Par Antoine Kaburahe
Le jury des One World Media Awards a attribué le prix spécial à nos collègues de « Myanmar Now » de l’ex- Birmanie. Nous saluons ce choix et félicitons nos collègues de Myanmar . C’est une reconnaissance largement méritée.
Trois médias étaient finalistes pour ce prix qui récompense les médias courageux à travers le monde. Le journal « Connectas » (Colombie), Iwacu (Burundi) et « Mynamar Now », (ex-Birmanie). Les trois médias partagent tous un point commun : le travail dans un contexte difficile, sinon hostile. Les assassinats des journalistes en Colombie, ce n’est pas du cinéma. Les cartels font la loi dans ce pays. Des journalistes sont traqués, assassinés. Dans l’ex- Birmanie, ce n’est pas plus simple : une junte militaire veut mettre au pas tout un pays. Là aussi, les journalistes paient un lourd tribut leur mission d’informer.
Depuis treize ans, Iwacu essaie de faire humblement son métier : informer. Notre média a déjà payé le prix fort pour son engagement pour une information de qualité. Je peux en témoigner. J’ai vécu personnellement cette descente aux enfers.
Après que des centaines de collègues aient pris la route de l’exil sur les ruines fumantes des radios incendiées en mai 2015, je suis resté. En novembre 2016, soit six mois après la tentative de coup d’Etat, j’ai été menacé, accusé d’être impliqué dans le « putsch ».Pour sauver ma vie, j’ai dû fuir encore (j’avais connu un premier exil entre 1997-2008 ).
Je prends ici l’occasion de saluer mes collègues, car Iwacu ne s’est pas effondré avec mon départ. Ils sont restés debout, dans un contexte particulièrement hostile. Honneur à eux.
Je ne vais pas égrener ici le parcours semé d’embûche qui est celui d’Iwacu. Nos lecteurs ont suivi ce chemin sinueux avec nous. Reste que sans l’aide de Reporters sans frontières (RSF), l’information publiée sur notre site ne serait plus du tout accessible au pays. A ce jour, en effet, le site www.iwacu-burundi.org est toujours bloqué au Burundi. Il faut passer par le site « miroir » mis en place par RSF, https://iwacu.global.ssl.fastly.net/https://iwacu.global.ssl.fastly.net/
Iwacu a donc été choisi parmi plus de 400 médias à travers le monde, comme finaliste de ce prix international qui récompense des médias courageux aux côtés de collègues Colombiens et ceux de l’ex- Birmanie. Nous saluons encore ceux-ci pour ce prix mérité. Pour Iwacu, faire partie de la « shortlist » des finalistes est déjà une reconnaissance de son travail, une victoire en soi.
Rester debout, même quand les soutiens se font rares
En ce moment, nous pensons aussi à notre collègue Jean Bigirimana, victime d’un « enlèvement forcé » en juillet 2016, son corps n’a jamais été retrouvé. Et à nos quatre collègues privés de libertés pendant une longue année, parce qu’ils s’étaient rendus en reportage pour rendre compte des faits.
Pendant toutes ces années, nous ne comptons plus les tentatives de pression et les menaces pour faire taire la rédaction d’Iwacu. Comme l’affirme notre devise, Iwacu, « ce sont les voix du Burundi, toutes les voix. » Nous restons cette voix ;
Iwacu continue à travailler dans des conditions difficiles, les soutiens se font rares, et nous sommes souvent attristés de ces nombreuses attaques infondées qui polluent les réseaux sociaux.
Mais nous restons debout pour un journalisme honnête et rigoureux, pour le droit à l’information qui doit rester sacré, et pour nos lecteurs qui ont consulté notre site plus d’un million de fois au cours de ces douze derniers mois. « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts .» (Frédéric Nietzsche).
Mes Félicitations au Journal IWACU!!
Tâtez le pouls, petit à petit. Osez dire ce qu’on ne veut pas que vous disiez. S’ils se taisent, avancez encore. s’ils rugissent, attendez et voyez. S’il le faut reculer un peu mais ne restez jamais à la même place SVP, au prétexte qu’il y a des menaces.
Rien ne se donne sur un plateau d’or; tout se conquiert et c’est le moment: saisissez la balle au bond.
Les temps sont favorables, le Gouvernement ouvre petit à petit l’espace des libertés, le Forum d’Iwacu et Bonesha FM ont été ouverts, BBC ouvre, Ikiriho aussi, le Président de la République semble favorable, ….et on ne voudra pas reculer quand-même, cela n’est pas dans leur intérêt. On veut des points, encore des points. Les journalistes vous êtes les yeux et les oreilles « y’abenegihugu », et du Président aussi. Car en effet vous l’aidez à savoir les choses qu’il ne peut pas savoir de son entourage proche pour diverses raisons, des choses qui ne marchent pas, et alors à prendre une décision.
Allez réveillez-vous et allez au boulot les gars!
NTACITWAZO JA KUKAZI.
Cao.