A l’occasion de la célébration ce 5 février des 30ans de la charte de l’unité nationale, le président Evariste Ndayishimiye estime que la justice est le garant de l’unité du pays.
Pour le président Ndayishimiye, une telle date doit être l’occasion d’une introspection. « On se rappelle de l’adoption de l’unité nationale pour faire un trait sur notre passé sombre. Et pouvoir aussi faire notre autocritique afin de ne plus céder à nos démons »
Le 9ème président du Burundi livre le prototype idéal d’un bon dirigeant. « Les dirigeants doivent être de bons parents et un bon parent gouverne pour tous. Le dirigeant n’a pas d’ethnie. Dire qu’on représente les Hutus, les Tutsis ou les Twa, c’est du racisme. Au final, un dirigeant n’a ni ethnie, ni région, ni famille ». Et de souligner que « la famille du dirigeant, c’est le peuple ».
Le président Evariste Ndayishimiye juge que Dieu joue un rôle crucial dans la pacification de toute société humaine. « C’est Dieu qui nous rend humains. Un lion, malgré sa férocité, ne s’en prendra jamais à un autre lion. Pourtant, vous verrez des Hommes s’en prendre à d’autres ! Cela pour dire que l’humanité que nous tirons de Dieu n’est pas à prendre à la légère ».
La constitution adoptée en 2018 est l’exemple, selon lui, de cette prise en compte utile de Dieu dans la vie de la nation. « C’est pourquoi avoir inscrit Dieu dans notre constitution revêt une importance aux yeux du Tout-Puissant ».
Le dirigeant du pays lance également un appel aux exilés. « Ceux qui sont par exemple dans les camps de Mahama peuvent rentrer sans l’aide de personne. C’est tout proche. J’invite à rentrer même ceux qui se sont rendus coupables de forfaits à l’image du fils prodigue décrit dans la bible ».
Le chef de l’Etat insiste sur le rôle de la justice dans la concorde nationale. « Là où il n’y a pas de justice, tout est au point mort ». Selon le magistrat suprême, l’impunité a été le lit des drames qu’a connus le pays. « Si ceux qui avaient commis des crimes dans le passé avaient été poursuivis et jugés, nous n’en serions pas là aujourd’hui ». Et d’interpeller les Hommes de loi. « Tout crime ou délit doit être sanctionné. Si un juge refuse de rendre justice pour un crime et que les proches de la victime exercent la vengeance, c’est ce juge qui doit être jugé responsable de cette situation ». Et d’ajouter, pour clore sur ce point, que la justice est le garant de l’unité.
A la population, le président de la République l’a exhorté d’éviter d’induire les dirigeants en erreur en les incitant à la corruption, à la dilapidation des deniers publics et à rendre des procès injustes. « A ceux qui nous disent de voler, d’exercer une justice partiale, je leur dis assez ! », clame-t-il avec détermination. En contrepartie, le peuple a, selon lui, le droit de critiquer avec virulence les dirigeants qui font des écarts. « Etrillez les responsables qui se méconduisent même si vous avez des liens de sang ! »
Cette cérémonie avait vu la participation de nombreuses personnalités du gouvernement : le couple présidentiel, le Premier ministre, le vice-président, les ministres ainsi que les présidents des deux chambres, des députés, deux anciens présidents de la République (Sylvestre Ntibantunganya et Domitien Ndayizeye) et différents représentants du corps diplomatique.
Initiée par le président Pierre Buyoya, la charte de l’unité nationale a été adoptée le 5 février 1991 par voie de référendum (89,21%).