A Murwi, les femmes affirment qu’elles travaillent seules et dur. Cependant, la gestion de la récolte ne suit pas. Trop souvent, le mari n’a pas sué mais parvient à tout vendre pour ensuite s’entourer des concubines.
<img7334|right>Février 2013. FN est chassée de son toit familial à Mparambo I de la commune Rugombo. Selon cette mère de six enfants, tout commence au mois de janvier : « La récolte de riz et d’oignons rouges a été bonne et nous l’avons vendue à une somme estimée à 1. 200.000Fbu. » Avant, raconte-t-elle, ils avaient engagé ensemble un accord avec son mari, un certain Nimparitse. Toutefois, elle constate quelques réticences : « Il se désengage prétextant que notre projet ne vaut plus la peine puisque les moyens ne sont pas suffisants. » Elle apprendra de son entourage qu’il est en concubinage non loin de leur domicile. Son mari, révèle-t-elle, est parti avec tout l’argent : « Pas même un billet en banque pour m’acheter un mouchoir. » Pourtant, dit-elle, elle avait travaillé dur pour satisfaire certains de ses besoins. Les enfants, déplore-t-elle, encore jeunes, refusent de rejoindre leur papa. Dans le désespoir total, elle indique que toutes les charges tombent à sa tête.
<quote>État des violences basées sur le Genre à Cibitoke, statistiques par commune en 2012 : Rugombo: 229 / Buganda: 212 / Mugina: 203 / Mabayi: 199 / Murwi: 126 / Bukinanyana: 185</quote>
Plus loin au marché de Nyeshenza, à plus de 15 km du chef lieu de la province de Cibitoke. Anne-Marie, vendeuse de bananes vertes fait savoir que dans sa localité, c’est la femme qui s’occupe de tout ce qui est travaux champêtres et ménagers : « L’homme est roi ici !» Assise devant son petit stand, elle précise que la somme provenant de ses ventes ne lui appartient pas. « Avant d’entrer dans la maison, je dois présenter tout le montant récolté à mon mari. Sinon, je suis sérieusement tabassée », se désole-t-elle. Cette cultivatrice ne cache pas sa souffrance et celle de ses voisines quand vient le moment des grandes récoltes, au mois de mai surtout. « C’est à ce moment que nos maris nous maltraitent. Parfois, ils décident de vendre notre production et encaissent de gros montants. Et c’est avec ces derniers qu’ils épousent d’autres femmes », regrette-t-elle.
Et de préciser que parfois la femme qui a beaucoup sué ne parvient même pas à s’acheter un pagne. Aussi, Anne-Marie, explique que cette situation a de lourdes conséquences sur la vie de la famille en général et celle des enfants en particulier. « La famille ne peut pas faire des progrès en matière de développement. Les enfants sont soumis à un traumatisme qui se répercutent plus tard sur leur vie.»
Au secours des victimes …
Le Centre de Développement Familial (CDF) œuvrant à Cibitoke qualifie ces actes de violence économique. Richard Nkurunziza, coordinateur adjoint du CDF, indique que son centre travaille avec l’administration locale et la police pour éradiquer ce genre de problème. « Parfois, nous faisons sortir de force les deuxièmes femmes », précise-t-il. Le centre offre aussi une assistance technique et matérielle aux victimes en attendant d’autres solutions de la part de l’administration. « Nous proposons également une aide juridique au cas où cela se termine devant les tribunaux. La plupart des femmes ne maîtrisent pas les procédures judiciaires. » Il relève également comme handicap le phénomène de corruption qui gangrène le système judiciaire : « C’est pourquoi, nous avons la charge de les accompagner.»
Cependant, Richard Nkurunziza indique qu’un long chemin reste à parcourir : « En 2012, les chiffres pour les Violences Basées sur le Genre (VBG) s’élevaient à 1224 cas alors qu’il y a des femmes qui n’osent pas dénoncer.» Pour lui, une sensibilisation au plus haut niveau s’imposer pour mettre à fin à cette situation au niveau local et pourquoi pas national.