Lundi 23 décembre 2024

Sports

« Fire Cine », feu !

17/08/2021 7
« Fire Cine », feu !
Francine Niyonsaba aux JO de Tokyo (juillet 2021). crédit photo (Francine Niyonsaba)

Sur son compte whatsApp, elle se nomme elle-même, « Fire Cine ». C’est vrai, Francine Niyonsaba est une fille de feu, un mental d’acier. Elle a raconté à Iwacu son expérience au Japon.

Alors que les instances de l’athlétisme international lui avaient interdit de courir son épreuve préférée, les 800 mètres, « Fire Cine », nullement abattue, s’est repliée sur les 10 000 mètres. Elle va courir aux côtés de grandes athlètes de renom, comme celle qu’on surnomme la « flèche », la Hollandaise Hassan Sifani. Il faut vraiment du courage de passer du 800 mètres au 10 000 mètres. Et justement, à quoi pense-t-elle quand elle court : « La première chose qui me vient à l’esprit quand je concours, c’est le refus de la peur. Je suis une athlète expérimentée, je me dis que j’en suis capable. Je viens d’un milieu modeste, représenter mon pays à l’étranger, c’est quelque chose de très précieux. Un honneur pour celle qui m’a mise au monde, pour moi-même et pour le pays. »

Francie raconte qu’elle sait que beaucoup de gens scrutent ses faits et gestes, des jeunes la regardent porter le titre d’athlète de haut niveau sur le plan international. « Ce que je fais ne concerne pas que moi,mais tout un pays », elle « carbure » sur cette motivation.

A Tokyo, à la surprise générale, elle va finir 5ème. Une belle performance, selon tous les spécialistes et commentateurs sportifs. « Fire-Cine » se souvient d’une course très dure : « A Tokyo, les compétitions se sont déroulées dans un climat d’extrême chaleur et une humidité terribles. Ce qui explique pourquoi certains athlètes, même parmi les plus renommés, n’ont pas pu aller au bout des tournois. Mais cela est tout à fait normal et ça peut arriver à n’importe qui, car le corps a ses limites. Parfois, au lieu de prendre des risques pour sa santé, il vaut mieux arrêter. »

Francine Niyonsaba est satisfaite de sa performance à Tokyo. Elle va continuer à s’entraîner au Kenya « avec le coach des athlètes kenyans ». Elle est admirative de l’engagement de certains pays, comme le Kenya, pour la promotion du sport et le soutien aux athlètes. « Je n’ai pas de soutien de la part de mon pays pour les entrainements », regrette-t-elle. «
Elle dit aimer son pays et souhaiterait que ses performances servent d’exemple aux jeunes. Mais, selon elle, c’est difficile de progresser quand on est privée de soutien. “Savoir que l’on est soutenu est un bon réconfort, pas seulement lorsque vous allez prendre part à des compétitions. Et ça devient paradoxal que le pays, veuille obtenir une médaille.” Elle rappelle un proverbe rundi qui dit que “la vache ne donne du lait que parce qu’elle a été bien nourrie.”( on dirait, retour sur l’investissement).

Mettre en place une loi sur le sponsoring

Francine Niyonsaba après sa course aux JO de Tokyo. crédit photo (Francine Niyonsaba)

Sans être amère ou rancunière, Francine Niyonsaba pointe par exemple le manque d’habillement, de chaussures, surtout, dit-elle «  quand tu te rends compte à quel point les athlètes d’autres pays sont dans de bien meilleures conditions matérielles”. Des fois, dit-elle, parfois “tu sens marginal.”

Mais elle ne perd pas espoir. Elle croit que les autorités et les gestionnaires du sport burundais vont “évoluer »  et améliorer la situation de nos athlètes. Elle a même une suggestion : “L’Etat devrait mettre en place une loi de sponsoring qui permettra aux athlètes burundais de participer dans les grandes compétitions en étant pleinement soutenus, avec le sourire, de beaux vêtements et des chaussures fournis par le Burundi.”

Rien ne semble l’arrêter et, après Tokyo, on va encore la voir sur les pistes. «  J’ai la patience, la persévérance et la détermination. Des dons que Dieu m’a faits et qui sont la clef du succès”. Et puis, “j’aime le Burundi”, conclut-elle.

Alors, à vos marques, prêts ? Feu ! Go ahead, “Fire Cine !”

