Vendredi 22 novembre 2024

Société

Fièvre de la vallée du Rift : les vendeurs du bétail broient du noir

28/05/2022 Commentaires fermés sur Fièvre de la vallée du Rift : les vendeurs du bétail broient du noir
Fièvre de la vallée du Rift : les vendeurs du bétail broient du noir
Etables des vaches, à Mutimbuzi

Manque d’occupation, conflit avec les banques, … les commerçants du bétail ne savent plus à quel saint se vouer depuis que des cas de fièvre de la vallée du Rift ne cessent d’être signalés surtout au Nord du Burundi. Le gouvernement a décidé de fermer les marchés de bétail.

« Nous ne savons pas comment nous allons payer les crédits contractés auprès des banques. Moi, par exemple, je viens de passer deux semaines sans travailler. Car, les marchés de Kayanza et Ngozi sont déjà fermés. C’est vraiment très difficile », confie Gaspard Bukuru, un commerçant de bétail. Les pertes sont déjà innombrables.

Par exemple, ce père de famille indique que cette maladie s’est annoncée alors qu’il venait de louer un camion de type Fuso pour deux mois : « Et là, j’avais déjà payé le propriétaire. Ce qui signifie que je ne peux pas aller lui demander d’annuler ce contrat ».

Aujourd’hui, il affirme qu’il lui est difficile de subvenir aux besoins de sa famille comme d’habitude au vu de ces circonstances et de la situation qui s’empire au jour le jour.

Désemparé, un autre commerçant de bétail confie qu’il avait contracté une dette auprès d’une banque pour faire son commerce. Avant cette maladie, il n’avait aucun problème de remboursement. « Mon business était florissant. Je pouvais faire au moins deux tours par semaines. Et là, je ne pouvais manquer quoi faire vivre ma famille. Et aujourd’hui, je suis sûr que ce mois, je ne vais pas rembourser parce que mon travail s’est arrêté. »

Et selon lui, il n’y a aucun doute : la banque va continuer à comptabiliser ses intérêts. « Nous souffrons énormément. Il faut que le gouvernement trouve une solution urgente ».

Selon lui, la situation affecte plusieurs personnes : « Par exemple, quand on amène nos vaches à Bujumbura, elles ne sont pas directement abattues. Nous avons des jeunes gens qui veillaient sur ces bêtes en attendant le jour de l’abattage. Ils étaient payés par jour. Aujourd’hui, ils n’ont plus d’occupation. » Idem pour les chauffeurs, les bouchers aussi.

L’agriculture aussi affectée
Pour sa part, Faustin Ndikumana, économiste et directeur exécutif de l’ONG Paroles et Actions pour le changement des mentalités (PARCEM),il y aura des conséquences, le secteur agricole sera aussi affecté si la situation perdure.

« Il y a beaucoup de personnes qui vivent du circuit de la commercialisation de bétail, de l’abattage. C’est une filière qui fait vivre des personnes au niveau métier, sans parler des consommateurs qui s’en trouvent affectés. Le commerce du lait est maintenant affecté ».

M. Ndikumana indique que la rentabilité des activités des éleveurs va diminuer sensiblement : « S’ils ne peuvent pas vendre le lait, la viande, le coût d’entretien ne sera pas récupéré. Et le secteur agricole sera affecté parce que si les éleveurs se découragent, le fumier va être un produit rare. Et la production va chuter ».

Selon lui, dans un pays aussi rural, densement peuplé, et où la marge de manœuvre est réduite au niveau de la diversification de l’économie, ‘’si l’élevage et l’agriculture sont touchés avec force, la situation risque d’être dramatique’’. « Parce que déjà, la situation inflationniste des produits alimentaires était déjà un calvaire pour les familles. Ajouter cette épidémie, c’est ajouter le drame au drame. Les autorités doivent réagir vite pour éviter le pire », analyse-t-il.

Le vaccin, une urgence

Face à cette maladie, M. Ndikumana trouve qu’il faut agir vite : « Rendre disponible un vaccin c’est une urgence. Et c’est cela l’indicateur de la capacité institutionnelle d’un Etat de faire face à de tels problèmes. Là, il n’y a pas à aller par quatre chemins. On n’a pas besoin des séances de sensibilisations, la réponse doit être scientifique et rapide ». D’après lui, cette situation de crise va révéler comment est géré l’argent du contribuable.

En attendant le vaccin, les commerçants proposent, de leur côté, que le gouvernement déploie des vétérinaires sur terrain pour identifier les cas positifs.

« Pour nous permettre de continuer notre travail, les vaches, les chèvres ou les moutons affectés seraient mis dans un site pour être traités et interdits d’accès aux marchés », suggère Gaspard Bukuru.

D’après les données du ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, depuis fin avril, jusqu’à ce mercredi 25 mai 2022, huit provinces étaient déjà affectées par la fièvre de la Vallée du Rift avec 464 cas positifs et 113 morts. Les provinces les plus affectées étant Ngozi, Kirundo et Muyinga.

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