Vendredi 22 novembre 2024

Politique

Fête du combattant ou démonstration de force ?

27/11/2017 7

La semaine dédiée aux combattants a été clôturée, samedi 18 novembre, dans la province de Cibitoke. Cette célébration suscite bien de questions au sein de la classe politique burundaise.

Les ténors du Cndd-Fdd : Gélase Ndabirabe, Evariste Ndayishimiye, Pierre Nkurunziza et Zénon Ndaruvukanye.

Ténors, cadres, membres et sympathisants du parti de l’Aigle se sont donné rendez-vous au terrain de football au chef lieu de la province Cibitoke. Ils vont clôturer la semaine dédiée au combattant. Une célébration en grande pompe et riche en couleurs sous un soleil de plomb.

Tous les militants sont en t-shirts et portent des chapeaux avec l’effigie du parti Cndd-Fdd. Ils brandissent des drapelets et des ballons arborant aussi les couleurs du parti. Pas de parade des anciens combattants.

C’est le chef de l’Etat, en même temps président du conseil des sages du Cndd-Fdd, qui ouvre les festivités. Il effectue une visite guidée des maisonnettes qui symbolisent les habitations des anciens combattants et les stands où sont exposés les produits qui servaient d’aliments pour les combattants.

Ensuite, des groupes d’animation aux couleurs du parti se relayent pour agrémenter les cérémonies. Les enfants et les épouses des combattants ne tarissent pas d’éloges des leurs.

Quand le moment des messages est lancé. Trois orateurs se succèdent à la tribune. Et c’est le représentant national de la Ligue des Vétérans, Déo Nsabimana, qui dégaine le premier.

« Nous sommes et nous serons toujours le flambeau de tous les Bagumyabanga.» Il fait savoir que les combattants sont expérimentés. Pour ce, ils ont des conseils à prodiguer. Avant de souligner que n’eûrent-été les anciens combattants, personne n’aurait déjoué la tentative de coup d’Etat du 13 mai 2015. « Nous nous sommes levés comme un seul homme pour sauver la démocratie.»

Par ailleurs, il demande aux militants d’aider les handicapés de guerre, les veuves et orphelins des combattants tombés sur le champ de bataille. Et d’appeler les dirigeants du parti à se souvenir des anciens combattants. Ceux-ci croupissent dans la misère.

Evariste Ndayishimiye, secrétaire général du parti Cndd-Fdd, indique que cette journée appartient à tous les Burundais. Le 16 novembre rappelle le jour de la signature des accords de cessez- le- feu par le mouvement Cndd-Fdd : « Ce ne sont pas les Bagumyabanga seuls qui savourent les dividendes de la paix ramenée par les combattants.»
Le président Pierre Nkurunziza, quant à lui, demande à tous les membres du parti de rester solidaires et d′œuvrer pour le développement. Il les exhorte à cohabiter pacifiquement avec les membres d’autres formations politiques.

Il en profite pour déclarer la tolérance zéro aux « traîtres » au sein de son parti. Le numéro Un burundais évoque des brebis égarés au sein de son parti : « Des Bagumyabanga qui ont été des vaillants, mais qui glissent vers la traîtrise, il y en a et il y en aura toujours. Il paraît qu’ils sont même ici, parmi nous. Nous devons prier pour eux et éviter qu’ils fassent perdre du temps aux Burundais comme en 2015. »

Une journée différemment interprétée

Pour Ndimubandi, démobilisé du Cndd-Fdd, cette journée est une manière de rendre hommage à tous ceux qui se sont sacrifiés pour le pays. «C’est le moment propice de nous rappeler nos compagnons de lutte tombés sur le champ de bataille.» Il regrette, néanmoins, que les valeurs qui caractérisaient les combattants soient en train de s’effriter. Et d’interpeller tous les Bagumyabanga de toujours faire un geste de solidarité à l’endroit des handicapés de guerre.

Pour N.V., rapatrié, la journée du combattant devrait être dédiée à la mémoire des victimes de guerre. « Il faut fêter cette journée dans le sens d’une réconciliation nationale.»

