Non-paiement des caféiculteurs, non-rapatriement des devises, des structures de régulation mal règlementées… Entre autres motifs derrière la déprivatisation du secteur café.
L’Etat veut reprendre les rênes du secteur café dont il s’est désengagé depuis 1991. Une stratégie de restructuration de ce secteur a été présentée devant le récent conseil des ministres.
Le ministre de l’Agriculture donne quelques raisons de ce réengagement de l’Etat, lors d’une conférence de presse animée ce mardi 15 octobre. Le ministre Déo Guide Rurema indique que l’Etat se base sur le rapport d’évaluation de la banque mondiale qui relève plusieurs défis dans le secteur du café, depuis sa privatisation.
Le retard énorme de paiement des caféiculteurs est le principal motif. Selon lui, les caféiculteurs pouvaient passer près d’un an sans être payés. Il évoque une dette de plus de 2 milliards BIF en 2016.
Ensuite, la création des structures de régulation de la filière café (Arfic, Intercafé, etc.) dont la règlementation, n’a pas été analysée profondément. « Ces organes n’ont réellement aucun pouvoir de contrôle de ce secteur. »
L’autre défi, d’après le ministre, est le non-rapatriement des devises qui découlent de l’importation du café. « Tous ces problèmes nous obligent à réorganiser le secteur du café. »
Déo Guide Rurema juge inexplicable que le ministère de l’Agriculture n’ait aucun pouvoir de contrôle et ne joue aucun rôle dans l’encadrement des caféiculteurs. « Or, quand les cultivateurs ont des problèmes, ils viennent se plaindre au ministère. Alors que les organes de régulation existent. »
Il annonce une mise en place de « structures réalistes » où le gouvernement aura un grand rôle. « Nous avons des agronomes provinciales et communales, des moniteurs agricoles au niveau des collines qui pourront encadrer les caféiculteurs. »
Ce ministre explique que l’Etat s’était désengagé de ce secteur car les objectifs visés étaient clairs : l’augmentation des revenus des caféiculteurs, l’accroissement de la compétitivité de la filière café ainsi que la valorisation du patrimoine de l’Etat. « Qui aurait refusé ? Malheureusement, la mise en œuvre a été toute autre», regrette M. Rurema.
Le ministre de l’Agriculture annonce qu’au cours de cette campagne café 2019-2020, la production du café cerise est de 47 tonnes sur une prévision de 75 tonnes, soit plus de 63%. 47 tonnes alors que l’on espérait 75 tonnes et tu parles d’accroissement ? La valeur du café déjà exporté est de plus de 6 millions USD dont le montant rapatrié est de plus d’un million de dollars USD.
Selon le ministre, plus de 98 % de la somme due aux caféiculteurs a été payée. Sur le montant total de plus de 22 milliards BIF à payer, plus de 21 milliards sont déjà payés. Une information confirmée par la Cnac (Confédération nationale des associations des caféiculteurs).