Dans le cadre du cinquantième anniversaire de l’Indépendance du Burundi, le Festicab a organisé une conférence-débat, à l’Institut Français de Bujumbura (IFB) sur le thème : « Cinéma et Colonisation ». Elle était animée par deux historiens ; Guido Convents (Belgique) et Alexandre Hatungimana (Burundi).
<doc4293|left>Dans cette conférence, le professeur Guido Convents a démontré que le cinéma de l’époque colonial, produit par les missionnaires, avait pour but principal la propagande de la colonisation dans les métropoles et la destruction des structures trouvées sur place pour introduire les leurs.
Du coup, beaucoup de films montrés aux autochtones étaient censurés, pour que l’idée de suprématie des colonisateurs et celle de la dépendance soient toujours prédominantes. A titre d’illustration, le professeur Guido Convents a cité quelques films produits par les missionnaires blancs et joués par les noirs.
Le film « Jour de paie » par exemple, montrait que les noirs n’avaient pas besoin d’argent. Après avoir reçu leur salaire, ils achetaient des habits qu’ils jetaient parce qu’ils se sentaient mal à l’aise, après les avoir porté.
D’autres films produits à l’époque coloniale ont été révélés par le professeur Convents, tel que le premier court-métrage en couleur tourné en 1949, au Burundi, intitulé « La pêche manquée », ainsi que d’autres tel que « La bouteille cassée », « Le portefeuille volé », etc.
L’historien Guido Convents a souligné que la plupart de ces productions étaient des films éducateurs car, explique-t-il, les missionnaires considéraient les africains comme des enfants.
Néanmoins, avec le vent de la lutte pour l’Indépendance, il y a eu une résistance de la part de la population. Elle allait voir des films indiens qui ne pouvaient être censurés parce qu’ils étaient dans des langues hindoues ou autres.
Aujourd’hui, le professeur Convents fait savoir que ces archives avaient été en partie rapatriées comme l’a affirmé Alexandre Hatungimana. Ce dernier a souligné que ces archives sont utilisées actuellement à l’Université du Burundi comme outil pédagogique.
Le professeur Convents a exhorté les Burundais à produire plus de films pour qu’ils passent dans les télévisions étrangères. « C’est un moyen de promouvoir votre culture et de vendre l’image de votre pays », fait-il remarquer.
Il a aussi insisté sur le fait que l’industrie audiovisuelle était génératrice de beaucoup de revenus. Selon lui, il faut donc y investir pour développer le pays.