L’augmentation des effectifs des enfants en situation de rue se manifeste dans les différentes provinces du Burundi. Ils sont de trois catégories : ceux en situation de rue nourricière, ceux en situation de rue refuge et enfin ceux en situation de rue identitaire. Face à cette position, la FENADEB (Fédération nationale des associations engagées dans le domaine de l’enfance au Burundi) appelle le gouvernement à mettre en œuvre la stratégie nationale de prévention du phénomène ’’Enfant en situation de rue’’, ESR validée depuis 2021.
Quelles sont les causes de la recrudescence des cas des enfants en situation de rue ?
Les causes de la recrudescence sont de trois types. Premièrement, il y a les causes profondes, par exemple la pauvreté des familles qui fait que ces dernières ne puissent pas donner à leurs enfants ce dont ils ont besoin, le chômage et le faible accès aux ressources, la démographie galopante.
En deuxième lieu, il y a les causes intermédiaires, les conflits familiaux, le faible encadrement des enfants. Et enfin les causes immédiates, par exemple les violences basées sur le genre, le décès des parents, la maltraitance, etc.
Pourquoi ces enfants ne veulent pas retourner chez eux ?
Chaque enfant vivant dans la rue aujourd’hui a des raisons qui l’ont poussé à faire ce choix. Alors ces enfants refusent de retourner chez eux parce que les causes de leur départ n’ont pas encore de remèdes.
Je peux donner un exemple : si la cause de son départ est la précarité alimentaire ou bien la pauvreté, cet enfant ne va pas retourner dans la misère de chez lui, il préfère rester dans la rue.
Pourriez-vous nous donner, en termes de chiffres, les tranches d’âges et le nombre d’enfants en situation de rue ?
À présent, il n’y a pas de chiffres exacts par tranches d’âges, mais nous avons des chiffres globaux d’enfants en situation de rue qui ont été réinsérés et retirés de la rue par le gouvernement en périodes de 2018, 2019 et 2021.
En 2018 : 4.005 ESR ont été réinsérés et 1.396 mendiants adultes retournés dans leurs provinces.
En 2019 : 7.104 ESR ont été retirés de la rue.
En 2021 : 7.000 ESR dont 90% de garçons et 10% de filles des provinces connaissant ce phénomène ont été réinsérés.
Des efforts visant la réinsertion de ces enfants ont été faits, mais le constat est que les résultats ne sont pas satisfaisants, il y en a toujours dans la ville de Bujumbura et même au chef-lieu de certaines provinces.
Quelles sont les conséquences de cette situation sur les enfants, sur leurs familles respectives et sur le pays ?
Les conséquences de cette situation sur les enfants sont nombreuses. Un enfant en situation de rue perd d’abord tous ses droits : il n’étudie pas, le droit à l’éducation ne lui est pas garanti, il perd le droit à l’habillement, le droit à l’alimentation, etc. Ensuite, il y a une incertitude dans l’avenir des enfants en situation de rue.
Il y a aussi des conséquences sur les familles : un enfant en situation de rue ne sera pas utile pour ses parents, car au lieu d’être utile, il sera plutôt une charge.
Et enfin, le pays encaisse des pertes parce que ces enfants deviennent des sources d’insécurité.
Quelles solutions proposez-vous pour venir à bout de ce phénomène ?
Nous proposons que le gouvernement mette en œuvre la stratégie nationale de prévention du phénomène des enfants en situation de rue et des adultes mendiants au Burundi et leur réinsertion. Cette stratégie a été validée en 2021 par différents experts en matière de protection de l’enfant et le pays a beaucoup investi pour que cette stratégie soit mise en place.
La stratégie qui a été mise en place indique clairement le circuit à prendre pour prévenir ce phénomène et réinsérer les enfants en situation de rue. Pour prévenir ce phénomène de multiplication des enfants en situation de rue, il faut s’attaquer aux causes qui en sont à l’origine.
Et je peux donner quelques exemples parmi les actions à mener. Le renforcement des capacités des familles et des communautés afin de créer un environnement favorable à l’enfant. Il y a également la promotion des projets de développement économique centrés sur les enfants sans oublier le renforcement des familles vulnérables, la formation des groupements de solidarité dans les communes les plus vulnérables.
Qu’on dit nos éminents ministres à propos du tecensement général?
Réponse: Cela va prouver que le pays est riche.
La mienne de réponse: Avec ces enfants dans la rue, où voyez vous la richesse?
Mais, qui n’a pas un avenir incertain dans ce pays? Mais j’en conviens incertain à des degrés divers, les enfants de la rue étant les plus menacés.