Chaque année, des milliers de jeunes accèdent aux études supérieures dans des établissements publics ou privés. Par absence d’une politique d’orientation efficace, certaines filières se retrouvent envahies, tandis que d’autres sont dépeuplées.
À l’Université du Lac Tanganyika, de 2010 à 2015, l’effectif d’étudiants de la FSGEA (Faculté des Sciences de Gestion et Economie Appliquées) est passé de 157 à 375. Dans la même période, celle de droit verra l’effectif des étudiants chuter de 147 à 28. Même constat à l’Université Lumière de Bujumbura. Le droit passera de 183 à 72. Les facultés qui étaient prisées auparavant sont au fur à mesure délaissées. Et pour cause, elles n’offrent plus assez de débouchés aux lauréats. Hugues Nkengurutse, journaliste et assistant à l’Université du Lac Tanganyika, dira que c’est aussi par absence d’idéal à défendre : « Par exemple, avant, les étudiants choisissaient le droit pour défendre des idéaux nobles, comme la justice, les droits humains, mais malheureusement les nouvelles générations, dépitées de la réalité locale, n’en ont plus rien à faire. »
Le choix du cursus à emprunter est loin d’être avisé, un engouement irraisonné se porte sur les nouvelles facultés. Sauf certains étudiants qui évoluent dans un environnement familial instruit qui leur prodigue des conseils judicieux, les autres s’orientent en se basant sur des critères assez futiles. Ou ils voudront fuir des matières qui les ont traumatisées à l’école secondaire, ou bien ils emprunteront des cursus supposés être faciles.
La majorité des étudiants se précipite dans les facultés dites à finalité parce que pourvoyeuses d’emploi à terme. Mais ces dernières menacent d’être aussi vite saturées et délaissées comme le sont actuellement le droit et les sciences sociales. Cas illustratif, Odyssée I., qui vient de se faire inscrire dans la faculté de Statistiques. Au grand dam d’un professeur qui l’écoute, il avoue être indécis sur les raisons profondes qui le poussent à choisir cette faculté, sauf qu’il paraît qu’elle est nouvelle et qu’elle offre des opportunités d’embauche à terme.
Un système académique qui essaie de s’adapter
Romuald N., mémorand en Communication sociale, regrette qu’il ait eu pendant ses études à assimiler plus de théories et que la pratique lui reste inconnue. Rejoint sur cela par Jean Darcy B., mémorand en Droit, ils restent tous dubitatifs quant à leur chance de trouver un emploi en rapport avec leurs études à la clôture de leur mémoire.
Leurs cadets sont pourtant beaucoup plus confiants. Nicole K., étudiante en BAC I dans la FSGEA, pense qu’à sa sortie elle sera apte, non pas à quémander un emploi, mais plutôt à en créer. « La restructuration du système académique a ouvert de nouveaux horizons jusque là inexistants. Axé sur plus de travaux pratiques, elle tempère les défis que l’étudiant classique était obligé de relever, même si des améliorations restent à faire », apprécie Hugues Nkengurutse.
Une responsabilité à plusieurs niveaux
Pour Elisée Niyonzima, directeur des services académiques de l’Université Lumière de Bujumbura, le mieux serait de former en fonction des besoins en emploi. « Il faudrait chercher à avoir une adéquation formation-emploi et cesser de former pour former. Des recherches au plan national sont nécessaires pour identifier les besoins de la société, et ainsi donner des directives aux universités qui devraient en tenir compte. »
Hugues Nkengurutse dénonce l’absence d’une politique du gouvernement qui devrait réglementer les études et promouvoir l’enseignement supérieur. Notamment en facilitant la spécialisation des professeurs d’université. « Mais aussi, le gouvernement devrait créer un environnement économique viable basé sur la méritocratie, la compétition, la qualité dans les services. Sans cela, les étudiants perdent espoir en leur avenir et ne se préoccupent plus du bon fondement de l’orientation de leurs études. »
Elisée Niyonzima avance aussi que les universités et les écoles secondaires devraient aussi mettre la main à la pâte. « Des concertations devraient être faites entre ces deux institutions pour fournir aux futurs étudiants des explications systématiques sur le cursus à emprunter. » Il conclut en recommandant que « les universités devraient fournir aux étudiants une documentation exhaustive sur les facultés disponibles afin de leur permettre de s’orienter en connaissance de cause et de prendre conscience à l’avance des opportunités qui leur sont offertes. »
Sollicitée pour s’exprimer sur cet état de fait, la direction générale de l’Enseignement supérieur n’a pas pu se prononcer, faute de temps.
Et qu’en est-il de ceux qui sont orientés par la commission d’orientation de l’Etat? Vous nous parlez seulement de ceux qui s’orientent dans les universités privées, qui ont le libre choix. Comment se fait l’orientation a l’UB? a l’ENS? Parlez-nous de leurs criteres svp.
Une petite histoire: pendant que les hutu électeurs du cndd-fdd meurent comme des mouches dans les provinces, un jeune médecin doit débourser un million de fbu pour être embauché à Cankuzo, Rutana ou ailleurs. Et peu sont capables de rassembler ce montant. Dans notre famille, nous avons attendu 14 mois de cotisation pour graisser la patte de ces inconscients, malgré nous……Uzo zivugijwe niko zitambwa
Tout en espérant que le dénouement est proche, je vous souhaite une bonne journée
Kibwa
Le système éducatif burundais est à repenser, entièrement. J’étais étonné d’apprendre dernièrement que maintenant les médecins formés (alors que nous en avons cruellement besoin) font eux aussi, face au chômage, comme tout le monde…! C’est cela un pays sans perspective, aucune pour sa jeunesse, un pays sans vision aucune, un pays sans projet de société. Notre maison brule et ceux qui sont censés s’en occuper ne font que piller les deniers publics au grand jour… ! Jewe nibaza ko abadutwara l’éducation est le cadet de leur souci… !
« Ou ils voudront fuir des matières qui les ont traumatisées à l’école secondaire, ou bien ils emprunteront des cursus supposés être faciles. »
Moi je les comprends à ce niveau: inutile de se lancer dans les études comportant des matières dont on se sent moins capable de réussir, car le % d’échec dans l’enseignement supérieur est parfois sidérant dans certains pays!