Au moment où le gouvernement lance la deuxième étape de la privatisation de la filière café, les caféiculteurs grognent. Joseph Ntirabampa, président de la confédération nationale des associations des caféiculteurs du Burundi (CNAC-Murima w’isangi), fustige une stratégie qui conduirait à la destruction pure et simple de cette filière. <doc2197|left>A l’issue d’une réunion tenue 29 novembre 2011 des représentants de toutes les provinces, les caféiculteurs déplorent amèrement l’indifférence du gouvernement face à leurs propositions pour que cette privatisation se passe correctement. Ils dénoncent la mauvaise volonté du gouvernement qui procède à la deuxième phase alors que la première, selon eux, était irrégulière. D’après M. Ntirabampa, face à cet entêtement du gouvernement, les caféiculteurs décident de ne pas cautionner cette stratégie de privatisation. Pour eux, elle conduira inévitablement au démantèlement de la filière et à l’appauvrissement de 55% des burundais : « Elle aboutira aussi, sans doute, à exposer la principale source de revenus des paysans et de devises pour pays au monopole des multinationales étrangères », ont-ils mentionné. Les caféiculteurs refusent les 25% Selon les caféiculteurs réunis au sein du CNAC, les coopératives des caféiculteurs ne prendront pas la part réservataire de 25% qui leur est proposée et qui, à pour eux, constitue une simple manœuvre dilatoire pour mettre la cerise des pauvres paysans à la merci des multinationales », ont-ils remarqué. Ils s’engagent à faire tout ce qui est de leur pouvoir pour développer leurs propres stations de lavage ou pour se spécialiser dans la sous filière "washed". Pour eux, c’est le seul mérite d’une libéralisation qui permet à chacun d’œuvrer sur des segments de son choix. Ils attirent aussi l’attention du gouvernement sur les débordements éventuels qui, soulignent-ils, pourraient handicaper le cours normal de cette privatisation qu’ils jugent discriminatoire par ailleurs : « Toutes les réunions sur la question de privatisation de la filière café se tiennent en français ou en anglais alors que les caféiculteurs, pour la plus part, ne comprennent pas ces langues », ont-ils déploré. Par conséquent, concluent-ils, il leur est difficile de comprendre son bien-fondé. Les investisseurs inquiets aussi <doc2196|eft>Pour Malolan Sampath Olan, investisseur en provenance de Singapour, il faut que le gouvernement donne des garanties : «Si un investisseur intervient par exemple dans l’entretien des caféiers dès la plantation jusqu’à la moisson, est-ce qu’il y aura des garanties pour empêcher d’autres investisseurs de venir récolter là où ils n’ont pas investi dans l’entretien ? », se demande-t-il. Toutefois, il reste optimiste qu’au fur du temps le gouvernement pourra surmonter tous les défis. M. Malolan représente la société Olan International qui fait le commerce du café dans plus de 25 pays africains. Toutes ces inquiétudes ont été soulevées au cours d’un atelier centré sur l’investissement dans la filière café, tenu à l’Hôtel Source du Nil de Bujumbura ce jeudi, 1er décembre.