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Filière café, un secteur en pleines turbulences

05/05/2013 Commentaires fermés sur Filière café, un secteur en pleines turbulences

Une année s’achève. Le secteur du café est engagé dans un processus de libéralisation et de privatisation. Pour les caféiculteurs, cette dernière reforme n’a été qu’un échec. L’Agence de Régulation de la Filière Café au Burundi (ARFIC) dément.

<doc5091|right>1991. La filière café, au Burundi, se lance dans un processus de libéralisation et de privatisation. Mais pour des raisons de guerre civile, celles-ci ne commencent qu’à devenir effectives qu’en 2011. Selon Joseph Ntirabampa, président de la Confédération Nationale des Associations des Caféiculteurs du Burundi(CNAC), la libéralisation semble avoir réussi. Toutefois, il formule des réserves : « Le succès est encore partiel car le gouvernement a toujours un regard dans la commercialisation, surtout pour le café full-washed».

Quant à la privatisation, il estime que c’est un échec pour la filière. « Les stations de lavage qui sont en train d’être vendues par l’autorité publique appartiennent aux caféiculteurs. Le gouvernement nous a fait contribuer 60F le kilo, il y a des dizaines d’années, pour rembourser la dette qui avait été contractée pour les ériger », explique-t-il.

Il ne s’arrête pas là. Lors de la mise en place de ces stations, poursuit M. Ntirampeba, la population en a vite saisi l’importance. Elle a donné ses parcelles pour l’installation. Mais pour le moment, poursuit-il, force est de constater que ces propriétés se retrouvent dans les mains des privés, sans que les anciens propriétaires ne soient indemnisés.

Le président du CNAC revient également sur le fameux fonds de stabilisation. Ce dernier, rappelle-t-il, est constitué par les « miettes » de l’argent issu de la vente du café à l’étranger après avoir payé les caféiculteurs, rembourser les emprunts aux banques et payer les dividendes aux actionnaires de la Sogestal.

Et le solde est crédité au compte du fonds de stabilisation. Cette caisse, mentionne le président du CNAC, est la propriété des caféiculteurs. « Ce sont nos moyens qui alimentaient le fonds », assure-t-il. Actuellement, précise M. Ntirampeba, il affiche à son crédit 9 milliards de Fbu. « Mais malheureusement, le gouvernement aurait l’intention de vider le compte », alerte-t-il. Ajoutant que cela pourrait se faire très rapidement.

Volte-face des caféiculteurs

Le 29 novembre 2011. Ils adressent une lettre au président de la République. Ce sont les différentes associations des caféiculteurs dont la CNAC. Ils sont au nombre de 19. Ceux-ci n’hésitent pas, non seulement à dénoncer ces irrégularités que subit ce processus de privatisation, mais aussi ils annoncent qu’ils changent leur fusil d’épaule : « Les caféiculteurs refusent de cautionner l’actuelle stratégie de privatisation qui conduira inéluctablement à la destruction de la filière…Étant donné le grave sentiment d’injustice ressenti par les paysans qui ont massivement voté pour vous, la CNAC décline toute responsabilité et seul le gouvernement sera tenu responsable des débordements éventuels qui s’en suivront. En conséquence, les coopératives de caféiculteurs ne prendront pas la part réservataire de 25% qui leur est proposé et qui constitue une manœuvre dilatoire pour permettre aux multinationales d’attirer la cerise des pauvres paysans, désormais à leur total merci », dit la lettre.

L’Agence de Régulation de la Filière Café dément

L’agence réfute les reproches faits au gouvernement par les caféiculteurs. «Les fonds, qui ont servi de remboursement sur la dette de construction des stations de lavage, n’ont pas été prélevés sur la rémunération des caféiculteurs », réplique Pascal Girukwishaka, directeur technique de l’Arfic. Ce dernier indique que seule la rémunération du service des patrimoines, organe chargé de veiller au patrimoine étatique engagé dans la filière, faisait objet de ponction pour désintéresser le créancier.

De surcroit, le directeur technique se dit ne pas comprendre, sur la question d’indemnisation, ces caféiculteurs. « Toute personne qui a disponibilisé sa parcelle, pour y ériger une station de lavage, a été indemnisée», affirme-t-il, sans préciser quand l’opération a eu lieu.
Pourtant, il n’est pas facile de connaître à qui revient le fonds de stabilisation. Selon toujours la même source, les 9 milliards de Fbu appartiennent à la filière café. A la question de savoir l’identité précise de celle-ci, le directeur explique que c’est le gouvernement, les caféiculteurs, les acheteurs, bref tous les acteurs intervenant dans le secteur.

Sur le risque de voir l’autorité étatique vider ce fonds, M. Girukwishaka n’y va pas par quatre chemins, «l’État, qui fixait seul le prix d’achat du café sur le marché local, a fait les frais de la chute des cours internationaux, de 1999 jusqu’en 2003. Ceux-ci avaient sensiblement chuté. Des subventions, à hauteur de 18milliards, ont été décaissées pour rembourser les banques qui avaient financé les campagnes. Les Sogestal ont juré que jamais elles ne rembourseront ce montant. Elles avancent que l’État n’a qu’à manger seul les fruits pourris de son monopole de faiseur des prix. Pour ce, le gouvernement compte s’indemniser sur les 9 milliards, quoiqu’insuffisants par rapport aux 18 {perdus} », conclut-il.

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