ai réalisé qu’il n’appartenait pas à mon père mais à l’état congolais et ce dernier le laissait au chômage. Ce fleuve s’ennuie depuis l’époque des prophètes Noé, Moise, et c’est triste car il peut fournir de l’électricité, on peut organiser la coupe du monde de surf…enfant, je buvais de l’eau et dans mon imagination je pensais que le fleuve bouillonnait dans mon ventre. A mes yeux, je suis enceinte du fleuve Congo depuis 40 ans, 36 mois et 72 jours. Il était grand temps que j’accouche.

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