Quant à M.S., déplacé de guerre, cette journée devrait être une occasion pour discuter des méfaits de la guerre. Une occasion pour panser les plaies. Et de déplorer que « pour certains, cette célébration ravive la peur dans les cœurs. »


Réactions

Pierre Célestin Ndikumana : « Une fête pour le parti au pouvoir. »

Pour le président du groupe parlementaire de la coalition «Amizero y’Abarundi », la journée nationale dédiée au combattant est nécessaire. Mais, il s’insurge contre la manière dont elle est préparée. «C’est une fête pour le parti au pouvoir et ses ex-combattants ». Cet élu du peuple souligne que cette journée revêt un caractère d’exclusion. Et de rappeler que le Fnl dont il est issu a combattu depuis 1982. Par ailleurs, il propose une célébration qui rassemblerait tous les combattants. Une occasion pour les combattants de se souvenir des moments durs. « Un mémorial est nécessaire pour les combattants tombés sur le champ de bataille.» Le cas échéant, la cohésion sociale sera renforcée.

Interrogé sur le rôle du ministère en charge des ex-combattants, le député Ndikumana déplore l’inertie dudit ministère. «Il me semble qu’il y ait un vide d’action ». Et de suggérer : « Il faut des projets de développement pour les anciens combattants »

Phénias Nigaba : « Tous les combattants doivent être associés. »

Phénias Nigaba, porte-parole du Frodebu, rejette la conception actuelle de la journée du combattant : « La journée n’a ni sens, ni importance ». Ces combattants ne se sont pas battus pour un parti, mais pour le pays. Pour lui, le parti au pouvoir en profite pour faire une propagande déguisée. Et de suggérer : « Tous les combattants devraient être associés ».

Abel Gashatsi : « Que cette journée soit institutionnalisée. »

« Qu’un groupe de gens ou un parti politique organise une journée pour se souvenir des moments difficiles qu’il a traversés est tout à fait normal », indique Abel Gashatsi, président de l’Uprona. Seulement, il faudrait que cette journée soit dans l’avenir une fête nationale. M. Gashatsi propose que cette journée soit institutionnalisée.

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Nyamuda

    Je dirais plutot: confirmation de faiblesses de l’orateur principal ou la star du jour.
    Musengere akizwe.

  2. Prophète

    On est pas content du discours du numero 1

  3. Rugamba

    « Uwutunva tuzomubwira rimwe kabiri vyanse tuzohurira mw’ijuru »..Iwacu, comment oublier un tel passage qui en dit long? Rares sont les dirigeants qui disent des menaces aussi claires publiquement. La machine criminelle du CNDD-FDD est rendue loin, trop loin.

    • SENYAMWIZA Jean-Claude

      @Rugamba: « Uwutunva tuzomubwira rimwe kabiri vyanse tuzohurira mw’ijuru »

      Vous avez totalement raison, Rugamba. Cela veut dire qu’il n y a que lui qui a raison quoi? Les autres qui veulent un débat contradictoire ne doivent que se ranger derrière lui et soutenir sa candidature de gré ou de force..! C’est ridicule..! L’avenir proche nous réserve bien des surprises surtout avec les procédures judiciaires en cours à La Haye que les victimes de la répression sauvage des anti-troisièmes mandats attendent avec impatience ! Je l’ai toujours écrire dans ce forum que I Wacu a mis à notre disposition pour échanger de façon constructive : il y en a qui risquent de finir meurs jours à La Haye.

  4. Gig

    Il ya eu une annee de l’enfance mais elle est loin on en parle deja plus,
    l’annee de la femme est passee, mais rien n’e changee…
    Personne n’a gagne ni perdu.

    Je dedie la chanson au combattant anonyme.

  5. Mafero

    L’intervention de Déo Niyonzima m’a beaucoup surpris car je ne pouvais m’imaginer un seul instant que « dans ce pays des combattants, pour les combattants et par les combattants » il ya encore des anciens combattants qui croupissent encore dans la misère. Sinon ils ont combattu pour qui et pourquoi?

    • Casimir

      Bagumyabanga croupissant dnas la misère!!!!!Ce sont sûrement ceux dont son Altesse l’Élu de Dieu, surnomment des traites qui croupissent dans la misère…bientôt, ils vont se faire égorger vue la menace qui plane dans l’air…Tolérance Zéro contre les traitres, cria l’Élu de Dieu!!!

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