Mercredi 25 décembre 2024

Société

Fêtes de fin d’année : difficile pour les domestiques de les passer en famille faute de carburant

Fêtes de fin d’année : difficile pour les domestiques de les passer en famille faute de carburant
Désemparés

La plupart des domestiques et d’autres gens qui espéraient se rendre chez eux à l’intérieur du pays pour Noël et la fête du nouvel sont restés coincés dans les parkings desservant l’intérieur du pays ou à faire la queue devant les parkings des agences de voyage. Pour cause : la pénurie de carburant et la forte demande. Les transporteurs et les usagers sont désemparés.

Ce mardi 24 décembre 2024, au parking de bus et de voitures desservant l’intérieur du pays communément appelé ’’Cotebu’’, situé dans la zone Ngagara de la commune urbaine de Ntahangwa, en mairie de Bujumbura était noir de monde, à part que les bus et d’autres voitures en partance pour l’intérieur du pays avaient déserté les lieux.

Le remue-ménage habituel avait fait place aux passages désespérés lourdement chargés de leurs sacs à dos. La plupart sont des domestiques en congé de fin d’année. La tristesse et la fatigue se lisaient sur leurs visages. Tout espoir de fêter Noël et le nouvel an en famille s’amenuisait, plus les heures passaient et plus l’idée de rebrousser chemin gagnaient la plupart des gens approchés.

« Est-ce que vraiment nous aurons la chance d’avoir un bus ? », telle est la question qui était sur toutes les lèvres. Le visage marqué par l’impatience, Inès Nahimana, qui attend un bus pour Gitega depuis plus de trois heures, nous fait part de sa lassitude. « Je ne sais même pas si je vais pouvoir partir aujourd’hui. Je me suis réveillée très tôt ce matin, pensant que ce serait plus facile, mais en vain. Depuis mon arrivée, un seul bus de type Hiace est parti en direction de Gitega, et le ticket était fixé à 30 mille BIF, sans possibilité de négociation. Je me sens triste, car je voulais passer Noël avec ma famille », se désole cette nounou.

Accoudé à ses bagages, un homme d’une quarantaine d’années, le visage creusé par la fatigue et la désolation, guette l’arrivée d’un quelconque véhicule. Sous le couvert de l’anonymat, il appelle le gouvernement à la rescousse : « Je crains que mon voyage à Kayanza ne puisse avoir lieu. Le prix des billets a plus que doublé, et avec les bagages, c’est tout simplement inabordable. Je suis désespéré, cette situation est catastrophique, le gouvernement doit veiller au respect des prix ».

Dans les agences de voyage, le contraste est saisissant. De longues files d’attente se forment devant les bureaux, tandis que quelques bus, appartenant à certaines compagnies, attendent patiemment de se remplir.
L’atmosphère est électrique devant les agences de voyage où les passagers se bousculent pour obtenir un ticket, tandis que les agents tentent en vain de calmer la situation.

« Nous sommes sur cette file d’attente depuis 7 h du matin. Il y a certaines personnes qui viennent après nous et qui entrent directement prendre le ticket. Ils ont probablement donné des pots de vin, mais pour nous qui avons rien à offrir, est-ce que nous n’allons pas monter aujourd’hui ? Il y a également ceux qui ont acheté le ticket il y a 2 jours. Qu’ils nous disent tout simplement que les tickets sont terminés au lieu de nous laisser moisir ici en nous bagarrant sous le soleil », se lamente un passager, le visage marque l’inquiétude, en attendant son tour.

Une autre longue file d’attente s’était formée devant le bus de l’OTRACO en direction de Kirundo. Les passagers se bousculaient, certains n’hésitant pas à passer par les fenêtres pour tenter de monter à bord. La distribution des billets était chaotique, les agents étant débordés par la foule.

« Nous devons rentrer chez nous pour célébrer les fêtes de fin d’année quoi qu’il arrive », a déclaré un passager qui venait de se glisser à l’intérieur du bus par la fenêtre.

Au secours !

Charles Ntirampeba, président de l’Association des transporteurs du Burundi (Atrabu), appelle à une intervention urgente des autorités pour soulager ce secteur déjà en difficulté. « La pénurie de carburant affecte gravement le secteur des transports »

Il se dit consterné par la pénurie de carburant qui paralyse le secteur des transports depuis plusieurs mois. « C’est une situation qui perdure, mais elle est aujourd’hui plus visible, car les Burundais célèbrent les fêtes de fin d’année, comme la fête de noël en famille. Malheureusement, ils ne peuvent pas facilement se rendre chez leurs proches à cause du manque de bus », déplore-t-il.

Il explique que cette pénurie n’impacte pas seulement les voyageurs, mais aussi les investisseurs du secteur. « Les transporteurs ne parviennent plus à honorer leurs engagements financiers, à payer leurs taxes ou à entretenir leurs véhicules comme avant. Cela affecte l’économie du pays, ainsi que celle des sociétés de transport et des investisseurs ».

Interpellé sur la hausse des prix des tickets de transport par certains chauffeurs, le président de l’Atrabu appelle au respect des tarifs fixés par le gouvernement non sans un hic. « Comme vous le savez, c’est la loi de l’offre et de la demande. Cependant, je condamne cette augmentation des prix, même si elle est liée au manque de carburant. Je demande aux chauffeurs de ne pas compliquer la situation et de respecter les tarifs en vigueur », insiste-t-il.

Le président de l’Association des transporteurs du Burundi demande aux autorités de trouver une solution durable à cette crise. « Les dirigeants, jusqu’au chef de l’État, doivent s’impliquer pour résoudre ce problème une fois pour toutes. En attendant, nous travaillons avec le ministère des Transports pour améliorer la rentabilité du secteur ».

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