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Jereve

    Je me rappelle que Francine Niyonsaba a été reçue, je dirais en grande pompe, par l’ancien Président de la République. Il l’a décorée de médailles et d’honneur les plus prestigieux que la nation peut offrir et même, si je ne me trompe pas, des décrets sont sortis pour officialiser l’événement exceptionnel. A ce moment j’avais pensé que l’État s’engageait officiellement à mettre cette athlète talentueuse sur la liste de ses priorités, et surtout la mettre à l’abri des soucis logistiques. Pourquoi en est on encore loin?
    Réponse
    Moi aussi, c’est ce que j’avais cru comprendre. Mais, apparemment ce n’est plus d’actualité… « Elle doit encore faire ses preuves » et surtout « arrêter de se plaindre »
    Antoine Kaburahe

  2. Mateso

    Francine ne présente aucun signe de feminité ; elle est quasiment « mec »donc qu’elle en tire profit au 50000 et 10000 . Nous lui souhaitons bonne chance!
    Réponse de la rédaction

    Vous êtes spécialiste pour affirmer cela? Et puis… »Elle est mec »! Soigner un peu votre langage, si c’est possible

  3. Muvuduka

    Disons-nous la vérité le Burundi n’a pas pratiquements d’athlètes à l’instar des pays comme le Kenya l’ethiopie l’Uganda progresse aussi pour attirer l’attention du Gouvernement ou des sociétés !
    Francine contrainte à abandonner le 800m; elle doit maintenant prouver qu’elle peut récolter des médailles au 5000 et 10 000 face aux internationales Ethiopiennes Kenyannes Russes etc. le reste viendra après!

    Réponse
    Pour que ce « reste vienne après », il faut d’abord investir, lui donner les moyens de s’entraîner, d’améliorer sa performance. Cela ne tombe pas du ciel…Je pense qu’elle a déjà fait sa part: arriver 5ème dans une telle compétition alors que tout le monde sait d’où elle vient n’est pas facile. Bref, donnons à Francine les moyens. Croyons en elle !
    Antoine Kaburahe

  4. Nkebukiye

    Merci pour ta réponse Antoine. En effet, certains d’entre nous ne réalisent pas vraiment tous les efforts à mettre ensemble pour réussir. Dans les compétions sportives, économiques, techniques,…la médiocrité n’est pas admise. De plus la concurrence est rude.

  5. Pablo

    Mlle Francine tu te lamentes toujours que le Burundi ne te soutien pas comme tu le souhaites; tu dois plutôt travailler durement pour décrocher les 1ères places comme ça tu auras des contrats de pub et ainsi de sponsoring.
    Umwana w’umukene (rukoti)ntiyirirwa arizoga ngo Papa ntiyangutiye ibirato n’impuzu nk’ivy’umwana wa naka ahubwo ariga cane akamenya maze nawe akazovyigurira

    Ma réponse
    J’ai beaucoup discuté avec Francine Niyonsaba et en tant qu’auteur de l’article sur lequel vous réagissez, sans être porte-parole de l’athlète Niyonsaba, je voudrais vous dire que:
    1° Personne ne peut arriver au sommet, surtout aux Jeux olympiques, sans être soutenu par son pays ! C’est d’abord une question d’honneur et de fierté pour les Nations, mais aussi cela demande des moyens pour rivaliser avec les plus grands du monde: des entraineurs hautement qualifiés, des entrainements dans des centres spéciaux, un suivi médical, des kinésithérapeutes (massages), du matériel adapté (donc cher!), etc.
    2° Pour qu’un (e) athlète arrive à un tel sommet, sa pensée doit être libre des préoccupations genre chaussures, vêtements, loyers, restauration. Vérifiez encore, tous ces athlètes qui arborent l’or sont totalement pris en charge par les pays. Si vous avez fait attention, derrière chaque champion du monde, il y a un véritable « staff » dédié, aux petits soins pour l’athlète.
    3° Vous allez me dire que notre pays n’a pas les moyens. OK. Mais dans ce cas, le gouvernement peut inviter (pour ne pas dire obliger) des grosses sociétés privées à mettre des moyens dans un fonds dédié au soutien des athlètes. Par le passé, la Brarudi a encadré des athlètes et c’est ainsi que le Burundi a décroché la première médaille olympique. Ce n’est pas notre Dieudonné Kwizera, alias « Muvuduka » qui me contredira. Pourquoi ne pas renouveler l’expérience. Imaginez par exemple que la Brarudi, Econet, Lumitel, et autres se mettent ensemble pour dégager des moyens pour les athlètes burundais de haut niveau? Ce serait une bonne piste pour le soutien de nos sportifs.
    4°  » Elle doit travailler durement » dites-vous… Comme si elle s’amuse maintenant ! Votre commentaire est trop simpliste, Francine ne se lamente pas, elle dit sans amertume la réalité qu’elle vit. Au lieu de la dénigrer, le mieux serait d’imaginer des solutions pour elle et d’autres.
    Bien à vous
    Antoine Kaburahe

    • Yan

      Qu’est-ce qui empêche les sponsors d’intervenir? Il semble qu’on devra absolument chercher des financements de ce côté-là pour le sport d’élite. En effet, sans vouloir défendre l’Etat (qui n’a vraiment pas besoin de ma défense), il a plusieurs priorités à financer avant le sport de haut niveau: lutte contre la faim, l’enseignement, la santé, les infrastructures, etc.

      Réponse
      Mais l’Etat ( le ministre de tutelle) peut organiser les opérateurs économiques pour cette bonne cause. Je suis sûr qu’une demande du gouvernement serait mieux reçue. Mais si vous attendez que les opérateurs privés prennent l’initiative…
      Antoine Kaburahe

      • Yan

        Je parie que le préposé au sport national a lu votre clin d’oeil!

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