Même s’il n’y a pas encore de chiffres sur le taux de séroprévalence, l’ampleur [des grossesses non désirées en milieu scolaire->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article1222] est révélatrice du risque de transmission du VIH/Sida dans ce milieu. Iwacu a recueilli quelques avis sur cette question. <doc2472|left>« Mettre des préservatifs dans les sanitaires serait une très bonne initiative mais qui risque d’avoir des effets pervers », explique M. E., parent de deux jeunes adolescents, un garçon de 17 ans et une fille de 14 ans. Il propose plutôt que chaque établissement dispose d’un bureau de psychologue. Celui-ci pourrait non seulement mieux les distribuer à tous ceux qui en veulent ; mais il pourrait encore prodiguer des conseils en rapport avec le VIH/SIDA et les autres maladies sexuellement transmissibles (MST). Ce même psychologue, poursuit-il, se chargerait de faire une sorte de suivi chez les jeunes. Tout aussi important serait le dialogue entre parents et enfants. « Je me sens beaucoup plus concerné par l’avenir de mes enfants. La sexualité n’est pas un sujet tabou entre nous.» M. E. fait remarquer qu’il les conseille assez souvent : « Je leur dis que penser à la sexualité pendant l’adolescence est chose normale ; mais que les relations sexuelles seraient précoces à leur âge. Je leur explique qu’ils ne doivent pas en faire leur priorité, car il y a d’autres activités comme les études, la prière, le sport qui sont beaucoup plus importantes. » D’après B. M., lycéen, aujourd’hui les jeunes s’influencent beaucoup mutuellement. « Au Lycée, nous avons quelques cas de filles enceintes. Pourtant, il y a des clubs « Stop Sida » dans presque tous les établissements. Et leurs membres se chargent de nous sensibiliser sur les modes de préventions. » De l’avis de ce lycéen, ce sont de très bons conseils mais qui ne sont pas malheureusement suivis par la majorité des jeunes. « Quelles solutions de rechange faudrait-il envisager pour éradiquer ce problème », se demande-t-il ? <img2474|left>C’est le seul moyen… Pour B. M., l’accès aux préservatifs à l’école serait le seul moyen de lutter efficacement contre ce fléau chez les jeunes. Etant donné que beaucoup de gens au Burundi éprouvent comme une honte de demander ou de prendre des préservatifs au vu d’autres personnes, il faudrait les déposer dans les sanitaires, histoire de garantir l’intimité. Ainsi, les élèves pourront au moins les garder sur eux et adopter un comportement beaucoup plus responsable. L. N., parent, estime que tous les parents devraient dialoguer avec leurs enfants. « On ne doit pas ignorer que les jeunes sont sexuellement actifs. » Raison de plus, selon elle, d’éviter d’en faire un sujet tabou. Pour cette mère, taux élevé de VIH chez les jeunes au Burundi est l’une des conséquences du manque d’éducation sexuelle dans les familles. De même, ajoute-t-elle, il faudrait penser à tous ces jeunes nés séropositifs. Car la plupart d’entre eux l’ignorent encore et peuvent facilement contaminer les autres. Dans tous les cas, L.N. est pour l’accès aux préservatifs dans les établissements scolaires. C’est une bonne approche pour inciter les jeunes à se protéger. Un autre moyen de minimiser les risques de transmission. <img2473|right>« Mieux vaut les déconseiller que les encourager » En tant qu’éducateur, Gilbert Nduwayo, préfet de discipline au Lycée du Saint-Esprit se dit opposé à l’accès aux préservatifs dans les établissements scolaires. « Il existe d’autres institutions beaucoup mieux placées pour accomplir cette tâche », dit-il. Il estime aussi que la distribution des préservatifs irait à l’encontre des principes de ce lycée des Jésuites où l’on met en avant l’abstinence. En clair, pour cet éducateur, si l’école mettait des préservatifs à la disposition des élèves, elle se retrouverait en train de les inciter aux rapports sexuels. « Mieux vaut les déconseiller que de les encourager », explique-t-il. Pour y arriver, M. Nduwayo préconise des campagnes de sensibilisation à l’endroit des élèves. Celles-ci comportent deux aspects primordiaux : l’information et la discussion. D’après ce préfet de discipline, comme la sexualité est encore entourée de tabou, elle devrait être abordée aussi bien dans les écoles que dans les familles et même dans les groupes de jeunes. Car chacun est, à cet égard, obligé de prendre ses responsabilités et de parler des causes et des conséquences des grossesses non désirées. Distribuer des dépliants contenant cette information est en outre, pour lui, censé être un moyen efficace. Quand bien même les résultats escomptés ne se produiraient pas, ne faudrait-il pas, à défaut d’abstinence, au moins ouvrir la voie au préservatif ? Là-dessus, Gilbert Nduwayo maintient son point de vue : «Promouvoir l’usage du préservatif n’est pas la solution préférable. Je ne pourrais pas le prêcher moi-même. Est-ce que je cache ainsi la réalité ? Peut-être. Mais il faudrait, à mon avis, tenter de sensibiliser les jeunes avant tout pour qu’ils changent de comportement. » Parallèlement, Eddy Ndikumana du Réseau National des Jeunes Engagés dans la lutte contre le SIDA (RENAJES) n’est pas non plus pour l’accès aux préservatifs dans les écoles. « Tout d’abord, il ne faut pas oublier que les élèves les moins âgés les ignorent complètement et n’en ont pas encore besoin. » Pour ce militant antisida donc, au lieu de distribuer des préservatifs en milieu scolaire, il faudrait mieux informer et sensibiliser les jeunes. Sur ce point-ci, il se retrouve sur la même longueur d’onde que Gilbert Nduwayo. Cependant, leurs opinions divergent quant à l’opportunité de mettre les préservatifs à la portée des élèves. M. Ndikumana reconnaît, en effet, les avantages du préservatif en général ; mais sauf dans les écoles.